Toile à peindre

Mis en avant

J’ai testé un nouveau support pour la peinture à l’huile et l’acrylique de chez Clairefontaine. Il existe déjà pour ces techniques du papier muni d’un grain toilé chez différents fabricants. Ici, il s’agit d’une vraie toile 100% coton et non plus d’un papier avec un grain toile pressé. Il existe de nombreux formats présentés sous forme de blocs de 10 feuilles de 345 grammes.

Nouvelle toile 100%coton
Côté enduction blanche
Côté bistre non enduit

Le support est très souple et peut se rouler sans problème. Pour la gamme coton, le recto est bien blanc (2 couches d’enduction universelle de haute qualité) alors que le verso adopte une couleur bistre et ressemble pour l’aspect à une toile de lin non apprêtée. Le grain moyen est assez visible et profond. Pour ceux qui dessinent beaucoup avant de commencer toute peinture, il peut y avoir un certain handicap.

La taille de la trame n’autorise pas un trait précis. À éviter le crayon, mais conviendra bien au fusain, ou à toute ébauche directe au pinceau et couleur diluée. Cette trame moyenne retient très bien la couleur et il est facile de travailler en épaisseur. Je trouve que pour des portraits avec des tonalités douces la trame reste très (trop) présente. À distance d’œil cette impression diminue, mais cette toile conviendra mieux à des traités vigoureux, à des palettes fortes ou à des paysages. Je n’ai pas fait l’essai, mais il doit être possible d’humidifier cette toile (pour la détendre), de l’agrafer sur un chassis puis de peindre comme on le ferait avec n’importe quelle toile. Dans ce cas, et pour ma part, je perdrais tout bénéfice que je tire de ces support légers et souples qui me font gagner tant de place lors du stockage ou du rangement des créations.

Portrait sur toile coton
Portrait sur toile coton

J’ai aussi testé chez Clairefontaine un autre bloc de toile blanche à peindre, constituée de 67% de coton et 33% de polyester. La toile est plus souple, très maléable (200 gr) et la trame beaucoup plus fine. Il est précisé une induction universelle, sans plus de détail. Donc pas de double couche. À l’usage, la peinture glisse beaucoup plus sur cette trame légère. On resssent très bien l’inclusion de fils synthétiques sous les coups de pinceau. L’ajout de polyester, rend la surface plus solide, moins sensible aux déformations ou aux chocs. Cette toile conviendra très bien aux portraits tout en douceur, aux traités peu épais. Cette série de blocs “polycoton” pour huile et acrylique existe aussi avec une induction couleur “grain de sable” et une composition 75% coton et 25 % polyester.

Bloc toile 67% coton et 33% polyester
Côté enduction
Côté non enduit

Je ne saurais dire qu’elle est ma préférence, j’ai pris autant de plaisir à peindre sur l’une comme sur l’autre surface. Le choix devrait se faire plus en fonction du sujet que sur l’appréciation purement technique du produit. Pour une accroche différente et en focntion de ses goûts, il est toujours possible d’enduire soi-même la toile avec un tout autre apprêt.

Portrait sur toile polycoton
Portrait sur toile polycoton
À la même taille, trame polycoton.
À la même taille, trame coton

Site fabriquant, clic ici.

 

Dibond®, support magique

Le Dibond est un support rigide, développé par 3A Composite. C’est un matériau composite. Deux plaques d’aluminium sont “thermoliées” à une plaque centrale constituée de “polyéthylène”. Chaque surface du panneau est recouverte d’un film de protection. Les faces avant et arrière, sont thermolaquées en blanc ou en couleur, en mat, en brillant etc.

Plaque de Dibond

Le Dibond est extrêmement rigide, parfaitement plan, résistant aux températures. Il est souvent utilisé pour les stands, comme support d’affichage, le contrecollage de photos, l’impression numérique etc. Le Dibond est fabriqué en diverses épaisseurs, de 2 à 6 mm et selon le format (plaques de 100 à 405 cm). On trouve ce support chez Géant des Beaux Arts à un format maximum de 80 x 120 cm.

Plusieurs épaisseurs existent, de 2 à 6 mm

Un film protège chaque face du panneau

Mon idée était à l’origine de peindre sur un support lisse, de faire glisser la peinture afin d’obtenir des effets de pinceau. Un premier essai sur KapaPlast (couche de polyuréthane entre 2 surfaces de carton plastifié) avait donné d’assez bon résultats. Mais le support s’était avéré assez fragile à la manipulation.

Voici une petite démonstration sur un autoportrait qui montre assez simplement ce que je voulais obtenir.

Le dessin peut se réaliser au crayon gras (graphite genre mine “Cyclop” 6B). Le trait doit être un peu gras pour accrocher sur le support laqué très lisse. Les craies Néocolor ou les crayons StabiloTone de chez Swan sont excellents pour celles et ceux qui veulent esquisser leur tableau. Il n’est pas utile ni même recommandé de gommer une erreur. Mieux vaut essuyer le trait avec un chiffon ou une éponge humide si l’on veut tout effacer et recommencer. Le dessin achevé, je ne fixe pas le trait sous peine de modifier par un léger grain, l’aspect lisse du Dibond.

L’esquisse et le premier jus à l’essence. Format du panneau 50 x 60 cm

Je pose la base avec un peu de couleur et beaucoup d’essence. Je travaille avec la térébenthine, en ajoutant ou retirant de la couleur. Il faut savoir profiter des effets inattendus que provoquent les “coulures” ou les “retraits”. Tout le temps que dure la séance, c’est un va et vient de “construction et de déconstruction” de la matière et de la couleur. La peinture sèche lentement et peut se travailler presque indéfiniment, il est tentant de ne plus s’arrêter. Ne pas trop empâter pour la première séance. Conserver cet aspect “jeté” de jus de couleur est important pour préparer la phase suivante.
Bien laisser sécher avant de reprendre le tableau.

Premier aspect de l’autoportrait

Pour la deuxième séance la couleur peut être agrémentée de “médium” afin de coller sur les jus précédents. Pour ma part  j’utilise du “Painting Medium Quick-Drying” de chez Talens mélangé à une bonne proportion d’essence. Il suffit à chacun, soit de vouloir conserver cet aspect “coups de pinceaux” en travaillant par ajout de couleurs transparentes, soit de charger en matière en perdant l’aspect” esquisse peinte”.

L’aspect que l’on peut obtenir

Une vue rapprochée de l’autoportrait

Il est possible à tout moment, en utilisant de l’acétone (attention aux vapeurs très nocives) de faire fondre, de diluer, de trouer, la peinture à l’huile et de retrouver le support original. Si vous n’êtes pas satisfait du résultat, dans le frais, un chiffon, de l’essence de térébenthine et un peu d’huile de coude, enverra votre chef-d’œuvre aux oubliettes. Vous avez sous la main un support à usage presque perpétuel. Une sorte d’ardoise magique.

Toutes les tentatives sont permises et au moins, ça décomplexe.

Matières & matériaux

Un jeu de spatules carrossier est parfaitement adapté pour créer des matières.

Allez, aujourd’hui c’est bleu de travail, truelles et spatules. Je vais vous parler de ma façon de réaliser de l’épaisseur pour certains de mes sujets, de créer des effets dans les fonds. Pour cela, on va jouer un peu au peintre en bâtiment et tout d’abord oublier les matériaux dits pour “artistes”.

Pour l’acrylique, il existe de nombreux produits qui permettent de réaliser des effets plus ou moins prononcés. Des pâtes de modelage, des gels de texture sont à notre disposition dans différentes marques. Ces matériaux conviennent bien à la préparation des fonds tant pour l’acrylique que pour l’huile. Cependant de par leur nature, ils ne permettent pas un mélange avec les couleurs à l’huile.
Pour l’huile, les solutions d’empâtement sont moins nombreuses. Lefranc, Sennelier et quelques autres marques proposent différents médiums d’empâtements. Ce sont souvent des gels translucides qui tendent à donner du volume et de la transparence à la couleur sortie du tube. En utilisant ces produits, je n’ai jamais eu le sentiment de travailler avec de la “vraie” matière. J’ai toujours trouvé un manque de “présence” à la texture.
Ma solution est beaucoup plus simple, moins honéreuse aussi et consiste tout simplement à utiliser un enduit gras que l’on trouve dans tous les bons magasins de bricolage (comme on dit).

Les détails qui suivent ne sont pas tous extraits de cette toile.

Après différents essais, j’ai choisi l’enduit gras extra fin Gérard. C’est un enduit glycérophtalique pour un usage au couteau. La pâte est onctueuse et une boîte de 500 gr permet de réaliser bien des effets.
Bien qu’il me soit arrivé d’utiliser l’enduit gras sur toile, il faut reconnaître qu’un support rigide comme du contreplaqué, de l’isorel ou du latté préparé au Gesso est fortement conseillé.

L’enduit gras Gérard. Il ne faut pas hésiter à mettre de l’eau sur la pâte pour le conserver longtemps une fois ouvert..

La pâte est onctueuse, n’est pas très blanche. Il faut en tenir compte.

On peut utiliser l’enduit de 2 façons différentes.

L’appliquer directement au pinceau, au couteau sur le fond du panneau en créant des effets de matières. Il est possible de sculpter dans le frais ou après séchage du produit, de le poncer à sec ou à l’eau afin d’obtenir un fond très lisse. Il est possible aussi de rayer le fond avec une brosse métallique, de creuser, d’attaquer l’enduit avec toutes sortes de grattoirs ou d’outils improvisés. Attention, une fois bien sec, l’enduit gras Gérard devient très dur.
Il ne reste plus qu’à peindre à l’huile sur ce fond préparé, de jouer du pinceau intelligemment pour remplir les creux, travailler au chiffon en frottant, en déposant ou enlevant de la couleur ici ou là. Cette méthode demande une bonne appréhension du sujet que l’on va peindre. Elle demande une certaine anticipation.

Ici le fond a été gratté dans le frais avec une brosse métallique. Une teinte est posée puis frottée avec un chiffon afin de conserver la couleur foncée dans les creux.

Différents effets sont possibles. La couleur ici est posée après séchage de l’enduit.

La seconde façon d’utiliser cet enduit gras, méthode plus instinctive, c’est de mélanger sa couleur directement à la pâte. Il faut tenir compte du fait que la couleur est mixée avec une pâte plus ou moins blanche. D’où une perte de puissance de la couleur. La teinte obtenue prend une valeur proche des tons pastels. Il faut dans ce cas après séchage, revenir par des glacis sur les teintes qui manquent de vivacité. Pour conserver une certaine puissance à la couleur il faut dans ce cas rester modeste en terme d’épaisseur d’enduit et travailler en couches plus fines superposées.

la couleur est mixée à l’enduit et posé avec des spatules.

Enduit posé sur une couche de peinture encore fraîche.

Enduit posé sur une couche de peinture fraîche pour obtenir des effets de mélange vers une teinte claire.

Il est possible bien sûr de combiner les deux méthodes, commencer par travailler une partie du fond en posant l’enduit directement puis de continuer par l’application de couches colorées.

Derniers détails, l’emploi de l’enduit gras n’empèche pas d’utiliser les médiums à peindre pour obtenir une pâte plus onctueuse. Les instruments se nettoient à l’essence de térébenthine, au white spirit sans problème. Pour conserver dans les meilleures conditions le pot d’enduit, il suffit de mettre de l’eau sur la pâte avant de remettre le couvercle plastique.