Femme

Mis en avant

    Je t'aime pour toutes les femmes
    Que je n'ai pas connues
    Je t'aime pour tout le temps
    Où je n'ai pas vécu
    Pour l'odeur du grand large
    Et l'odeur du pain chaud
    Pour la neige qui fond
    Pour les premières fleurs
    Pour les animaux purs
    Que l'homme n'effraie pas
    Je t'aime pour aimer
    Je t'aime pour toutes les femmes
    Que je n'aime pas

    Qui me reflète sinon toi-même
    Je me vois si peu
    Sans toi je ne vois rien
    Qu'une étendue déserte
    Entre autrefois et aujourd'hui
    Il y a eu toutes ces morts
    Que j'ai franchies
    Sur de la paille
    Je n'ai pas pu percer
    Le mur de mon miroir
    Il m'a fallu apprendre
    Mot par mot la vie
    Comme on oublie

    Je t'aime pour ta sagesse
    Qui n'est pas la mienne
    Pour la santé je t'aime
    Contre tout ce qui n'est qu'illusion
    Pour ce cœur immortel
    Que je ne détiens pas
    Que tu crois être le doute
    Et tu n'es que raison
    Tu es le grand soleil
    Qui me monte à la tête
    Quand je suis sûr de moi
    Quand je suis sûr de moi

    Tu es le grand soleil
    Qui me monte à la tête
    Quand je suis sûr de moi
    Quand je suis sûr de moi

Je t'aime (Paul Eluard)

Mugshots

Mis en avant

Les “mugshots” ou photos d’identité judiciaire ne datent pas d’aujourd’hui et sont consécutives à l’invention de la photographie. Lors de la conquête de l’Ouest, Allan Pinkerton fut le premier à utiliser les portraits des bandits et autres délinquants sur les fameuses affiches “wanted”. La photo s’est avérée rapidement insuffisante pour décrire un individu. Elle ne définit que les aspects physiques à travers l’image. À la fin du XIXe siècle le français Alphonse Bertillon met au point l’identification anthropométrique. Elle vient accompagner, surtout compléter par une indexation exhaustive, les détails qui vont permettre de reconnaître une personne sans risque d’erreur, notamment le risque de méprise avec un sosie.
Selon les pays, les époques, on trouve des mugshots de différentes factures. Souvent portrait face et profil. Parfois un portrait doublé d’une pose en pied en habits de ville.
C’est à partir de ces fiches d’identité historiques (d’origine australienne) que j’ai réalisé ces portraits, pour la plupart en noir en blanc ou sépia. L’époque que j’ai retenue est comprise entre 1920 et 1930.

(Il existe aujourd’hui sur internet un véritable trafic crapuleux à propos des “mugshots”. Des sites ont référencé les fiches et photos de milliers de détenus ou de personnes ayant fait l’objet d’une simple identification policière. Ces sites réclament plusieurs centaines ou milliers de dollars lorsque l’intéressé souhaite faire disparaître son portrait d’internet. C’est un véritable chantage. À contrario, internet a aussi permis dans de nombreux cas de diffuser des informations susceptibles de résoudre des affaires criminelles.)

Pauvre petit garçon

Mis en avant

Comme d’habitude, Mme Klara emmena son petit garçon, cinq ans, au jardin public, au bord du fleuve. Il était environ trois heures. La saison n’était ni belle ni mauvaise, le soleil jouait à cache-cache et le vent soufflait de temps à autre, porté par le fleuve.
On ne pouvait pas dire non plus de cet enfant qu’il était beau, au contraire, il était plutôt pitoyable même, maigrichon, souffreteux, blafard, presque vert, au point que ses camarades de jeu, pour se moquer de lui, l’appelaient Laitue. Mais d’habitude les enfants au teint pâle ont en compensation d’immenses yeux noirs qui illuminent leur visage exsangue et lui donnent une expression pathétique. Ce n’était pas le cas de Dolfi; il avait de petits yeux insignifiants qui vous regardaient sans aucune personnalité. Ce jour-là, le bambin surnommé Laitue avait un fusil tout neuf qui tirait même de petites cartouches, inoffensives bien sûr, mais c’était quand même un fusil ! Il ne se mit pas à jouer avec les autres enfants car d’ordinaire ils le tracassaient, alors il préférait rester tout seul dans son coin, même sans jouer. Parce que les animaux qui ignorent la souffrance de la solitude sont capables de s’amuser tout seuls, mais l’homme au contraire n’y arrive pas et s’il tente de le faire, bien vite une angoisse encore plus forte s’empare de lui. Pourtant quand les autres gamins passaient devant lui, Dolfi épaulait son fusil et faisait semblant de tirer, mais sans animosité, c’était plutôt une invitation, comme s’il avait voulu leur dire :
– Tiens, tu vois, moi aussi aujourd’hui j’ai un fusil. Pourquoi est-ce que vous ne me demandez pas de jouer avec vous ? Les autres enfants éparpillés dans l’allée remarquèrent bien le nouveau fusil de Dolfi. C’était un jouet de quatre sous mais il était flambant neuf et puis il était différent des leurs et cela suffisait pour susciter leur curiosité et leur envie.
L’un d’eux dit :
– Hé ! vous autres !… vous avez vu la Laitue, le fusil qu’il a aujourd’hui ? 
Un autre dit :
– La Laitue a apporté son fusil seulement pour nous le faire voir et nous faire bisquer1 mais il ne jouera pas avec nous. D’ailleurs il ne sait même pas jouer tout seul. La Laitue est un cochon. Et puis son fusil, c’est de la camelote !
– Il ne joue pas parce qu’il a peur de nous», dit un troisième.
Et celui qui avait parlé avant :
– Peut-être, mais n’empêche que c’est un dégoûtant !
Mme Klara était assise sur un banc, occupée à tricoter, et le soleil la nimbait d’un halo. Son petit garçon était assis, bêtement désœuvré, à côté d’elle, il n’osait pas se risquer dans l’allée avec son fusil et il le manipulait avec maladresse. Il était environ trois heures et dans les arbres de nombreux oiseaux inconnus faisaient un tapage invraisemblable, signe peut-être que le crépuscule approchait.
– Allons, Dolfi, va jouer, l’encourageait Mme Klara, sans lever les yeux de son travail.
– Jouer avec qui ?
– Mais avec les autres petits garçons, voyons ! vous êtes tous amis, non ?
– Non, on n’est pas amis, disait Dolfi. Quand je vais jouer ils se moquent de moi.
– Tu dis cela parce qu’ils t’appellent Laitue ?
– Je veux pas qu’ils m’appellent Laitue !
– Pourtant moi je trouve que c’est un joli nom. A ta place, je ne me fâcherais pas pour si peu.
Mais lui, obstiné :
– Je veux pas qu’on m’appelle Laitue !

Les autres enfants jouaient habituellement à la guerre et ce jour-là aussi. Dolfi avait tenté une fois de se joindre à eux, mais aussitôt ils l’avaient appelé Laitue et s’étaient mis à rire. Ils étaient presque tous blonds, lui au contraire était brun, avec une petite mèche qui lui retombait sur le front en virgule. Les autres avaient de bonnes grosses jambes, lui au contraire avait de vraies flûtes maigres et grêles. Les autres couraient et sautaient comme des lapins, lui, avec sa meilleure volonté, ne réussissait pas à les suivre. Ils avaient des fusils, des sabres, des frondes, des arcs, des sarbacanes, des casques. Le fils de l’ingénieur Weiss avait même une cuirasse brillante comme celle des hussards. Les autres, qui avaient pourtant le même âge que lui, connaissaient une quantité de gros mots très énergiques et il n’osait pas les répéter. Ils étaient forts et lui si faible.
Mais cette fois lui aussi était venu avec un fusil.
C’est alors qu’après avoir tenu conciliabules les autres garçons s’approchèrent :
– Tu as un beau fusil, dit Max, le fils de l’ingénieur Weiss. Fais voir.
Dolfi sans le lâcher laissa l’autre l’examiner.
– Pas mal, reconnut Max avec l’autorité d’un expert.
Il portait en bandoulière une carabine à air comprimé qui coûtait au moins vingt fois plus que le fusil. Dolfi en fut très flatté.
– Avec ce fusil, toi aussi tu peux faire la guerre, dit Walter en baissant les paupières avec condescendance.
– Mais oui, avec ce fusil, tu peux être capitaine, dit un troisième.
Et Dolfi les regardait émerveillé. Ils ne l’avaient pas encore appelé Laitue. Il commença à s’enhardir.
Alors ils lui expliquèrent comment ils allaient faire la guerre ce jour-là. Il y avait l’armée du général Max qui occupait la montagne et il y avait l’armée du général Walter qui tenterait de forcer le passage. Les montagnes étaient en réalité deux talus herbeux recouverts de buissons ; et le passage était constitué par une petite allée en pente. Dolfi fut affecté à l’armée de Walter avec le grade de capitaine. Et puis les deux formations se séparèrent, chacune allant préparer en secret ses propres plans de bataille.
Pour la première fois, Dolfi se vit prendre au sérieux par les autres garçons. Walter lui confia une mission de grande responsabilité : il commanderait l’avant-garde. Ils lui donnèrent comme escorte deux bambins à l’air sournois armés de fronde et ils l’expédièrent en tête de l’armée, avec l’ordre de sonder le passage : Walter et les autres lui souriaient avec gentillesse. D’une façon presque excessive.
Alors Dolfi se dirigea vers la petite allée qui descendait en pente rapide. Des deux côtés, les rives herbeuses avec leurs buissons. Il était clair que les ennemis, commandés par Max, avaient dû tendre une embuscade en se cachant derrière les arbres. Mais on n’apercevait rien de suspect.
– Hé ! capitaine Dolfi, pars immédiatement à l’attaque, les autres n’ont sûrement pas encore eu le temps d’arriver, ordonna Walter sur un ton confidentiel. Aussitôt que tu es arrivé en bas, nous accourons et nous y soutenons leur assaut. Mais toi, cours, cours le plus vite que tu peux, on ne sait jamais…
Dolfi se retourna pour le regarder. Il remarqua que tant Walter que ses autres compagnons d’armes avaient un étrange sourire. Il eut un instant d’hésitation.
– Qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-il.
– Allons, capitaine, à l’attaque ! intima le général.
Au même moment, de l’autre côté du fleuve invisible, passa une fanfare militaire. Les palpitations émouvantes de la trompette pénétrèrent comme un flot de vie dans le cœur de Dolfi qui serra fièrement son ridicule petit fusil et se sentit appelé par la gloire.
– A l’attaque, les enfants ! cria t-il, comme il n’aurait jamais eu le courage de le faire dans des conditions normales. Et il se jeta en courant dans la petite allée en pente.
Au même moment un éclat de rire sauvage éclata derrière lui. Mais il n’eut pas le temps de se retourner. Il était déjà lancé et d’un seul coup il sentit son pied retenu. A dix centimètres du sol, ils avaient tendu une ficelle.
Il s’étala de tout son long parterre, se cognant douloureusement le nez. Le fusil lui échappa des mains. Un tumulte de cris et de coups se mêla aux échos ardents de la fanfare. Il essaya de se relever mais les ennemis débouchèrent des buissons et le bombardèrent de terrifiantes balles d’argile pétrie avec de l’eau. Un de ces projectiles le frappa en plein sur l’oreille le faisant trébucher de nouveau. Alors ils sautèrent tous sur lui et le piétinèrent. Même Walter, son général, même ses compagnons d’armes !
– Tiens ! attrape, capitaine Laitue.
Enfin il sentit que les autres s’enfuyaient, le son héroïque de la fanfare s’estompait au delà du fleuve. Secoué par des sanglots désespérés il chercha tout autour de lui son fusil. Il le ramassa. Ce n’était plus qu’un tronçon de métal tordu. Quelqu’un avait fait sauter le canon, il ne pouvait plus servir à rien.
Avec cette douloureuse relique à la main, saignant du nez, les genoux couronnés, couvert de terre de la tête aux pieds, il alla retrouver sa maman dans l’allée.
– Mon Dieu! Dolfi, qu’est-ce que tu as fait ?

Elle ne lui demandait pas ce que les autres lui avaient fait mais ce qu’il avait fait, lui. Instinctif dépit de la brave ménagère qui voit un vêtement complètement perdu. Mais il y avait aussi l’humiliation de la mère : quel pauvre homme deviendrait ce malheureux bambin ? Quelle misérable destinée l’attendait ? Pourquoi n’avait-elle pas mis au monde, elle aussi, un de ces garçons blonds et robustes qui couraient dans le jardin ? Pourquoi Dolfi restait-il si rachitique ? Pourquoi était-il toujours si pâle ? Pourquoi était-il si peu sympathique aux autres ? Pourquoi n’avait-il pas de sang dans les veines et se laissait-il toujours mener par les autres et conduire par le bout du nez ? Elle essaya d’imaginer son fils dans quinze, vingt ans. Elle aurait aimé se le représenter en uniforme, à la tête d’un escadron de cavalerie, ou donnant le bras à une superbe jeune fille, ou patron d’une belle boutique, ou officier de marine. Mais elle n’y arrivait pas. Elle le voyait toujours assis un porte-plume à la main, avec de grandes feuilles de papier devant lui, penché sur le banc de l’ école, penché sur la table de la maison, penché sur le bureau d’une étude poussiéreuse. Un bureaucrate, un petit homme terne. Il serait toujours un pauvre diable, vaincu par la vie.
– Oh ! le pauvre petit ! s’apitoya une jeune femme élégante qui parlait avec Mme Klara.
Et secouant la tête, elle caressa le visage défait de Dolfi.
Le garçon leva les yeux, reconnaissant, il essaya de sourire, et une sorte de lumière éclaira un bref instant son visage pâle. Il y avait toute l’amère solitude d’une créature fragile, innocente, humiliée, sans défense; le désir désespéré d’un peu de consolation; un sentiment pur, douloureux et très beau qu’il était impossible de définir. Pendant un instant – et ce fut la dernière fois -, il fut un petit garçon doux, tendre et malheureux, qui ne comprenait pas et demandait au monde environnant un peu de bonté.
Mais ce ne fut qu’un instant.
– Allons, Dolfi, viens te changer ! fit la mère en colère, et elle le traîna énergiquement, à la maison.
Alors le bambin se remit à sangloter à cœur fendre, son visage devint subitement laid, un rictus dur lui plissa la bouche.
– Oh ! ces enfants! quelles histoires ils font pour un rien ! S’exclama l’autre dame agacée en les quittant. Allons, au revoir, madame Hitler !

Dino Buzzati – Pauvre petit garçon – 1966

Marché

Mis en avant

La plupart du temps en été, c’est sous le soleil et le ciel bleu que s’ouvrent les marchés du sud de la France. Une foule dense se presse lentement et se mélange dans les ruelles bordées d’étals colorés et odorants. Du stand d’épices ou le safran, le thym et autres  ingrédients embaument tout le marché, s’ajoutent les fragrances des savons parfumés, des centaines d’huiles essentielles, aussitôt couvertes par les effluves pesantes du fromager tout proche. Les chalands sont conviés systématiquement à une petite dégustation. Le rôtisseur fait dorer ses volailles dont la peau dorée crépite en laissant fuser quelques postillons de graisse. Mieux vaut faire un petit écart et laisser le pauvre homme rougeoyant et suant, maîtriser le feu dévorant de sa machine. Une foule bigarrée déambule, se pousse, piétine en se remuant tel un gros serpent repus. Les uns veulent aller à droite et les autres à gauche. D’un bord à l’autre, la traversée se risque parfois de quelques énervements…surtout pour les autochtones qui ne sont pas là pour visiter le marché mais pour faire tout simplement leurs courses. Parfois un peu à l’écart comme un îlot préservé, quelques personnes se regroupent et échangent quelques mots, transmettent bonnes ou mauvaises nouvelles, saluent une amie, une connaissance. C’est aussi sur les marchés que surgissent “des têtes et des personnalités”  qui trouveraient sans difficulté une représentation dans une comédie filmée ou constitueraient le sujet d’une peinture.

Têtes de l’art

Mis en avant

Régis Pettinari, peint par Serge.

“Têtes de l’art” ! Oui je sais, c’est pas d’une grande originalité mais il m’a été impossible de résister. À la suite d’un pari avec un ami peintre sur Facebook, nous nous sommes engagés à nous tirer mutuellement le portrait et à échanger nos peintures. C’est avec Régis Pettinari que j’ai commencé pour la première fois ce deal. Aujourd’hui, je partage cette idée avec Gabor Kopatsy, peintre d’origine Hongroise qui travaille de son côté sur mon portrait. Cette formule d’échange permet à chacun de se rendre compte comment d’autres artistes nous perçoivent et peuvent nous représenter. Il faut bien évidemment choisir un artiste qui réponde à certains critères de qualité, qui pratique le portrait et surtout qui exprime de l’enthousiasme pour le projet. À partir d’un certain nombre de photos échelonnées sur plusieurs années, j’ai réalisé avec grand plaisir ces portraits de mon ami Gabor en utilisant différentes techniques (encre, gouache, huile). 

Moi, peint par Régis Pettinari.
Gabor Kopatsy (gouache)

Sylvette

Mis en avant

Faire le portrait de ses proches c’est avant tout l’avantage de bénéficier de modèles à disposition et relativement bienveillants. Bien entendu, l’abus pourra être réprimé d’une grimace, d’un geste de lassitude ou d’un mécontentement passager. Dans ce cas, il est préférable pour apaiser la situation, de fuir  silencieusement et revenir ingénument à la charge quelques temps plus tard. En cas de refus, d’exaspération, il faut charmer son modèle et lui dire combien les autres ont admiré son image, sa quiétude, son rôle inspirant dans “l’art de la peinture”. Il ne faut pas trop en dire cependant afin que les compliments ne se transforment en louanges trop peu crédibles. Car à ce moment là vous aurez fort à faire pour réenchanter votre modèle.

Eugénie

Mis en avant

Il est rare que je réponde à des commandes de portraits sauf pour des amis ou des connaissances proches. Il est difficile pour un sujet non habitué de poser de longs moments immobile d’autant plus si le portrait nécessite plusieurs séances. Beaucoup de peintures se réalisent aujourd’hui d’après photo. Et là encore, je préfère prendre les photos de la personne, pour des raisons techniques d’une part et aussi pour mieux la connaître d’autre part.

Pourtant, cette peinture ne correspond à aucun des critères précédemment cités. Le portrait d’Eugènie est celui d’une jolie petite fille décédée hélas à l’âge de 32 ans. Les parents possédaient une photo de leur petite fille déguisée en clown avec ce visage très expressif. C’est ce regard vif, espiègle et pourtant profond qu’ils souhaitaient retrouver et mettre en valeur à travers la peinture. La démarche était émouvante et ma mission conséquente.

La photo était bouchée dans le détail des zones foncées et en surexposition dans les zones claires en raison du maquillage blanc. J’ai longtemps travaillé la matière pour retrouver sous le masque couleur, les traits, les volumes du visage, et surtout…bien mettre en valeur le regard vif de l’enfant.

Je me suis attaché à la réalisation de ce portrait et au final, la maman et le papa d’Eugénie ont été très satisfaits du résultat et pour moi c’était le principal.

Challenge portraits

Mis en avant

Mon idée de départ était de peindre un portrait le plus rapidement possible, sans trop me préoccuper de la finalité et surtout sans m’encombrer avec les couleurs. Une envie comme ça de temps en temps histoire de me simplifier la vie et de rêver d’un pinceau qui n’aurait plus besoin de chercher la couleur, qui n’aurait plus besoin de plonger sa touffe dans l’essence pour se nettoyer, puis encore de s’essuyer longuement. Au diable médium, respect des règles picturales du gras sur maigre. Direct à la térébenthine, “alla prima”, dans le frais, d’un seul trait pour garder l’influx, la dynamique.

Un pinceau, une couleur. Premier portrait, une monochromie en terre d’ombre naturelle, pas de blanc. Tout se joue dans la dilution, la transparence pour les zones les plus claires et l’épaisseur de la couleur pour les zones foncées. Je ne pouvais pas m’en arrêter là et je vais enchaîner dans la matinée sur trois variantes en modifiant soit la palette couleur soit l’outil.

Variante deux. Mêmes couleur de base terre d’ombre naturelle, complémentée d’outremer, d’orange cadmium de noir et de blanc. Je laisse une priorité aux tons froids et j’ajoute à peine une pointe d’orange. Comme toujours, je place tout de suite les zones sombres pour créer les contrastes afin de construire le portrait.

Variante trois. La palette s’enrichit encore et se constitue des couleurs précédentes en y ajoutant, cadmium rouge, ocre jaune, rose brillant, pourpre dioxazine, noir et blanc.

Variante quatre. Changement total de technique pour le fusain et craie blanche sur papier teinté.

Quatre portraits dans une matinée est un bon exercice pour tester sa capacité à saisir rapidement ce qui est important dans un sujet et traduire simplement les points forts en laissant de côté les détails inutiles.

Ces portraits sont tous réalisés à des stades différents. Ce ne sont pas des “tableaux”, juste des peintures, des ébauches. Il est possible de pousser plus loin, de finaliser le rendu. Mais à quoi bon. Je n’en finirais jamais. Ce qui est fait est fait ainsi et ç’est suffisant.

J’avais envisagé une quatrième variante en monotype. Mais la mise en route de cette technique qui réclame toute une préparation en amont, mouillage du papier, essorage, préparation de l’encre typographique etc…ne pouvait pas se réaliser dans le même temps. Peut-être une autre fois.

Figures de rentrée

Mis en avant

L’été passe, l’automne s’annonce et l’hiver peu à peu va exhaler son haleine froide. Pour combler le tout et  nous faire comprendre combien nous n’avons rien à faire le nez au vent, voilà qu’un nouveau confinement nous tombe dessus. Imprévisible diront certains, largement envisagé pour ceux qui suivaient un peu l’actualité depuis le premier déconfinement. Je remets les pendules à l’heure tout en reconnaissant que reconfinement ou pas, il a toujours été pour moi d’actualité à cette époque de me recentrer sur une activité en milieu clos, donc en peinture, une priorité aux portraits et autres sujets intimes. J’ai voulu mettre sous forme d’une animation simple les 3 derniers portraits. De la première pochade ou malgré la grossièreté des touches, tout doit être en place sinon c’est le risque de devoir trainer jusqu’à la fin une série d’erreurs très difficiles à corriger. Toutes les étapes ne sont pas incluses, d’autant que plus on avance vers la peinture finale, plus les modifications deviennent minimes, voire presque imperceptibles. Je me suis particulièrement attaché à exprimer non pas tant la ressemblance, que la vérité du personnage, son étincelle d’humanité. En faire un portrait vivant, possible et non pas seulement une image aussi bien exécutée que possible.

Autoportrait, huile 30×40 cm
Sylvette dans ses rêves, huile 3àx40 cm
La robe jaune, huile 30×40 cm
Huile 30×40 cm

Nature de femme

Mis en avant

Elle est de cette nature énergique et vivante tout comme le vent, la mer, la lumière ou même la nuit. Elle est tout ça à la fois. Le vent lorsqu’elle souffle sa foi en l’avenir de la féminité et son désir d’enlacer le monde. La mer lorsqu’elle s’offre à la vie avec une soif jamais apaisée. Elle devient lumière lorsque son sourire – prenant une timide naissance à la commissure de ses lèvres – irradie sereinement d’un trait rosé tout son visage.
Dans ses yeux d’un noir velours insondable, la nuit repose du jour. Et je sais, pour l’avoir vu, qu’au petit matin, dans ses longs cils s’accrochent parfois quelques étoiles égarées et vieillissantes.