
Dans les hangars et greniers obscurs, ils n’en finissent pas de mourir, victimes du temps, ces vieux objets oubliés et enchevêtrés. Un espace de mémoire qui témoigne de l’avancée du progrès technologique. Mais aussi du désintéressement de cette “chose”, du plaisir perdu de l’usage, de l’utilité d’un objet qui un jour devient obsolète. Qui devient de trop, dérisoire, superflu et les mots pour l’oubli sont tout aussi nombreux que ceux pour chérir. Cet objet que l’on a convoité, obtenu parfois difficilement, parfois aussi avec le doute d’un réel besoin. Cette chose désormais encombre et devient un machin, un bidule qui n’a plus de place auprès de soi. C’est ainsi que se retrouvent sous les vieux toits de tôle ou de lugubres greniers, les besoins authentiques devenus futiles, les désirs d’un moment consommés, les témoins physiques d’une vie qui s’égrène. Mais, on ne jette pas, par respect, par tradition, aussi parce qu’on a vécu la rareté ou le manque. On accumule les objets comme des fragments de soi, corps vieillis aux cicatrices profondes. La peau est parfois bien écaillée, mais c’est souvent le cœur vivant de la chose qui s’est fracturé.
Peindre les vieilles choses, pour moi n’est pas un sujet nostalgique, mais une matière esthétique à la mémoire incarnée.Ce n’est pas seulement un rôle d’observateur, c’est symboliquement servir de passeur entre ce qui fut et ce qui est. Il y a une beauté dans le temps qui passe. Le temps est aussi un artiste qui façonne les objets, poussière, couleurs délavées, matières altérées, fatale conquête de la rouille, et surtout l’incroyable création de formes, de lumières et d’ombres nées à partir du chaos. C’est une véritable grammaire visuelle.
Le désordre, l’empilement des choses anciennes devient un territoire pictural, une nouvelle énergie qui ne peut prendre corps qu’à travers un acte de sauvegarde poétique.







































































































