À quoi, aquarelles.

Bon, l’aquarelle c’est pas de la tarte ! Ça, je le savais déjà…avant. Avant…de partir cinq semaines au soleil du Vaucluse.

Le Clos Saint Louis. Bedoin, Vaucluse.

Le Clos Saint Louis. Bedoin, Vaucluse.


C’est sûr, l’aquarelle vous vous dites, c’est un peu comme de la peinture à l’eau pour les gamins. Mais ça, c’est pas de l’aquarelle, c’est de la “barbouille” qu’on étale aussi bien au pinceau, qu’au rouleau et souvent avec les mains. Non, là je vous parle de la fine couche colorée et transparente qui épouse onctueusement le grain profond et cependant lumineux du beau papier “torchon”. Non, “torchon”, c’est pas un mot vulgaire. C’est tout simplement la qualité du grain du papier.

Le Clos Saint Louis. Bedoin, Vaucluse.

Le Clos Saint Louis. Bedoin, Vaucluse.

Comment, vous ne savez pas ce qu’est le grain du papier ? Passez donc vos doigts sur du papier de soie et ensuite sur du papier de verre, vous comprendrez ce que je veux dire. Déjà, il faut savoir choisir son papier. Car en fonction du papier, on n’obtient pas tout à fait le même résultat. C’est comme peindre sur un mur bien lisse ou rempli de défauts. Un papier torchon, au grain profond, retient la couleur, un autre plus lisse donnera plus de douceur. Mais, pour compliquer tout ça, il faut savoir qu’il y a plusieurs fabricants de papier aquarelle. Que chacun a sa norme et ses appellations. Un torchon de tel grammage chez untel ne sera pas le même torchon de chez tel autre. Et puis…et puis…les qualités ne sont pas identiques. Un beau papier qui promet beaucoup, peut à l’usage se montrer désastreux. Vous êtes toujours là ? Vous allez me dire :
— ça mon gars, c’est ton problème !

Le Clos Saint Louis. Bedoin, Vaucluse.

Le Clos Saint Louis. Bedoin, Vaucluse.

C’est un peu vrai. Mais, en parlant de mes préoccupations j’espère bien vous faire ressentir le “dur labeur de l’artiste”. En ce monde ou tout n’est plus qu’industriel et fabriqué à la chaine, agissons “pour la défense de l’art et de l’authentique”.
Pour l’instant, me voilà au pied du mur (façon de parler) avec ma boîte chevalet à bretelles sur le dos, mon bloc papier grand format sous le bras gauche et le sac rempli de bouteilles d’eau à la main droite. Les pots à eau découpés dans des bidons plastiques sont accrochés par des élastiques au chevalet. Ils s’entrechoquent à chacun de mes pas et ponctuent mon avancée. Je passe finalement totalement inaperçu d’autant que sur les chemins blancs de soleil, je suis seul à errer à la recherche, d’une part d’un coin d’ombre et d’autre part d’un point de vue avantageux. Je dois reconnaître que c’est le plus souvent le coin d’ombre qui décide de mon point de vue.

Village de Sainte Colombe et Ventoux. Vaucluse.

Village de Sainte Colombe et Ventoux. Vaucluse.

Les Colombets. Bedoin, Vaucluse.

Les Colombets. Bedoin, Vaucluse.

Bon, là, ça me parait bien ! Je jette tout mon harnachement au sol et règle en priorité les 3 jambes en bois de la boîte chevalet. Tout est de travers, il faut régler un peu mieux les pieds. Il fait chaud. Très chaud. J’installe une feuille. je croque (oui, dessiner). Les gestes sont pénibles.

Les Demoiselles Coiffées. Bedoin, Vaucluse

Les Demoiselles Coiffées. Bedoin, Vaucluse

J’ai l’impression d’avoir des enclumes dans les bras. Je me sens moite, collant dès que je gesticule un peu. Je prépare les grands godets porcelaine Winsor & Newton pour les gros pinceaux. Ça y est, les mouches s’invitent et voltigent autour de mes oreilles. Comme le papier sèche bien trop vite, je mouille au maximum la feuille. Celle-ci gondole et forme des réserves d’eau qui finissent pas attirer des guêpes à la recherche de boisson fraîche. Il ne manquait plus que ça. Ah, peindre en pleine nature quel bonheur ! Je les ai vus de loin, baguenaudant au milieu des vignes…les touristes ! Allemands de surcroît. Non pas qu’ils me soient antipathiques, mais allez donc expliquer à des spectateurs admiratifs vos problèmes d’aquarelle lorsque personne ne parle la même langue.
— Oui, trop mouillé…trop chaud…yes, wet…Noooo, too hot !!!
— Really beautiful…schön !!!

Le Clos Saint Louis. Bedoin, Vaucluse.

Le Clos Saint Louis. Bedoin, Vaucluse.

Avec trois mots d’anglais et deux adjectifs familiers, connus de tout le monde, nous nous sommes compris. Quoi échanger de plus sinon quelques sourires bienveillants en guise d’au revoir. Le silence est revenu. Les mouches aussi. L’église sonne l’heure du pastis et moi je remets de l’eau propre dans mon pot. Le soleil commence à tourner. Mon refuge ombragé prend la lumière de toutes parts et les couleurs de ma palette m’apparaissent de plus en plus pâles sous la violente luminosité. Il est temps de conclure rapidement l’affaire d’autant que le soleil a bouleversé l’ambiance du paysage. Trop de clarté, trop de blancheur, ombres noires, à la verticale. Plus rien à en tirer. Demain, c’est sûr, je fais de la photo !

Les Couguious. Bedoin, Vaucluse.

Les Couguious. Bedoin, Vaucluse.

On ferme!

Voilà, c’est fini.
Pendant 2 mois la France va rentrer dans sa coquille pour vivre au ralenti.

Il n’y aura d’intérêt que pour la météo des plages, les places incontournables des meilleurs festivals…ceux du jazz, du théatre, de la danse, du cinéma ou du boudin blanc aux pommes. Les radios ressortent leurs émissions musicales qui tirent en longueur. Un animateur en stage avec une pile de disques, c’est plus facile à programmer que des invités autour d’un sujet sérieux. Les chaînes de télévision recherchent dans les stocks la énième saison des “Experts” ou “NCIS” qui ne soit pas déjà passée 3 fois sur les ondes. Après tout, les français s’en foutent des sujets sérieux. Ils sont en vacances! Ils veulent de la détente! Du “cool”! De la culture prémâchée. Pas des “trucs” qui vont leur casser les “c…….”! Exxxxcusez-moi je m’emporte! À trop regarder l’Euro de foot, je finis par parler comme un footballeur. Bref, pour la plupart, les “stressés” seront bientôt sur les côtes, côte à côte, en train de griller comme des merguez.

Noter atelier de “modèle vivant” ferme aussi. C’est fini jusqu’en septembre. Les chevalets ont été remisés, les tables retournées, les rideaux tirés.

Une partie des “croqueurs” en pleine action gourmande.


C’est autour d’un petit repas que quelques fidèles “croqueurs” se sont réunis pour la “der”. Les verres ont trinqué, les assiettes n’ont pas désempli et le soleil aidant…(et peut-être aussi quelque divin nectar…) il a fait chaud sous les chapeaux.

André et son chapeau de cardinal.

Ça laisse dubitatif. N’est-il pas?

Il faisait chaud sous les chapeaux…

Je concluerai ce petit article en glissant quelques croquis de la “dernière séance” comme signe de remerciement envers tous nos modèles. Un sincère message de reconnaissance aussi pour la “responsable” de cet atelier qui ne perdurerait pas sans son excellente organisation.
Bonnes vacances à tous ceux qui partent, et à bientot ici même pour ceux qui me suivent.