En attendant…

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En attendant les beaux jours. Ce n’est pas le titre d’un joli film prometteur, mais plutôt l’expression de mon impatience. Celle de retrouver la douceur du printemps et par là-même, de replanter mon chevalet devant la nature retrouvée. Pour combler cette impatience, et sublimer les journées mornes et grises aussi amères qu’un café sans sucre, je m’autorise ce que j’appelle des “petits bonbons”. C’est ce plaisir de peindre sans contrainte, avec le seul et unique dessein d’étaler de la couleur ou peut-être de la gâcher avec une boulimie débridée. Tout me va dans ces cas là. Et la moindre image qui arrête mon regard, que ce soit par ses couleurs, son dynamisme ou son sujet, j’en fais ma source prioritaire. Pas de stratégie dans tout cela, pas d’idée préconçue. Juste faire courir le pinceau sur un papier blanc, histoire de délier l’œil et la main. Le plaisir pur . Aujourd’hui, c’est le film “Caravage de Michele Placido” qui sert d’ingrédient à ma peinture. Hormis les images aux couleurs chaudes et contrastées dans un clair-obscur qui se veut inspiré du style du peintre, le film montre un Caravage quelque peu hystérique, plus prompt à sortir l’épée qu’à manier le pinceau. J’oublie le film mais pas le peintre. Le personnage historique m’a toujours intrigué. J’ai toujours eu du mal à comprendre comment cet homme pouvait être en même temps ce peintre exceptionnel dont on admire les œuvres et ce criminel impénitent qui n’a eu de cesse d’échapper à la justice de son temps. En peinture, il faut pourtant reconnaître que ses sujets sont dotés d’une réalité et d’une force parfois brutale qui semble très souvent s’inspirer de sa vie très sulfureuse.

Têtes d’affiches

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Il m’arrive de temps en temps de faire des tentatives techniques. Je me dis “tiens et si je faisais ça comme ça !”. J’ai compris qu’en changeant sa manière de faire, en faisant des essais de toute sortes, on découvre tout un tas de nouvelles possibilités. On finit par ne plus avoir d’appréhension face à la technique, les outils se banalisant on donne plus de place à l’expression. Bien connaître les possibilités des outils en sa possession me paraît indispensable et développer leur utilisation est nécessaire. Alors autant se lancer dans l’aventure. Pour cette série de portraits, j’ai mélangé pastel sec, oil stick et peinture à l’huile. J’ai déjà parlé des bâtonnets de couleur à l’huile ici (oil stick Sennelier), de leur qualités et défauts. Véritable huile solide, ils se mélangent parfaitement avec l’huile traditionnelle. Ne pas oublier que leur utilisation se fait surtout en y mettant les doigts. Donc, des gants en latex peuvent être recommandés.
J’ai selon les cas, commencé à dessiner et mis en place la couleur avec du pastel sec. Puis fixé celui-ci avant de revenir sur la base avec les sticks ou la peinture à l’huile. Ça fonctionne très bien. Le pastel sec ne se mélangeant pas avec l’huile, j’ai pu m’en servir en le laissant apparaître parfois entre les touches de peinture. Le plus gros avantage que je vois aux bâtonnets de couleur (huile ou pastel), c’est cette rapidité qu’il y a à poser une couleur sans avoir à la fabriquer sur la palette. C’est très instinctif. Et en travaillant avec une gamme limitée, des couleurs inattendues, voire un peu “sauvages”, peuvent apparaître faute de choix.

Portraitiste déjà.

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Je ne résiste pas au plaisir de vous faire découvrir les dessins de ma petite fille de 15 ans qui s’est lancée dans les portraits de ses copines et copains à partir des photos qu’elle a faites. Je suis très fier d’elle et un peu de moi aussi pour l’avoir initiée et encouragée à ne jamais abandoner le dessin et la peinture.
La construction du visage, les proportions sont bonnes, ombres et lumières sont parfaitement placées, l’ensemble est cohérent sur le plan de la couleur…et déjà un certain style.
Maintenant, il faudra aller plus loin encore et toujours.

Il était une fois

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Le livre existe pour raconter des histoires. De vrais histoires d’hommes, d’animaux, de plantes. Des fables qui racontent un autre passé, un futur qui n’existe pas et aussi des paraboles mille fois refaçonnées pour rassurer l’être face à l’inconnu.
Si le livre écrit a ses mots pour faire rire, pleurer ou réfléchir, et s’il m’emporte vers la culture de l’esprit, le livre d’images avec ses empreintes colorées sur papier blanchi, possède à sa manière une autre force d’évocation.
L’album photo familial sitôt entrouvert, exhale d’entre ses pages plastifiées, la joie, l’amitié, l’amour réussi ou l’amour trahi, la naissance ou le souvenir de la disparition. C’est étonnant comment ce catalogue de moments passés, parvient à revisiter l’histoire des uns et des autres. Sur les plus vieilles images imprégnées de blanc et de gris, parfois floues ou à la limite de l’effacement renaissent incessamment les personnages qui ont accompagné mon parcours.
A cette époque, la photo devait fixer pour “presque” l’éternité le mieux que nous étions. Il fallait observer la cérémonie du “bien habillé”, du sourire et surtout celle de l’immobilité en fixant l’objectif.


Dans le vieil album photo certaines vies silencieuses attendent impatiemment mon passage. Sous mon regard indulgent elles s’animent, reprennent de la couleur. Le récit se fait tantôt drôle tantôt dramatique. Je me moque gentiment…un peu, et parfois même beaucoup. Non mais, comment étions nous accoutrés à cette époque!
Sous mon œil observateur, un détail ignoré apparaît et recompose la scène avec un nouvel éclairage. La photo, c’est cet instant là, précis, celui qui défie le temps. Elle devient le rocher immuable à l’ombre duquel coule une source. Alors quand les visages aimés s’effacent de ma mémoire, quand le grain de leur voix faiblit, je me penche humblement sur l’onde claire.
Sur la photo, il y a les êtres qui sont, ceux qui ne sont plus et ceux qui se sont perdus dans les pages. Partis, sans un aurevoir, dans l’indifférence parce que…parce qu’il y a tant de raisons d’oublier les autres pour ne pas se détourner de son empressement. Tiens, mais comment s’appelait-t’il déjà, qu’est-il devenu ?


Dans ce grand recueil de vies passées et à grandir, tout le monde y est beau, les sourires me sont adressés comme un hommage, un éternel encouragement pour l’avenir.
Malgré l’absence de couleurs, l’image raconte la clarté ocre d’un jour d’été. Je ressens encore cette ambiance chaude et cette lumière si dure, si haute qui me faisait cligner des yeux et souligne mon visage d’une ombre comme si je portais un masque. Je me souviens bien de cette couleur vert tendre que tu portais. Par contre, je ne sais plus qui tu regardes en dehors du cadre. Ta petite “mère” aux bras si doux et au baisers si tendres ou un inconnu qui semble t’inquiéter.
Les photos d’autrefois méritent bien plus qu’une place au profond d’une armoire aux senteurs de naphtaline ou de santal. Les vieilles images sont des messages sans cesse renaissants auprès des générations futures. Elles sont un monde entier, un monde en soi, que personnellement je ne saurais oublier.

Paint-maton

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Quel plaisir que de retrouver la simplicité de la gouache. Elle est souvent oubliée, méprisée même car elle rappelle les années scolaires, les heures de peinture autrefois sous l’œil bienveillant, mais parfois incompétent, du maître ou du prof de géographie ou d’histoire. Ces matinées ou après-midi étaient beaucoup moins l’expression d’une grande créativité que le moment de défouloir pour le plus grand nombre. On sortait alors sa boite de gouaches, en godets ou pastilles et sa pochette de papier Canson. Les mieux équipés possédaient leurs gouaches en tubes et faisaient figure de privilégiés. La différence matérielle opérait déjà une fracture entre les plus doués et les autres.


Ce sont bien des souvenirs enfouis qui surgissent à l’utilisation de la gouache. Ce qui me revient souvent en tête, ce sont les faibles moyens accordés à la peinture, au matériel lui-même. Quand une couleur était épuisée, je faisais sans, jusqu’à ce que ça ne devienne plus tenable. C’était toujours le blanc qui manquait en premier. Il fallait que je négocie avec mes parents pour acheter quelques tubes, un peu de papier. Cette fourniture créative n’étant pas la plus indispensable. J’avais donc toujours le temps d’attendre un peu. J’ai aussi en tête, l’image du bocal d’eau nuageuse qui se renversait sur la peinture, toujours au dernier moment.


Il y a une délectation toute naturelle à jouer librement avec la matière et sa couleur.
En commençant mes autoportraits à la gouache, je me suis fait plaisir sans trop de contraintes techniques. De la couleur, de l’eau et du papier. Des ingrédients d’un grand commun. J’ai étalé de la couleur sans me soucier de la gestion du temps de séchage qu’impose l’huile. Ça soulage l’esprit. Ce qui m’a vraiment impressionné en découvrant les gouaches qu’un ami avait réalisées, c’est leur aspect mat, véritablement velouté. Il s’en dégage une douceur, une sensualité très charnelle. C’est une impression que je n’avais pas perçue auparavant. Et cela ne se ressent pas du tout à travers des reproductions. Comme quoi, voir un original apporte une dimension qui fait appel à d’autres sens que celui de la vue.


Cette série d’autoportraits, n’est pas la manifestation d’un égo surdimensionné, mais plutôt le fait qu’il n’y a pas plus simple de poser soi-même devant un miroir pour travailler le portrait. Par contre, se voir autrement que de face est une réelle difficulté face au miroir. Il sera facile au visiteur d’identifier le portrait qui est réalisé à partir d’une photo. Je ne reviendrai pas sur la sempiternelle “question du sourire” sur les autoportraits. Remarque ayant été déjà tellement traitée.

Moins égale plus ?

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En peinture la palette couleur désigne tout autant le support sur lequel on pose ses couleurs que l’ensemble des couleurs qui vont être utilisées tout au long d’une réalisation. Certaines palettes de peintres célèbres nous sont parvenues intactes et portent encore la matière couleur utilisée par l’artiste à l’époque. Ainsi, il a été possible, en analysant d’une part leurs œuvres et d’autre part leur palette, d’établir leurs préférences en terme de couleurs. On connait la palette couleur prédominante de Georges Seurat, de Vincent Van Gogh, Du Greco, de Chardin, de Renoir et de bien d’autres. Je ne ferai pas la liste exhaustive des couleurs utilisées, mais on retrouve toujours une base commune à tous. Cette connaissance à elle seule, ne suffit pas à comprendre le talent de ces artistes.

La technologique numérique, télévision (et autres) nous offre de magnifiques images aux couleurs sublimes et on s’émerveille devant des écrans qui restituent avec fidélité des millions de nuances. Pourtant, le procédé que l’on appelle “synthèse additive”, ne fait que combiner 3 couleurs de base. Un rouge, un vert et un bleu. Ces couleurs combinées, produisent le blanc alors que le noir est obtenu par l’absence de totale de lumière.

Le principe des 3 couleurs primaires “synthèse soustractive” peut être utilisé en peinture. Mais les 3 couleurs de base sont légèrement différentes (rouge cyan, bleu cyan et jaune) puisqu’on utilise de la matière pigmentée opaque. Le blanc ne peut être réalisé par la lumière comme dans le principe additif. Il doit être  signifié soit par le blanc du support soit par l’addition de matière blanche. Ainsi, avec ces couleurs de base, il serait possible de reproduire “toutes” les nuances colorimétriques possibles.

J’ai tenté cette expérience avec un set de gouaches sur cette peinture de visage. J’ai eu besoin de mixer certaines combinaisons de couleurs avec du blanc pour obtenir des nuances plus variées, plus ou moins claires. La difficulté que j’ai rencontrée avec la gouache, c’est qu’il arrive un moment où, contrairement à l’huile, on ne peut plus poser une couleur sur une autre sans diluer l’existante. Parvenir à une certaine matière, épaisseur de peinture est relativement difficile. Les repentirs sont délicats. Le blanc pur est obtenu non pas par addition de couleur mais en réservant le blanc du papier.

Sur le portrait ci-dessous, j’ai ajouté le noir à ma palette de gouaches afin d’obtenir des zones d’ombres plus fortes. Le mélange des 3 couleurs de base produisent un brun qui ne me satisfaisait pas.

Autre expéreince très intéresante surtout pour les portraits. J’ai choisi pour la peinture à l’huile ci-dessous de travailler avec une palette encore plus limitée et notamment en utilisant la palette couleur qu’utilisait Anders Zorn pour les portraits (peintre suédois de la fin du XIXème siècle). Cette gamme couleurs se compose ainsi, rouge cadmium clair, ocre jaune, noir d’ivoire et blanc titane. Il est facile de voir que cette palette ressemble à une gamme primaire légèrement modifiée mis à part le fait que le bleu est totalement absent. 

Le nuancier révèle une palette de couleurs plutôt douces avec des tons sourds et veloutés. Dans ce portrait, l’absence de bleu dans la palette de base pour réaliser la couleur des yeux est un gros problème. J’ai essayé de traiter le bleu de l’iris avec du brun puis avec du gris mais je n’ai jamais réussi à rendre la justesse du regard. La petite histoire voudrait que dans l’atelier d’Anders Zorn on ait trouvé un certain nombre de tubes de bleu de cobalt. Il suffit de regarder quelques unes de ses toiles pour se rendre compte qu’il utilisait bien du bleu selon les sujets.

Alors, quel bénéfice retirer de l’utilisation de palettes aux couleurs limitées. Avant tout, on découvre et on apprend par mélange les nombreuses possibilités de la couleur. On exerce son œil. On peut aussi se poser la question du nombre de tubes que l’on stocke dans sa boîte. Quelles sont les couleurs qui nous sont vraiment utiles ? À quoi sert un tube de couleur chair alors que la carnation change selon la personne, la lumière etc…On se pose moins de question quant à la couleur à choisir, on va plus directement au but. Il existe aussi des avantages qui ne sont pas négligeables, comme une économie financière et pour ceux qui peignent dehors, moins de couleurs égale aussi moins de poids à transporter. Les couleurs adjacentes issues du mélange des couleurs de base, ont toutes une source commune et en se répondant les unes les autres, produisent un résultat plus harmonieux. Il ne faut pas occulter les inconvénients, les nombreux mélanges nécessaires pour créer la couleur que l’on souhaite, et de ce fait parfois une grande perte de temps ainsi que l’absence de certaines couleurs “toutes prêtes” qui sont originales et techniquement impossible à composer à partir des couleurs de base.

Souvenance

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Aujourd’hui simplement deux portraits, celui de ma mère sur son lit d’hôpital 1 an avant son décès et celui de mon père à la même époque. 
Ma mère était née à Sarego en Italie et mon père à Alcazaren, une petite ville d’Espagne où me disait-il, il n’y avait que des pierres à manger sous le soleil. J’ai déjà raconté dans un article leur parcours personnel, original qui a favorisé leur union (Fils et filles d’immigrés). Mes parents ont consacré leur vie à élever dans le bonheur mais avec des moyens très modestes leurs quatre enfants dont je fais partie. 
Ma mère est décédée en 2002 à l’âge de 81 ans et mon père l’a suivie un an après à l’âge de 89 ans.

Leur souvenir est toujours présent. La peine et les regrets aussi.

Toile à peindre

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J’ai testé un nouveau support pour la peinture à l’huile et l’acrylique de chez Clairefontaine. Il existe déjà pour ces techniques du papier muni d’un grain toilé chez différents fabricants. Ici, il s’agit d’une vraie toile 100% coton et non plus d’un papier avec un grain toile pressé. Il existe de nombreux formats présentés sous forme de blocs de 10 feuilles de 345 grammes.

Nouvelle toile 100%coton
Côté enduction blanche
Côté bistre non enduit

Le support est très souple et peut se rouler sans problème. Pour la gamme coton, le recto est bien blanc (2 couches d’enduction universelle de haute qualité) alors que le verso adopte une couleur bistre et ressemble pour l’aspect à une toile de lin non apprêtée. Le grain moyen est assez visible et profond. Pour ceux qui dessinent beaucoup avant de commencer toute peinture, il peut y avoir un certain handicap.

La taille de la trame n’autorise pas un trait précis. À éviter le crayon, mais conviendra bien au fusain, ou à toute ébauche directe au pinceau et couleur diluée. Cette trame moyenne retient très bien la couleur et il est facile de travailler en épaisseur. Je trouve que pour des portraits avec des tonalités douces la trame reste très (trop) présente. À distance d’œil cette impression diminue, mais cette toile conviendra mieux à des traités vigoureux, à des palettes fortes ou à des paysages. Je n’ai pas fait l’essai, mais il doit être possible d’humidifier cette toile (pour la détendre), de l’agrafer sur un chassis puis de peindre comme on le ferait avec n’importe quelle toile. Dans ce cas, et pour ma part, je perdrais tout bénéfice que je tire de ces support légers et souples qui me font gagner tant de place lors du stockage ou du rangement des créations.

Portrait sur toile coton
Portrait sur toile coton

J’ai aussi testé chez Clairefontaine un autre bloc de toile blanche à peindre, constituée de 67% de coton et 33% de polyester. La toile est plus souple, très maléable (200 gr) et la trame beaucoup plus fine. Il est précisé une induction universelle, sans plus de détail. Donc pas de double couche. À l’usage, la peinture glisse beaucoup plus sur cette trame légère. On resssent très bien l’inclusion de fils synthétiques sous les coups de pinceau. L’ajout de polyester, rend la surface plus solide, moins sensible aux déformations ou aux chocs. Cette toile conviendra très bien aux portraits tout en douceur, aux traités peu épais. Cette série de blocs “polycoton” pour huile et acrylique existe aussi avec une induction couleur “grain de sable” et une composition 75% coton et 25 % polyester.

Bloc toile 67% coton et 33% polyester
Côté enduction
Côté non enduit

Je ne saurais dire qu’elle est ma préférence, j’ai pris autant de plaisir à peindre sur l’une comme sur l’autre surface. Le choix devrait se faire plus en fonction du sujet que sur l’appréciation purement technique du produit. Pour une accroche différente et en focntion de ses goûts, il est toujours possible d’enduire soi-même la toile avec un tout autre apprêt.

Portrait sur toile polycoton
Portrait sur toile polycoton
À la même taille, trame polycoton.
À la même taille, trame coton

Site fabriquant, clic ici.

 

Portrait de Jean

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Le portrait est un thème récurrent dont je ne peux pas me passer. J’ai participé hier à une séance de nu par vidéo online. Nous étions plus d’une cinquantaine connectés du monde entier à nous retrouver sur internet autour d’un très beau modèle. Le modèle avait prévu, entre autre, une pose de 30 minutes consacrée uniquement au portrait. Trente minutes permettent avant tout de réaliser une pochade, une esquisse colorée des lumières, de quelques traits particuliers de la personne.

Ce petit exercice aussi rapide et minimal soit-il, a réveillé mon envie de modeler quelques figures. J’avais mis de côté des sticks huile Sennelier que j’avais peu utilisé. Il était temps d’en tirer profit. Les sticks huile, sont de gros bâtons de couleur à l’huile. La matière est très onctueuse, très grasse. Il ne faut pas les confondre avec les pastels à l’huile. Les sticks, sèchent exactement comme la peinture à l’huile alors que les pastels à l’huile ne sèchent jamais. Il en va de même pour le résultat. Une peinture réalisée avec des sticks sèche rapidement et n’a pas besoin d’être protégée. Le pastel lui, devra être systématiquement encadré. Je ne possède pas beaucoup de couleurs. En tout cas pas suffisamment de tons pour traiter facilement la couleur chair. Mais j’ai fait avec. Comme support, j’ai choisi un papier à grain, genre papier aquarelle préparé d’un enduit “Gesso” recouvert d’une couche de couleur acrylique.

Pas de dessin préparatoire. J’ai l’habitude de commencer mes peintures en dessinant/peignant. C’est la meilleure façon de placer les masses et de créer les volumes au bon endroit le plus précisément possible. Les premières couches de couleur accrochent durement sur l’apprêt. Pas facile d’étaler la matière avec les doigts. Et puis, couche après couche la couleur s’épaissit, la pâte devient de plus en plus onctueuse et là, ça devient un régal. Toute la construction du portrait se fait petite touche par petite touche et le travail avec les doigts devient essentiel. Il faut enlever, adoucir, remettre, gratter, mélanger sans cesse. Un geste trop appuyé creuse la couleur, détruit la forme ici, la modèle ailleurs. Le plus difficile avec ces gros sticks, c’est de parvenir du premier coup à placer la touche de couleur juste au bon endroit. Il faut peu de choses pour louper un détail. Il m’aura fallu deux heures trente pour réaliser le portrait. Je finis avec le bout des doigts douloureux, la peau bien entamée et les mains totalement barbouillées de peinture.