Ma dernière séance de modèle vivant online, s’est passée avec Anaïs Auphan (Anaïs Popeline, comme modèle). C’est une jeune femme élégante et gracile au gestes amples et d’une grande souplesse. Son corps se tord lentement, ses grands bras caressent le vide un instant afin de trouver le bon équilibre, et après quelques mouvements qui ressemblent à une danse improvisée elle se fige pour une pose de quelques minutes. Comme toujours les poses sont échelonnéesd’une à trente minutes. Ce principe permet d’adopter différentes techniques selon le timing. Une partie des poses se feront en duo avec son ami Jordan. J’opte pour de l’encre et de l’aquarelle. Ça ne sera pas facile sur des poses en duo qui sont assez compliquées et demandent d’agir très vite. Je prépare tout le matériel suffisamment à l’avance car pendant la séance, les poses se succèdent les unes derrière les autres sans discontinuer.
L’eau, l’aquarelle, les pinceaux, les papiers tout est à portée de main pour ne pas être pris au dépourvu. L’image vidéo n’est pas très bonne, elle est relativement pixellisée et donne parfois une apparence fantomatique au modèle. Je devine plus que je ne vois. Finalement sur des croquis enlevés, les détails n’ont pas d’importance. C’est la physionomie générale qui l’emporte sur l’anecdote. Jordan est un très beau modèle, très en harmonie physique avec Anaïs et les poses en duo sont parfaites. Mais difficiles à rendre sur les poses les plus courtes car les deux corps sont mêlés et le chronomètre est intraitable. Je me suis souvent demandé quel était l’intérêt des séquences en mouvement continu du fait qu’il est impossible de fixer quoi que ce soit. Finalement c’est peindre le mouvement lui-même qui crée une narration visuelle inattendue…réussie ou pas. C’est aussi une manière pour les modèles de retrouver la fluidité de leur corps et de décontracter un peu la main du dessinateur. http://anaispomeline.com
Une variété de visages pris comme modèles et glanés ici ou là. Des portraits dessinés au stylo encre, au crayon, du lâché au plus construit. Un petit divertissement pour ne pas perdre la main.
Le fait que le modèle soit une personne réelle ou quelqu’un de fictif n’a aucune importance pour les procédés employés par l’art pour le faire connaître ; mais il en a pour le travail demandé à l’artiste. Le portrait d’une personne réelle demande à l’artiste d’être observateur et même psychologue pour pénétrer la personnalité du modèle. Le portrait d’une personne fictive lui demande une imagination très précise et complète ; et bien souvent les portraits fictifs prennent appui sur l’observation de modèles réels.
Le portrait est un thème récurrent dont je ne peux pas me passer. J’ai participé hier à une séance de nu par vidéo online. Nous étions plus d’une cinquantaine connectés du monde entier à nous retrouver sur internet autour d’un très beau modèle. Le modèle avait prévu, entre autre, une pose de 30 minutes consacrée uniquement au portrait. Trente minutes permettent avant tout de réaliser une pochade, une esquisse colorée des lumières, de quelques traits particuliers de la personne.
Ce petit exercice aussi rapide et minimal soit-il, a réveillé mon envie de modeler quelques figures. J’avais mis de côté des sticks huile Sennelier que j’avais peu utilisé. Il était temps d’en tirer profit. Les sticks huile, sont de gros bâtons de couleur à l’huile. La matière est très onctueuse, très grasse. Il ne faut pas les confondre avec les pastels à l’huile. Les sticks, sèchent exactement comme la peinture à l’huile alors que les pastels à l’huile ne sèchent jamais. Il en va de même pour le résultat. Une peinture réalisée avec des sticks sèche rapidement et n’a pas besoin d’être protégée. Le pastel lui, devra être systématiquement encadré. Je ne possède pas beaucoup de couleurs. En tout cas pas suffisamment de tons pour traiter facilement la couleur chair. Mais j’ai fait avec. Comme support, j’ai choisi un papier à grain, genre papier aquarelle préparé d’un enduit “Gesso” recouvert d’une couche de couleur acrylique.
Pas de dessin préparatoire. J’ai l’habitude de commencer mes peintures en dessinant/peignant. C’est la meilleure façon de placer les masses et de créer les volumes au bon endroit le plus précisément possible. Les premières couches de couleur accrochent durement sur l’apprêt. Pas facile d’étaler la matière avec les doigts. Et puis, couche après couche la couleur s’épaissit, la pâte devient de plus en plus onctueuse et là, ça devient un régal. Toute la construction du portrait se fait petite touche par petite touche et le travail avec les doigts devient essentiel. Il faut enlever, adoucir, remettre, gratter, mélanger sans cesse. Un geste trop appuyé creuse la couleur, détruit la forme ici, la modèle ailleurs. Le plus difficile avec ces gros sticks, c’est de parvenir du premier coup à placer la touche de couleur juste au bon endroit. Il faut peu de choses pour louper un détail. Il m’aura fallu deux heures trente pour réaliser le portrait. Je finis avec le bout des doigts douloureux, la peau bien entamée et les mains totalement barbouillées de peinture.
Cinquante six, c’est le nombre personnel de mes journées de confinement. J’avais commencé un peu avant tout le monde. J’ai eu comme le sentiment que ça allait mal tourner à terme. Ici, en région parisienne, nous ne sommes pas sortis de l’auberge. C’est sans jeu de mot avec les auberges et restaurants qui risquent d’être encore fermés un petit moment. Enfin, comme je ne me décourage pas car baisser les bras et se laisser aller à la morosité ne ferait que pomper toute énergie de vie, voilà quelques peintures qui respirent l’air du Vaucluse. Profitez-en, dès lundi, je pars me dégourdir les jambes dans ma région (pas au delà de 100 km bien sûr) et ma production de peinture va sûrement baisser. On ne peut pas tout avoir n’est-il pas ?
Vieille ruelle Avignon.Vieux mûrier en hiver (Bedoin)Cerisiers en hiver (Bedoin)Brume le Mouriau (Bedoin)
Avec le confinement les ateliers, les écoles d’art et les associations artistiques qui proposent des séances de modèle vivant, ont vu leurs portes se fermer brutalement. Du même coup, les modèles se sont retrouvés du jour au lendemain sans aucune proposition. Ici pas d’indemnités, pas d’aide sous quelque forme que ce soit. Pour survivre un certain nombre de modèles ont eu l’idée de proposer des séances de poses par vidéo en utilisant internet. L’idée n’est pas nouvelle car il existe déjà (en accès libre) sur Youtube des vidéos très bien faites, intégrant un timing de poses, qui sont dédiées aux dessinateurs et aux peintres. Avantage ou inconvénient, chacun peut en juger. Ces vidéos ou films, bien évidemment ne sont pas en direct et aucun lien n’existe ou ne se crée entre le modèle et l’artiste. J’ai donc essayé les séances vidéo en direct qui, sur l’aspect purement technique sont d’une procédure très simple. Le modèle envoie à tous les intéressés un planning sur les séances, les horaires, le contenu (pose unique portrait, nu poses rapides ou drapé etc…). Ainsi on choisit le type de modèle, son jour, sa plage horaire. Il suffit ensuite par Paypal ou autre organisme sécurisé d’apporter sa contribution à une cagnotte créée par un collectif de modèles ou directement sur le compte personnel du modèle (de 5 à 10 euros), pour recevoir un code d’accès de participation. Le tout ne prend pas plus de 5 minutes. Le jour dit, à l’heure précise, en lançant Zoom (une application de partage vidéo utilisée dans le monde entier) on rejoint la réunion et le modèle. Les présentations, salutations et mises au point sont établies et la séance commence. Ceux qui possèdent un ordinateur avec caméra intégrée peuvent dialoguer avec le modèle ou entre eux. Mais bien souvent, la session est studieuse et les commentaires ne sont échangés que pendant les repos du modèle. Lors de ma première séance, 32 paricipants étaient présents. Généralement, selon la notoriété du modèle, du jour, de l’heure etc…j’ai compté une moyenne de 12 à 18 participants. Pour ma part cette initiative parfaitement bienvenue, ne peut pas remplacer les poses en atelier où la présence physique du modèle rentre en résonnance avec le dessinateur dans une sorte de tension. Cela permet cependant à tous les modèles, femmes ou hommes, de garder un peu la tête hors de l’eau et de maintenir un lien avec de nombreux artistes jusqu’au jour où les ateliers rouvriront leurs portes.
(Séances de croquis de 2 à 10 minutes avec Maria et Flore)
Je n’ai rien de particulier à vous montrer, pour l’instant. Il faut que je produise et quoique cela paraisse incroyable, je manque de temps pour peindre. Alors j’avais juste envie de vous souhaiter de passer une bonne journée et de tenir bon. Pour ceux qui sont dans les régions les plus atteintes par le virus, il va falloir encore un peu de patience pour bouger. Pour les autres, l’étau va se desserrer. Il faudra tout de même faire attention au rebond de l’épidémie, qui pourrait s’annoncer plus difficile à gérer que maintenant. Soyez prudents, ne relâchez pas votre attention.
De l’ébauche à la réalisation. Un peu d’inédit dans le sujet en quittant cette fois le paysage pour cet intérieur aperçu à travers une fenêtre. Formes imprécises et couleurs indécises par le jeu des reflets de la vitre.
Je sais bien que ce ne sont pas vos lectures sur mon blog qui vont combler vos longues journées de confinement. J’essaie toutefois avec les moyens dont je dispose de garder un peu d’animation avec mes plus fidèles visiteurs. Je tente d’apporter un petit détournement artistique ou amusant à notre quotidien qui est aujourd’hui bien introversif. Je ne sais pas si vous êtes très absorbés, mais pour moi ces publications m’occupent suffisamment pour être presque débordé. Réfléchir au prochain sujet et le préparer, que ce soit du dessin de la peinture ou autre chose, m’occupe bien quelques bonnes heures. Aujourd’hui, je n’ai pas de peinture à montrer et comme j’avais envie de faire quelques photos (oui, ça me prend comme ça), j’ai fait une petite exploration avec l’appareil photo dans la pièce ou je peins.
Personnellement j’ai toujours aimé découvrir les ateliers des peintres. J’ai toujours cru qu’en les visitant, j’allais y découvrir des secrets. Le plus souvent j’en ai ramené des odeurs d’essence et de vernis, reçu parfois de bons conseils, vécu des moments chaleureux, mais jamais aucun secret ne me fût révélé. Et ma modeste officine dont vous ferez bien vite la visite virtuelle, ne vous délivrera elle non plus aucun secret. Chez moi, pas de “poétique capharnaüm”. J’ai dû organiser les choses de manière très rationnelle pour profiter d’un peu d’espace et de recul. Chacun organise sa manière de travailler comme il l’entend et la peinture, quoique certains puissent en penser, c’est une activité très manuelle dont les outils lui sont aussi indispensables qu’une truelle à un maçon, ou un masque à un chirurgien. Le peintre est maniaque, j’en suis convaincu. Untel préfère tels pinceaux en poil de blaireau, de telle marque en excluant toutes les autres, car ils conviennent parfaitement à sa technique. Tel autre ne jure que par les pastels qu’il fabrique lui-même. Enfin celui-ci commande ses couleurs auprès d’une maison artisanale réputée, véritable institution fréquentée des seuls initiés. Je n’ai pas tant d’exigences et pourtant, je n’échappe pas à la règle. J’ai aussi mes propres usages, pour ne pas dire mes habitudes. L’outil le plus indispensable (hormis le chevalet) est pour moi la palette.
J’ai fait la mienne à partir de 2 plaques de verre. L’une me sert de palette tandis que j’utilise l’autre comme couvercle pour conserver la couleur ou préparer certains mélanges. La couleur même totalement sèche après des semaines, s’enlève sans problème avec un couteau de peintre très rigide. Je suis pour les efforts faciles. Le gros pot lave-pinceaux, j’en suis amoureux ! Je le trouve beau avec son allure de chaudron hors siècle. L’acier et le cuivre rouge se marient en parfaite harmonie. Avec son ressort repose pinceaux, il ne manque pas d’allure et même d’une certaine technicité. Il est en proportion de la grosseur de mes tubes de peinture.
Je ne suis ni Rembrandt ni Bonnard. Pas de couleurs de qualité “extra fine”, simplement des couleurs “étude” de différentes marques et au meilleur prix. Une palette assez limitée qui m’oblige à chercher la teinte par des mélanges successifs. Il me manque parfois une couleur particulière, intense pour illuminer une peinture…mais je fais sans. Mes “œuvres” ne traverseront pas les siècles. Comme un bon alchimiste, j’ai essayé une bonne dizaine de médiums pour appliquer la couleur. Je n’ai jamais trouvé la “solution” idéale. Je les conserve dans des petites bouteilles comme des onguents néanmoins précieux. J’utilise parfois tel médium selon le sujet, parfois tel autre en fonction du support. Dedans ou dehors je choisis quelquefois mes émulsions selon l’humeur du moment. Ça m’amène à des découvertes toujours intéressantes.
Mes nombreux pinceaux sont au garde à vous dans des pots en verre. Pots de confitures, de haricots, de cornichons…tout est bon pour les classer. Les pinceaux neufs d’un côté, les plus usés de l’autre. Les peintures sitôt finies rejoignent des cartons obèses, où s’entassent, se pressent des dessins, des peintures en nombre attendant de trouver un espace plus généreux à la cave. J’expose peu de choses aux murs à part ce qui m’est indispensable lorsque je travaille et les peintures en cours de séchage. J’observe beaucoup la peinture pendant sa réalisation pour en poursuivre correctement son avancement. Une fois terminée celle-ci perd pour moi très rapidement de son intérêt, et s’en va rejoindre, pour s’y reposer…le carton obèse !
Voilà, vous avez fait le tour de mon domaine de 9m2. En sortant, n’oubliez pas le guide. Merci de votre visite et au plaisir de vous revoir bientôt.
C’était quelques temps avant le confinement, les grands parents avaient encore le droit de recevoir leurs petits enfants et, comme chacun le sait, les occuper n’était pas la moindre affaire. Alors voilà ce qui est né de la collaboration entre ma petite fille de 12 ans et moi. Avec un simple appareil photo, des centaines d’images, et quelques accessoires, beaucoup de patience, de complicité et surtout beaucoup de rires nous avons réalisé cette modeste animation. Ça ne dure pas longtemps car les enfants sont toujours impatients d’avoir fini une chose pour passer à une autre. J’espère que ce petit moment d’innocence vous fera oublier l’espace d’un instant ce confinement loin de ceux que vous aimez.