Vieilles choses

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Dans les hangars et greniers obscurs, ils n’en finissent pas de mourir, victimes du temps, ces vieux objets oubliés et enchevêtrés. Un espace de mémoire qui témoigne de l’avancée du progrès technologique. Mais aussi du désintéressement de cette “chose”, du plaisir perdu de l’usage, de l’utilité d’un objet qui un jour devient obsolète. Qui devient de trop, dérisoire, superflu et les mots pour l’oubli sont tout aussi nombreux que ceux pour chérir. Cet objet que l’on a convoité, obtenu parfois difficilement, parfois aussi avec le doute d’un réel besoin. Cette chose désormais encombre et devient un machin, un bidule qui n’a plus de place auprès de soi. C’est ainsi que se retrouvent sous les vieux toits de tôle ou de lugubres greniers, les besoins authentiques devenus futiles, les désirs d’un moment consommés, les témoins physiques d’une vie qui s’égrène. Mais, on ne jette pas, par respect, par tradition, aussi parce qu’on a vécu la rareté ou le manque. On accumule les objets comme des fragments de soi, corps vieillis aux cicatrices profondes. La peau est parfois bien écaillée, mais c’est souvent le cœur vivant de la chose qui s’est fracturé.
Peindre les vieilles choses, pour moi n’est pas un sujet nostalgique, mais une matière esthétique à la mémoire incarnée.Ce n’est pas seulement un rôle d’observateur, c’est symboliquement servir de passeur entre ce qui fut et ce qui est. Il y a une beauté dans le temps qui passe. Le temps est aussi un artiste qui façonne les objets, poussière, couleurs délavées, matières altérées, fatale conquête de la rouille, et surtout l’incroyable création de formes, de lumières et d’ombres nées à partir du chaos. C’est une véritable grammaire visuelle.
Le désordre, l’empilement des choses anciennes devient un territoire pictural, une nouvelle énergie qui ne peut prendre corps qu’à travers un acte de sauvegarde poétique.

L’été en pente douce

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Les brumes se lèvent sur les champs humides riches de perles de cristal nées de la nuit. Les arbres dans un ultime frisson lachent quelques limpides larmes. Alors, le rouge-queue-noir, le premier, entame son chant.
La vague après avoir œuvré sans relâche sur la ligne de côte, abandonne une lande imprégnée et la molinie folle de vent et d’ivresse fouette l’air en signe de résistance.
Aux heures étouffantes de l’été les bois profonds offrent tout naturellement une ombre fraîche et mystérieuse au flâneur dissident. Les villages aux rues désertées, érigent leurs façades comme autant de remparts de protection. L’air sent le chaud.
L’anse du Pô luit encore de son humidité, que s’avance à nouveau silencieuse dans ses canaux de vase, sous un soleil couchant, une langue d’or et de feu. Bientôt, un deuxième ciel aux reflets impurs à peine agacé par une ligne d’horizon au pourtour incertain, illusionne mes sens.
L’aigrette rejoint sa colonie en lançant un dernier cri rauque et le prudent phragmite des joncs, se love dans son nid perché dans les hautes herbes.
Avec le crépuscule la route se resserre, se referme comme un tunnel d’inquiétude. Sous les yeux jaunes ou blancs les croisements se font à allure comptée.

Voyage au milieu de la nuit

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La fin des dîners chez des amis est souvent tardif, et se situe le plus souvent au milieu de la nuit. Le retour chez soi, à la lueur des phares de la voiture perçant les villages d’un sillage de lumière, change totalement la vision du paysage urbain. À l’effet de roulis que crée le trajet méandrique, s’ajoute l’incapacité visuelle de fixer un endroit distinct. De temps à autre, l’éclat d’un réverbère trop fort, fusille d’un trait le tableau de bord. Dans le pare-brise fusionnent la profondeur infinie du ciel et les halos électriques. Alternent places innondées de lumière et zones plongées dans le sombre cafardeux. Au point d’arrivée, l’extinction des phares, efface subitement le paysage et sa cohorte de mystères.
“Les voyages au milieu de la nuit exacerbent l’imagination et préparent les rêves à venir.”

Huile 30X30
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Huile 30X30
Huile 30X30
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Aquarelle/encre 22X22
Aquarelle/encre 22X22
Aquarelle/encre 17X32
Aquarelle/encre 17X32
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Fêlure

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La fêlure ; elle se crée un jour, d’un choc, d’un mot, d’une incompréhension, d’une peur dont on n’arrive pas à contenir la puissance par la raison. C’est le débordement de l’entendement. Comme un vice caché fragilise une roche, la fêlure enfonce chaque jour un peu plus profondément ses racines au cœur de l’être. L’infection prend possession de la cellule saine pour en pervertir son avenir. L’alien se fait oublier pour mieux étendre son voile pervers dans un moment inattendu. Les cicatrices se révèlent alors toujours fraîches et innocentes, incapables de contenir le monstre qui s’anime. À la douleur du corps de l’homme, s’ajoute celle de son essence même. Et les êtres cassés, parlent, rient, s’aiment, souffrent et se tiennent debout…malgré tout !

Ma ville de banlieue

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Ma ville ressemble à beaucoup d’autres dans la banlieue qui encercle Paris. C’est une petite localité de 6300 habitants bordée sur un côté par une forêt autrefois royale devenue aujourd’hui un espace de promenade très populaire. La nature y est assez présente et facilement accessible. La ville possède son église, deux (petits) centres commerciaux, son café restaurant, des services administratifs, son stade, ses écoles, sa crèche, ses associations etc…etc… En vérité si je ne veux pas faire un inventaire des ressources et commodités ou tout simplement un cours d’histoire barbant qui n’intéressera personne, ou pire encore rentrer dans les détails genre “crottes de chien sur les trottoirs”, il n’y a vraiment pas grand chose à dire. Pire, je ne ferai aucune publicité pour ma ville afin de n’y attirer personne. Oui, je sais, c’est égoïste !

Zoologie

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Mes connaissances en zoologie sont très modestes mais je m’honore malgré tout de posséder quelques compréhensions animalières

L’ours, le tigre et le petit cochon.

L’ours est un animal souvent mal luné, grognon car pendant son sommeil, le monde a tellement évolué qu’il ne le reconnaît plus à son réveil. Il apprécie d’être reconnu comme le plus grand et le plus méchant animal à fourrure de son territoire. Il aime particulièrement le bon miel, le bon saumon et n’hésite pas pour se les approprier à sortir de son territoire et voler impunément ceux de ses voisins. Présomptueux, fort de sa puissance, il méprise les autres animaux. Il n’a pas vraiment d’amis proches. Il côtoie les autres mamifères avec un visage impassible derrière lequel il cache son agressivité et ses insatisfactions. L’ours n’aime pas qu’on lui tienne tête et la moindre contestation de son pouvoir le met dans une rage folle. Imprévisible, de sa patte fourrée aux longues griffes, il peut tout autant caresser et soudainement arracher des chairs avec délectation.

Le tigre est un bel animal qui ressemble à un gros chat plein de rayures. De loin, sa silhouette est majestueuse. De près, comme tous les carnivores, il sent horriblement mauvais (mais ça, c’est strictement subjectif). Le tigre a une démarche lente et assurée. Toute l’attitude d’un animal confiant, qui sait attendre le bon moment pour fondre sur sa proie. La patience, le silence sont ses règles de chasse. Il attire à lui par sa sympathie débonnaire. Il parcourt son fief discrètement et chaque jour sans le crier au quatres coins de la jungle, en prolonge un peu plus les limites en urinant sur un tronc de palmier, au pied d’un rocher. Bref arrose d’un petit jet, tout nouveau territoire convoité. Sa souveraineté est parfois contestée, mais en bon chasseur à l’afffût qu’il est, sa persévérance finit toujours par être récompensée.

Le petit cochon, on le connaît tous depuis notre enfance. Il est tout rose, tout gentil. Il marche souvent sur deux pattes et porte une culotte avec de gros boutons. Il a nourri avec ses histoires, ses aventures, notre vie de bambin braillard. Ce que j’ai retenu de la vie du petit cochon, c’est sa propension à savoir se protéger des autres. Carnivores, rapaces et autres bêtes très déterminées comme le loup. Il érige autour de lui un véritable mur de défense. Personne ne rentre et personne ne sort de sa maison construite en dur, avec beaucoup d’acier. Souvent ridiculisé par ses amis de la ferme et de la forêt, il a développé une grande aigreur qui se traduit aujourd’hui par une animosité envers tous ceux qui ne partagent pas sa bauge.

De cela, sans aucun doute Jean De La Fontaine en aurait écrit une fable et tiré une morale universelle aux petits oignons. Je reste plus modeste et je me demande simplement à la fin…qui mangera qui ?

L’incertain

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La photo d’art, d’actualité, de voyage, d’édition de toute nature, la photo documentaire…est la plupart du temps identifiée par le nom d’un auteur. Dans ces images on peut reconnaitre la signature de Steve McCurry de Sebastio Salgado, de David LaChapelle, de Martin Parr, de Diane Arbus ; et de nombreux autres artistes sans doute moins connus mais dont le style ou l’implication pour une cause, un thème, nous touchent plus particulièrement.
Tous ces photographes sont surtout des professionnels, des artistes amoureux, de l’image. Ils l’ont chevillée au corps et leur capacité à rendre visible le monde à travers leur objectif de manière si personnelle, nous émerveille ou nous surprend à chaque fois.

Mais au delà de la ”grande photo”, j’ai toujours été sensible à la ”petite photo”du quotidien, à celle qui capte avant ou après, un évènement familial, une réunion amicale, et l’heureux déjeuner sur l’herbe par une belle journée de printemps. C’est là que le tonton rigolo apparait, que le ”petit” que l’on place au premier rang et à qui on demande de ne pas faire le guignol, grimace faute d’avoir le soleil dans les yeux.
On possède tous au fond d’un tiroir ou dans une malle au grenier les fameuses photos de ”la” famille. Sagement collées dans un album ou en vrac dans une boite à chaussure. Elles émergent de temps en temps comme un corps refait surface. Un brin de souvenir pourrait t’il apaiser momentanément une plaie existentielle ?

En tout cas, à la vue de toutes ces photos si disparates tant par leur format, leur qualité, leur origine ou leur datation…je me suis toujours demandé qui pouvait être derrière l’objectif. En fait, il y a très souvent une absence et c’est le photographe lui-même. Ce fantôme qui apparait parfois discrètement en ombre juste là, couché au pied des personnages. Qui est-ce ? Dans la plupart des cas on ne le sait pas. Bien sûr, il existe quelques pointilleux qui me diront que le retardateur existait et qu’il était possible de s’immortaliser. Faites moi voir ça sur un Brownie Kodak !
Sur chaque photo, il est amusant de rechercher l’auteur du cliché. Par le style de la mise en scène ou précisément par son absence. Reviennent en mémoire la personnalité des uns et des autres, leurs habitudes lors des séances de pose. Car la plupart des clichés familiaux sont des tableaux posés, composés souvent avec exactitude. C’est un rite ou le degré de parenté et l’âge déterminent aussi le rang de visibilité. La hiérarchie d’un certain ordre moral, de la reconnaissance des liens unissant des parents, une fratrie, de la place des amis au sein d’une famille.

Aujourd’hui, des millions de selfies sont réalisés chaque minute dans le monde entier. On n’aura jamais eu autant d’individus photographiés, identifiés par leur portrait depuis une décennie. Cela compense t’il mon questionnement sur ce ”photographe anonyme” que j’ai tenté de découvrir et qui ne fait que fuir . Entre silence et ombre, ”Inconnu”, sous quelle apparence pourrais tu te révéler ?

Still life

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La nature morte est un terme qui désigne une œuvre d’art montrant des objets inanimés du monde naturel ou artificiel, tels que des fruits, des fleurs, du gibier mort, des récipients comme des paniers, des bols etc. À cette appellation “nature morte”, j’utilise parfois le terme “still life” pour des éléments plutôt silencieux ou immobiles mais pas morts du tout.

La nature morte est un genre qui traverse l’histoire de l’art. On le trouve partout, depuis les tombes égyptiennes antiques, décorées de peintures d’objets de la vie quotidienne, jusqu’aux œuvres d’art moderne où il offre l’occasion d’expérimenter de nouvelles techniques, formes et styles. Le genre est devenu particulièrement populaire aux Pays-Bas au XVIIe siècle, lorsque l’urbanisation a conduit à mettre davantage l’accent sur la maison, les biens personnels et le commerce.

À maintes reprises tout au long des trente dernières années de sa vie, Paul Cézanne a peint ces mêmes objets : le vase vert, la bouteille de rhum, le pot de gingembre et les pommes. Il a utilisé ces objets comme base pour expérimenter leur forme, leur couleur, leur éclairage et leur emplacement.

Il existe de nombreuses raisons qui peuvent pousser un artiste à se tourner vers la nature morte. Comme Cézanne, il peut avoir envie de jouer avec la perspective, la disposition des objets, la couleur, de tester de nouvelles techniques ou tout simplement éprouver ce sentiment d’intimité que l’on peut ressentir seul, dans son atelier avec des objets familiers.

La nature morte peut aussi représenter une période d’activité intérieure pour un peintre. Voire remplacer l’embauche d’un modèle vivant ou compenser une saison peu favorable aux sorties à l’extérieur pour le paysage.

Bien que cela puisse paraître simple, l’art de la nature morte peut aussi représenter des thèmes complexes. Certains célèbrent la vie et ses plaisirs en exhibant la nourriture, le vin et les richesses matérielles tandis que d’autres peuvent alerter sur les dangers ou le caractère temporaire de ces plaisirs. Les peintures de vanités abordent toutes deux les thèmes de la mort et de la fragilité. Les “memento mori” comprennent généralement des crânes, des bougies éteintes et des sabliers, tandis que les “vanités” incluent d’autres symboles de vanité comme le vin et les instruments de musique.

Les peintures de fleurs représentent un fort inconvénient qui est celui de leur fraîcheur qui se dégrade au fil des séances. Alors que les fruits se prêtent très facilement à un travail en atelier beaucoup plus long.

Miniatures

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Aujourd’hui, dans les galeries et les expos on peut voir des œuvres de grands, de très grands formats. Le fait n’est pas nouveau. Les anciens ont produit d’immenses toiles que l’on peut toujours découvrir au Louvre ou à Orsay. La taille des peintures possède un pouvoir attractif par le fait que le sujet semble à échelle humaine. On entre ainsi dans des univers inconnus avec une grande facilité. C’est une sorte de visite virtuelle dans l’ambiance des Noces de Cana (Véronèse), de Caïn (Fernand Cormon), de la Fête de Vénus (Rubens), de la mort de Sardanapale (Delacroix), et tant d’autres dont les campagnes Napoléoniennes traitées par Meissonier ou par Gros. Les Nymphéas de Claude Monet au musée de l’Orangerie doit aussi être considérée comme une œuvre magistrale.


Aujourd’hui, la palme de la plus grande surface peinte revient à l’artiste iranien Emad Salehi avec une œuvre intitulée “Ball Story” qui couvre 9600 m2. Battant ainsi Sacha Jafri qui détenait le record avec une toile de 1596 m2, vendue 52 millions d’euros.
Un peintre m’a dit un jour qu’un grand format convenait parfaitement aux expos et que les petits formats s’accordaient plutôt bien pour une diffusion sur internet.
Compte tenu de mon espace limité pour peindre, les grands sujets ne sont pas pour moi. C’est comme ça que je me replonge dès à présent sur ma toile de moins de 20 cm pour cette série qui n’est (hélas) pas réalisée sur le vif.
Aux USA, il existe une réelle pratique des peintures de petits formats. Peintures réalisées en une fois et dans un temps très limité, à l’aspect synthétique, sur des supports souvent inférieurs au format 21×30. Ces pochades enlevées, expriment par un coup de patte enlevé, un style en soi qui constitue un courant à part entière. C’est dans ce pays (allégé d’une culture picturale classique) que l’on trouve le matériel le plus varié et et le mieux adapté à la peinture sur le motif.

À poil

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C’est généralement l’expression populaire pour désigner le fait de se mettre à nu. Toute interprétation étant possible, on trouve cependant ici et là, cette explication : au 17ème siècle l’expression s’employait dans le domaine de l’équitation. Monter un cheval “à poil” signifiait qu’on le montait “à même le poil”, c’est à dire sans selle ni couverture. La locution “à cru” employée au 17ème siècle avait la même signification. Cette expression avait d’ailleurs le sens de “à même la peau” en parlant par exemple des vêtements. À poil avait également le sens de “courageux”, ce qui a donné aux soldats de la Première Guerre Mondiale le nom de “poilus”. L’origine exacte de cette locution reste obscure, mais la référence au domaine de l’équitation semble la plus probable.
En ancien français, le sens de poil n’avait pas la précision qu’il a en français moderne : il pouvait, non seulement renvoyer au poil mais aussi au cheveu. Il en va de même pour crin, qui pouvait désigner dès l’origine le poil d’un animal mais aussi la chevelure jusqu’au 17e siècle.

Du “à poil” au “poil”, il n’y a qu’un cheveu que je me suis permis de franchir cavalièrement.