Rencontre avec Maryl

Maryl Leberre, artiste peintre et photographe

Maryl Leberre, artiste peintre et photographe

Je m’appelle Maryl Leberre, je suis née en 1948. Je suis artiste peintre…et photographe. On me dit souvent que “peinture et photographie” c’est incompatible. Bon ! C’est comme ça ! J’ai fait l’École des Beaux Arts de Quimper. Je suis partie aux États-Unis où j’y ai vécu 20 ans. J’ai intégré “Parsons School of Design” ou j’ai eu le bonheur d’étudier la photographie avec Larry Fink à New-York puis “The International Center of Photography”, toujours à New-York.
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Ma peinture est le reflet de mes émotions elle m’aide à me connaitre. C’est une écriture très expressionniste. Sans cette émotion, cette reconstruction des corps à travers la matière n’existerait pas. L’anatomie me sert de prétexte pour faire jaillir ce que je sens de plus profond en moi. C’est une peinture difficile, sans concession, qui heurte. J’expose régulièrement, tant en France, qu’en Belgique, aux U.S.A, aussi bien mes peintures que mes photos. Je participe également à des expositions collectives.Mais tous les 2 ans, je fais une expo personnelle dans ma galerie-mère, la galerie Marie Vitoux dans le Marais à Paris. Là, il me faut environ une quarantaine de nouvelles toiles parmi lesquelles choisir pour l’accrochage. C’est un gros boulot. Mes parents ne m’ont jamais encouragé à me diriger vers cette activité. Par contre, ils ne m’en ont jamais empêché non plus. Ce qui est plutôt bien ! Je pense que ce goût pour l’art me vient principalement de ma mère plus que de mon père. Bien que ce dernier ait eu quelque talent vocal. Ma mère, dans sa jeunesse brodait des costumes traditionnels bretons. J’ai dû hériter de sa passion pour la couleur, la matière et son énergie pour créer. ssj-maryl-02Et si c’était à refaire… je referais pareil à cette nuance près que je me lâcherais davantage. C’est vrai, en vieillissant, on se rend compte de tout ce vécu que l’on a accumulé. Et c’est si difficile d’en profiter, de le faire ressortir. Oui ! C’est ça, se lâcher ! J’aimerai aller plus loin en peinture, tenter plus. Mais ça demande un effort énorme. Sortir de ses habitudes c’est si important. Je ne veux pas me contenter de refaire ce que j’ai déjà fait et que je réussis “que je suis sûre de réussir” à tout coup. Parfois j’ai des amis qui me disent à propos d’un détail sur mes peintures, “tiens, ça c’est bien, tu devrais refaire comme ça !”. Mais, ça ne m’intéresse pas de capitaliser sur ce que j’ai déjà fait et qui est réussi. C’est si facile de s’enfermer dans un systématisme. J’ai envie d’aller au delà, de profiter même de certaines erreurs pour prendre des chemins que je n’ai pas explorés. Si j’étais maître du monde… ce que je ferais ? Franchement, je ne sais pas. Je n’ai pas de réponse ! Il faudrait éduquer les gens, pour qu’ils apprennent à se connaitre, …que les enfants puissent donner vie à l’art qu’ils portent déjà en eux car après l’école maternelle ils doivent l’étouffer.
Merci Maryl

http://maryl.net
http://marylleberre.blogspot.com

Exposition en cours

PASSEURS DE L’ART CONTEMPORAIN
Nouvelle Génération
peintures – sculptures
du 13 décembre 2012 au 12 janvier 2013
vernissage le jeudi 13 décembre à partir de 18h
Galerie Marie Vitoux 3, rue d’Ormesson
Place Sainte-Catherine
75004 Paris

Fils & filles d’immigrés

Mon père est né en 1913 à Alcazaren, dans un petit village d’Espagne. Fils d’Antonio et de Nemesia. La famille compte cinq enfants, quatre frères et une sœur, la plus jeune de la fratrie, protégée par des garçons tout à ses petits soins.

À cette époque-là, une bonne partie du peuple espagnol vit dans la misère. Je retiens cette phrase que mon père me répétait, lorsqu’il m’arrivait de me plaindre de ma situation : “En Espagne, nous n’avions que des pierres à manger. Il n’y avait rien à faire. Notre maison possédait une cour carrée faite de poussière où gamins nous traînions pieds nus au soleil !”.

Antonio & Nemesia. Toute la famille franchit les Pyrénées en 1918

Il aura sans doute fallu beaucoup de courage et pas grand chose à perdre pour que toute la famille franchisse les Pyrénées dès 1918, en direction des Landes. Un exode patriarcal bien avant les premiers réfugiés et exilés républicains que la guerre d’Espagne déversera sur le sud de la France en 1939.

Mon grand-père paternel, trouve un labeur dans la forêt landaise. Il sera charbonnier, résinier, collectant la sève d’or des grands pins. Cette résine liquide et odorante fut sans aucun doute le plus grand trésor que mon grand-père dût posséder. Frères et sœurs ne parlent pas un mot de Français, ne savent ni lire, ni écrire. Bien vite scolarisés, c’est un peu de leur liberté qu’on leur prend. Les liens familiaux se ressèrent face à l’inconnu.  Les quatre frères font corps et apprennent à se faire respecter par les autres gamins, mieux nantis. Pour une insulte, un manque de respect, ils font le coup de poing quand nécessaire. Ainsi va la petite enfance, l’adolescence et l’apprentissage de la vie adulte.

Benvenuto mon grand-père maternel.

Ma mère Rita, est née en 1921 à Sarego un village en Vénétie, au nord de l’Italie. Pour des raisons professionnelles, son père Benvenuto quitte l’Italie, et embarque sa famille pour le sud-ouest de la France.

C’est là que mes parents se rencontrent pour la première fois. Les jours sont doux et lumineux. La mer et ses immenses plages, le soleil, le foisonnement de la mauve bruyère dans la forêt landaise, sont autant d’appels favorisant l’insouciance des jeunes gens.

Rita & Séverin les fiancés des Landes

Mais, des hommes ailleurs, en décident autrement et bousculent les événements. De simple rumeur, la guerre passe à la  cruelle réalité.
En Italie, Mussolini est au pouvoir. Toute la famille italienne reprend le train pour rejoindre sa terre natale en décembre 1940.

Mon père engagé volontaire dans la Légion Étrangère.

Mon père a 26 ans. Considéré comme étranger par l’administration, il ne peut prétendre rejoindre l’armée française. Face à la montée du facisme, il rejoint dès 1939 la légion étrangère comme “engagé volontaire”. Il combattra aux côtés de tirailleurs Sénagalais dont il me vantera toujours le courage. Il recevra la croix de guerre pour “très belle conduite” au feu pendant les combats du 18 et 19 juin 1940. Fait prisonnier quelques jours plus tard, malgré plusieurs tentatives de fuite, il terminera la guerre en Allemagne au stalag XI B de Fallingbostel. Il sera un prisonnier anonyme parmi les 80.000 prisonniers que comptera ce camp.

Libéré par les alliés en avril 1945, il part à la recherche de son amour de jeunesse dans une Italie en ruines. Sans doute dans la crainte d’une deuxième séparation, il épouse Rita sur place avant de revenir dans le Sud-Ouest en couple légitimement uni. Mes parents adoptent la nationalité française en 1950.

Du vivant de Franco, aucun membre de la famille ne mettra – ne serait-ce – un seul pied en Espagne. La France est leur seul et unique pays de cœur. Les insultes racistes que la maisonnée subira de temps à autre (fils et filles de macaronis ou d’espingouins) n’altèrera pas leur amour pour le pays. Mon père reconnaissait en la France, un pays qui l’avait sorti de la misère, lui avait permis de manger à sa faim, lui avait offert la possibilité de travailler en toute liberté, de penser et de s’exprimer sans crainte de représailles.  En contrepartie, cette famille espagnole, depuis plus d’un demi siècle aura aussi donné de nombreux enfants, de nombreuses mains et esprits fondus aujourd’hui dans une France multiraciale.

Aujourd’hui, lorsque j’entends des voix “eructantes”, voulant nous faire croire que notre mal-être est dû à ces “gens venus d’ailleurs”-” des “pas comme nous” qui selon les dires “pénètrent chaque jour par milliers dans notre pays”, je ne peux malgré tout que me sentir un peu concerné. J’ai bien compris que c’est surtout vers “Rachid, Ahmed, Aïcha, ou Meimouna”, que les regards sont orientés. Mais demain, qui sait si “Nicu, Laurentiu, Mircea”, puis les “Juan, Albertino ou Agostina” ne seront pas eux aussi montrés du doigt. Il faut toujours trouver un coupable…”Adam, Déborah, Ismaël, Joshua” et tant de millions d’autres en ont déjà subi les conséquences par le passé. Sans être naïf sous prétexte de tolérance qui peut s’apparenter à du laxisme et accorder un blanc seing à tout et à n’importe quoi, il convient d’être vigilant afin de ne jamais devenir un jour, de par ses origines, le paria d’un “ordre nouveau”.

Les ombres du passé

Un petit village dans les Alpes de Haute Provence. Presque une ruine. Quelques maisons se donnent le coude par solidarité pour ne pas s’effondrer ensemble. 

La place du village avec sa fontaine à l’eau fraîche

La ville la plus proche est à dix kilomètres à travers une petite route de montagne sinueuse. Largement ouverte sur une vallée lumineuse, une modeste place s’orne de deux marronniers et d’une fontaine à l’écoulement aléatoire.Trois vieux sont là. Ils constituent l’âme du village. Ce village, ils en connaissent chaque caillou, chaque courant d’air, chaque craquement. Ils y sont nés !  Depuis près de 85 ans, leurs galoches ont lustré le pas de toutes les portes des maisons. Les visiteurs sont rares ici. Parfois quelques touristes fourvoyés par leur carte IGN ou en mal d’exotisme aterrissent sur la place. C’est un événement. Le village doit compter en tout et pour tout six ou sept résidents permanents. Pas facile de croiser les conversations.

Albert et son frère Pierre, célibataires, ainsi que Roger veuf depuis peu.

Albert est le plus jeune des trois petits vieux, le plus facétieux aussi.

Alors, les vieux se réunissent sur le seul banc exposé au soleil et soignent tout autant leur mélancolie que leurs rhumatismes. On fait remonter les souvenirs des entrailles du passé. On parle du temps d’avant, du temps ou les moutons envahissaient le village. Du temps ou près de 150 personnes vivaient là. On parle de son mal, aujourd’hui plus supportable que la veille, de l’avenir qui va aller forcément beaucoup moins bien. En un mot, on soigne sa misère en faisant passer le temps bon an, mal an. Car de la misère il y en a. Celle de la solitude, pour ceux qui n’ont pas pu trouver de compagne acceptant de vivre “là-haut”. De la tristesse, de celui qui perd brutalement son épouse – laquelle savait prendre sa part de travail comme un homme – et ne peut plus par invalidité assumer sa propre existence. De la douleur physique pour une hanche qui coince, une jambe qui ne tourne plus rond et oblige à se déplacer de guingois.

Albert dans sa grange cherche le grain pour ses lapins.

Quelques moutons survivants du troupeau d’antan hantent une vielle bergerie.

Avec des petites retraites de 400€ par mois, ils ne se plaignent pas. Ceux qui ne possèdent rien, n’ont plus grand chose à dépenser. On se concentre sur le strict nécessaire et se nourrir fait partie des nécessités quotidiennes. Bien sûr me direz vous, il y a bien quelques lapins dans la grange qui seront vendus à un ami ou à une connaissance, quelques légumes goûteux au jardin, mais tout celà se paie de beaucoup d’efforts. La télévision constitue la seule fenêtre encore ouverte sur le monde. On chasse un peu, à l’affût, car se déplacer dans les ravines, grimper, descendre, courrir après la bête n’est plus trop possible. Lorsque les ombres s’allongent et avant que la faîcheur ne transperce les vénérables tricots de laine, les vieux, sans se promettre un hypothétique lendemain, se lèvent en s’aidant de leurs mains sèches et tremblantes. Dans la cuisine, unique pièce à vivre, le poêle à bois ronfle et crépite. L’éclair bleu de la télévision s’entrelace avec la lueur chaleureuse d’une antique ampoule électrique. Dans le silence de la nuit provençale, comme en écho aux paroles des trois vieux, les ombres du passé se manifestent, nostalgiques squelettes rescapés d’outre tombe.

Quand les lumières dansent ensemble.

Les résurgences du passé jouent au théâtre des ombres.

On ferme!

Voilà, c’est fini.
Pendant 2 mois la France va rentrer dans sa coquille pour vivre au ralenti.

Il n’y aura d’intérêt que pour la météo des plages, les places incontournables des meilleurs festivals…ceux du jazz, du théatre, de la danse, du cinéma ou du boudin blanc aux pommes. Les radios ressortent leurs émissions musicales qui tirent en longueur. Un animateur en stage avec une pile de disques, c’est plus facile à programmer que des invités autour d’un sujet sérieux. Les chaînes de télévision recherchent dans les stocks la énième saison des “Experts” ou “NCIS” qui ne soit pas déjà passée 3 fois sur les ondes. Après tout, les français s’en foutent des sujets sérieux. Ils sont en vacances! Ils veulent de la détente! Du “cool”! De la culture prémâchée. Pas des “trucs” qui vont leur casser les “c…….”! Exxxxcusez-moi je m’emporte! À trop regarder l’Euro de foot, je finis par parler comme un footballeur. Bref, pour la plupart, les “stressés” seront bientôt sur les côtes, côte à côte, en train de griller comme des merguez.

Noter atelier de “modèle vivant” ferme aussi. C’est fini jusqu’en septembre. Les chevalets ont été remisés, les tables retournées, les rideaux tirés.

Une partie des “croqueurs” en pleine action gourmande.


C’est autour d’un petit repas que quelques fidèles “croqueurs” se sont réunis pour la “der”. Les verres ont trinqué, les assiettes n’ont pas désempli et le soleil aidant…(et peut-être aussi quelque divin nectar…) il a fait chaud sous les chapeaux.

André et son chapeau de cardinal.

Ça laisse dubitatif. N’est-il pas?

Il faisait chaud sous les chapeaux…

Je concluerai ce petit article en glissant quelques croquis de la “dernière séance” comme signe de remerciement envers tous nos modèles. Un sincère message de reconnaissance aussi pour la “responsable” de cet atelier qui ne perdurerait pas sans son excellente organisation.
Bonnes vacances à tous ceux qui partent, et à bientot ici même pour ceux qui me suivent.

Le “vrai travail”.

L’humanité n’est pas marrante, jamais satisfaite, souvent incohérente. Prenez l’exemple de la météo ! Ne vous est-il jamais arrivé de vous plaindre de la pluie…et deux jours plus tard alors que le soleil est revenu, vous éponger le front ruisselant de sueur en pestant contre cette chaleur subite. Et pendant ce temps là, elle fait quoi la nature ? Elle poursuit son petit bonhomme de chemin pour nous offrir ce qu’elle a de plus beau et de plus mystérieux. Bon, ce n’est pas encore la profusion de toutes les espèces ni le feu d’artifice de couleurs, mais déjà en portant son regard vers le bas, on peut apprécier la vitalité du petit monde qui “travaille”.

L’anémone pulsatille est une plante vivace des endroits calcaires. D’avril à juin, la plante se pare d’une floraison aux délicats coloris violet-pourpre.
Dès que la fleur est fécondée, elle fane, son pédoncule s’allonge et le fruit se développe. Il est constitué par un bouquet d’akènes prolongés par une longue arrête plumeuse qui bouge au moindre vent comme les fines folioles poilues.

Le lézard vert, comme tous les reptiles apprécie le soleil pour faire le plein d’énergie. Il grimpe facilement dans les arbres et nage très bien. Il mue une fois par mois et hiverne de novembre à mars sous une racine ou un amas de végétation. Les accouplements qui ont lieu d’avril à juin, sont précédés de violents combats qui peuvent entrainer la mort de l’un de deux protagonistes. Violent le lézard !!!

Anthocharis cardamines, son nom latin inspire le respect pourtant, c’est un petit papillon très commun. Appelons le familièrement “Aurore”. C’est l’un des nombreux représentants de la famille des Piéridae (piéride du cresson). Le dimorphisme sexuel est très marqué et apparent. L’apex des ailes antérieures du mâle portent des taches orangées assimilées au soleil levant. Les femelles sont souvent plus grandes et leurs ailes sont blanches à pointes noires.

Andrena haemorrhoa est une abeille solitaire que l’on appelle communément abeille des sables. C’est la plus petite andrène de nos régions (une dizaine de millimètre). Elle fait son nid dans le sable ou la terre et apparait très précocément au printemps. Vous aurez toutes les chances de la voir butiner plus particulièrement sur ses plantes favorites…épine noire, pissenlit, saule.

Vieilles tôles

Il ne fait pas bon se promener sur les plages Landaises cette nuit du 2 au 3 décembre 1976. La tempête sur l’océan fait rage. À l’intérieur des terres, les pins craquent et se couchent sans combattre, entièrement soumis aux vents déments venus du large. Deux navires (le cargo à vapeur Virgo, le pétrolier Apolonian Wave) s’échouent l’un à côté de l’autre sur les plages de Mimizan.

L’Apolonian Wave brisé en deux sur les plages landaises.

L’Apolonian Wave comme un sous-marin surgi de la mer.

Parti de Bayonne en direction du Portugal, le Virgo, cargo de 109 mètres battant pavillon Grec est en vilaine posture au large de Bilbao. Le capitaine met cap au nord pour fuir la tempête.
Dans des creux de 14 mètres, au large de Mimizan le Virgo est à la dérive et vient s’échouer sur la plage de Lespecier à quelques kilomètres de la petite ville balnéaire.
Grâce à l’organisation rapide des secours, le naufrage ne fera aucune victime. L’équipage quitte le navire au petit matin.
Accessible à marée basse, la cargaison du navire attire vite les convoitises. Quelques téméraires, renouant avec l’instinct de piratage de leurs ancêtres, se hissent à bord et s’emparent de quelques marchandises. Le compas du Virgo fait partie des pièces dérobées.
Le Virgo est démantelé sur place dès avril 1977. Les tronçons d’acier découpés sont expédiés en Galice pour la récupération. Un violent incendie en juillet ravage les restes de l’épave. Le vieux cargo est entièrement démonté à la fin de l’été 1977, les fonds du navire disparaissant avec le temps sous les sables.
L’Apolonian Wave est un pétrolier grec de 207 mètres en fin de vie. Il se dirige vers les chantiers de démolition Espagnols avec le minimum de carburant pour arriver à destination. C’est sans compter sur la tempête qui l’oblige à consommer plus de combustible que d’habitude. C’est la panne de machines. Le pétrolier est en perdition. L’équipage est hélitreuillé dans la journée du 2 décembre. Le navire dérive sans équipage, entrainé par les courants et finit par s’échouer lui aussi sur la plage de Mimizan à 700 mètres du Virgo.

Il était possible d’atteindre le navire à marée basse.

Après de longs mois de discussions et d’hésitations, une tentative de remise à l’océan de l’épave échoue et brise le navire en 2 parties. C’est fini pour l’Apolonian Wave, il ne quittera plus la plage et est lui aussi soumis au chalumeau pour être démoli in situ.
Des parties du Virgo resteront de nombreuses années sur le sable blanc de la plage, se consumant lentement au gré des marées, des vents salins, et des intempéries.

Les restes du Virgo hantent la plage

Les vieilles tôles, source d’inspiration pour les photographes.

J’ai retrouvé et scanné quelques diapositives que j’avais réalisées à l’époque de l’Apolonian Wave déjà brisé en deux. J’ai eu l’occasion de visiter plusieurs années de suite ce site et de saisir la lente agonie d’une partie de la structure abandonnée sur la plage. Ce sont ces histoires et ces documents qui m’ont inspiré pour réaliser les deux toiles ci-dessous qui forment un diptyque.

(Aux même dates, le Rubben, cargo panaméen est lui aussi en perdition et finit par s’échouer sur les plages Landaises à Seignosse, 60 km plus au sud.)

Vaison-la-Romaine

Vaison-la-Romaine est une localité du Vaucluse, située à quelques kilomètres d’Orange, des Dentelles de Montmirail et en vue du Mont Ventoux. Vaison s’enorgueillit de la présence de ruines romaines dans la partie basse de la ville et d’une cité médiévale sur un piton rocheux qui domine la ville.

Pas d’inquiétude, je ne vais pas vous faire un cours d’histoire, mais simplement revenir en quelques lignes sur un drame dont on a du mal à mesurer l’ampleur lorsque l’on considère les évènements à distance.

L’Ouvèze en amont de Vaison-la-Romaine

Le 22 septembre 1992, les crues d’automne gonflent de façon exceptionnelle le cours de l’Ouvèze, charmant petit torrent, qui semble bien inoffensif comme le montre mes images. Certains se souviendront sans doute des images vidéo de ce pont romain qui résiste face à l’assaut des flots emportant des tonnes de déchets, dont des caravanes. Le flux dément franchit le tablier de pierre. Les eaux atteignent alors 17 m de haut au goulet d’étranglement du pont. C’est à dire 15 m de plus par rapport au lit mineur de l’Ouvèze. Une plaque rappelle le niveau atteint par la crue, soit 2 m au dessus du tablier du pont romain. Quand on examine les lieux, il est difficile de croire qu’un tel désastre ait pu se produire. Et pourtant…La crue meurtrière de l’Ouvèze

Plaque indiquant le niveau atteint par l’Ouvèze

La flèche rouge indique le niveau atteint par la crue

La décrue apporte les premières constatations des dégâts. Une centaine de maisons et de commerces proches du pont romain sont partiellement détruits. Le camping est dévasté, les constructions situées dans le lit majeur du cours d’eau sont sinistrées voire ont disparu. Certains sites sont enfouis sous 3 m de boue. On compte 37 morts, 4 disparus et des pertes matérielles qui s’élèveront à environ 76 millions d’euros.

Le Toulourenc, petit torrent tranquille qui alimente l'Ouvèze

Le Toulourenc, petit torrent tranquille qui alimente l’Ouvèze

L’Ouvèze est alimenté en amont par des petits torrents de montagne qui ont joué aussi leur rôle dans cette crue meurtrière. Ce sont des petits cours d’eau que j’affectionne pour leur tranquillité, pour les effets de lumière qui percent leurs sombres gorges. Il y a cependant une règle que je respecte toujours, c’est celle qui incite à la prudence en cas de fortes pluies ou de violents orages. L’histoire montre que le filet d’eau au murmure apaisant peut vite se transformer en symphonie tumultueuse.

Attention à ne pas se faire prendre dans les gorges par temps d'orage

Attention à ne pas se faire prendre dans les gorges par temps d’orage

Un site tranquille ou niche le cingle plongeur

Un site tranquille ou niche le cingle plongeur

L’atelier de nu.

Je vous ai déjà parlé de l’atelier de modèle vivant que je suis une fois par mois. Aujourd’hui, nous avons ouvert notre première session de l’année. À cette occasion je ne peux résister à l’envie de vous présenter le petit groupe que nous formons.
Il faut que vous sachiez surtout que sur 7 participants, il y a 6 femmes et un seul homme. Et par évidence, le seul homme, c’est moi! J’entends déjà les réflexions de ceux qui vont me plaindre et de ceux qui vont m’envier. Pour ma part je me sens en excellente compagnie. C’est un réel plaisir que de crayonner dans cette ambiance toute féminine. J’apprécie beaucoup la capacité des femmes à rester concentrées sur leur sujet, et aussi cette facilité qu’elles ont à exprimer leurs émotions sans arrière pensée. C’est dans une très bonne ambiance, ou chacun et chacune s’encourage sur des poses aux raccourcis dificiles, que sont vécues les 3 heures de dessin. Et ce n’est pas la pose café avec les petits gâteaux qui perturbe l’intensité de la matinée. De toute façon, notre intervenante Élysabeth Ribéra est là pour aiguillonner la créativité du groupe. Élysabeth, se reconnait facilement, à ses mains. Des doigts, la plupart du temps plein de peinture. Je la soupçonne, comme les enfants de tripatouiller la couleur sur la toile avec ses “petites” mains.



 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour en venir au dessin et aux résultats.

En reprenant quelques esquisses très rapides, j’ai combiné plusieurs poses sur un même support papier. L’idée n’était pas d’en faire une représentation très figurative et figée, mais plutôt d’en exprimer le mouvement en jouant avec des transparences. Sur le papier, j’ai superposé des jus très liquides de peinture acrylique. À certains stades, je suis revenu avec du blanc de titane pour recouvrir ou estomper des parties de couleur qui ne me plaisaient pas ou qui devenaient trop présentes. Pour finir, avec des spatules métalliques semblables à celles qu’utilisent les carrossiers, j’ai déposé de fines couches ici et là de Gesso afin de créer de la matière et des zones presque opaques.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En “live” et dans un esprit plus léger, quelques essais à l’aquarelle.

L’inconvénient de l’aquarelle, lors d’une séance de poses courtes, est son temps de séchage. Bien que l’aquarelle impose de fait, de jouer avec le blanc du papier, j’ai constaté combien il fallait ici ne pas trop surcharger en couleur son travail. Le “timing” ne permet pas une absorption suffisante de l’eau pour diriger la couleur là ou on le souhaite. Il faut accepter une grande part de hasard… s’en accomoder et même plus, utiliser l’apparition de “l’aléatoire”. La magie de l’eau en quelque sorte!



Les esquisses à l’encre de chine et au pinceau, du fait de lavis réalisés à partir d’un seule couleur (le noir), ne posent pas les mêmes problèmes. Il suffit de faire attention aux zones très humides qui peuvent attirer des coups de pinceaux trop chargés en encre. Au pire, on obtiendra à certains endroits une valeur de gris trop foncée mais pas un mélange disharmonieux comme en aquarelle. Le crayon gras aquarellable “Swan Stabilotone” est un médium intéressant et facile à mixer avec de l’aquarelle ou de l’encre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je terminerai mon “blabla” par 2 ou 3 dessins au fusain. Un autoportrait (il n’y a pas grand chose à dire), un nu féminin que j’ai réalisé avec fusain en bâton et fusain en poudre…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

… et un portrait au fusain que je n’ai pas pu finir à l’atelier. Le temps m’a manqué pour travailler la ressemblance. Et bien sincèrement, le modèle ne ressemble pas à mon dessin. Sans modèle, ne pouvant inventer ce que je n’avais plus sous les yeux, je me suis attaché à rendre ce portrait le plus crédible possible. Mon intention était d’en faire non pas un personnage inventé mais un personnage réellement vivant. Je laisse le résultat à votre entière appréciation.

Conflans Sainte Honorine

L’hiver a ceci de particulier, c’est que les conditions météo si différentes d’un jour à l’autre, créent des ambiances lumineuses et colorées qui sont un vrai régal pour les yeux.

Conflans Sainte Honorine est une ville construite au confluent de la Seine et de l’Oise. Grâce à l’avènement industriel du 19 ème siècle, la ville connait un formidable essor. Une chaîne de touage est mise en place entre Conflans et Paris en 1855. Cela permet la remontée des péniches sur la capitale alors en plein développement urbain. Le touage sur la Seine entre Conflans et Paris, fonctionnera jusqu’en 1931. Les péniches céderont peu à peu leur place aux remorqueurs.
L’activité batelière est aujourd’hui moins dense. La ville n’en est pas moins la capitale de la batellerie et célèbre tous les ans au mois de juin la fête du “Pardon national de la batellerie”.

Chaîne de touage : une chaîne métallique, fixée à ses deux extrémités, est immergée dans le cours d’eau. Le bateau-treuil, le toueur, équipé d’un moteur à vapeur, s’agrippe à cette chaîne et peut tracter un train d’une quinzaine de péniches : les péniches vides sont placées près du toueur, tandis que celles qui sont chargées restent à l’arrière pour rigidifier l’ensemble.

Cirque Zavatta.

Le mercredi, c’est le jour des enfants. Pour moi, c’est aussi le jour ou je m’occupe de ma petite fille “of course”. C’est le jour des promenades en forêt, de la visite aux canards de l’étang du coin, de la pâte à modeler, des déguisements et tant d’autres activités que seuls les enfants nous permettent de revivre.

Les animaux campent sous les fenêtres des caravanes.


Mais aujourd’hui, ça sera le “Cirque”. J’ai toujours eu un sentiment mitigé envers le cirque. Combien de cirques se sont installés sur les places des petites villes à grand renfort de publicité diffusée par hauts parleurs. Combien de fois avons nous vu des animaux malheureux, crottés, apathiques reliés à une chaîne qu’ils semblent avoir du mal à traîner derrière eux. Deux ou trois chevaux, quelques chèvres, des lamas sont plantés là, presque oubliés sur le bitume d’un parking ou sur un bout de pelouse au milieu d’une cité grisâtre. Il est très difficile de reconnaître les bons cirques des mauvais. Beaucoup se réclament de telle ou telle enseigne au grand nom, sans en garantir réellement la qualité.

Le rouge et le jaune des couleurs du cirque Lydia Zavatta.

L’immense chapiteau pointe ses oreilles.

Malgré mes réticences, je me suis donc laissé embarquer pour le cirque Lydia Zavatta (c’est la fille du célèbre Achille Zavatta). De nombreux cirques portent le nom de Zavatta. Ce ne sont semble t-il que des loueurs d’enseignes. Le cirque Lydia Zavatta est par filiation directe le cirque à l’ancienne – le vrai –, avec grands fauves, cavalerie, numéros aériens, clowns etc…

Posez vous la question, chameau ou dromadaire?

Un œil affectueux qui ne voulait pas me lâcher.

La ménagerie est ouverte à tous, et j’ai pu constater combien les animaux paraissent sains et bien entretenus. Les animaux qui ont subi des violences, fuient l’homme. Ici, point de maltraitance ils sont calmes et sont venus vers moi, pour se faire caresser. Les cages des fauves sont dans un état de très grande propreté. Nickel chrome ! Ça ne sent pas mauvais, tout semble parfaitement organisé. Les camions semis remorques sont gigantesques et je ne vous parle même pas des luxueuses semis caravanes.

Watusi, en quelque sorte notre vache en Afrique subsaharienne.

Les cages sont nettoyées tous les jours.

Le tigre blanc

Le tigre blanc

Des camions beaux…comme des camions!

Le chapiteau était presque plein. Beaucoup d’enfants. Peu d’adultes, mais 2 ou 3 classes avec des accompagnants. J’ai beaucoup regretté l’ambiance côté spectateurs. Monsieur Loyal faisait tout pour dynamiser un public plutôt éteint. Le clown s’agitait comme un ressort pour déclencher quelques rires. Le spectacle était de qualité, bien rythmé. Les artistes enchaînaient leurs numéros avec talent et gaieté, mais les spectateurs étaient amorphes. Les petits enfants ne sont pas habitués à applaudir. Ils ne savant pas souvent comment se comporter…surtout si le cirque est pour eux une découverte. Il faut leur apprendre à apprécier, les iniitier.
Alors, que “foutaient” ces accompagnants qui avaient placé les petits en rang d’oignons dans les gradins et discutaient entre eux. Ne pouvaient-ils pas stimuler les enfants, applaudir pour leur montrer l’exemple. J’ai cru être en présence d’un public soit “blasé”, soit “lobotomisé”. À moins que surpris par le spectacle, ils en demeuraient bouche-bée. Parfois, quand c’est trop beau on en reste “baba”. C’est ce malaise qui m’a un peu chagriné. J’en étais géné pourles artistes sur la piste. J’avais beau applaudir deux fois plus fort pour montrer mon admiration, je n’entraînais pas grand monde. Monsieur Loyal non plus ne s’y est pas trompé. Entre 2 numéros, il a lâché : “Allez, les Parisiens, il va falloir être un peu plus dynamiques. Nous venons du Nord de la France, et il y avait une ambiance formidable !”

En introduisant les plus jeunes de la troupe Zavatta, ça  s’est mis à bouillonner, à crier, à danser et à chanter sur la piste. Les spectateurs ont suivi, sutout les enfants sur les gradins. C’était enfin gagné. Mais j’ai trouvé que le public était difficile ce jour là !

J’ai été particulièrement surpris par le fait que les photos du spectacle n’étaient pas interdites (sauf photos au flash toujours gênantes pour les artistes et les animaux). Hélas, je n’avais pas le mien. C’est bien connu…on n’a jamais le bon outil au bon moment ! C’est rare de pourvoir photographier un spectacle. Il faut donc signaler cette bonne initiative. Celà m’a incité à revisiter la ménagerie le lendemain pour faire quelques prises de vues.

Les chats acrobates au repos, s’amusent comme n’importe quels chats.

Steeve Caplot, plus à l’aise avec les fauves qu’avec les radiateurs.

J’ai apprécié particulièrement la disponibilité de Steeve Caplot (le dompteur) avec lequel j’ai pu discuter un peu du cirque (entre la réparation de son radiateur et la vérification des cages des tigres). J’ai goûté à la liberté de circulation dans tout l’espace du cirque.

À l’heure des jeux vidéos ou les héros renaissent après chaque partie et réussissent toutes leurs missions, au cirque, il existe des gens qui travaillent dur pour pérenniser leur art, tombent et se font mal s’ils faiblissent car contrairement aux héros ils ne sont pas d’acier inoxydable. Pour que se perpétue cette magie, il convient de bien accueillir ces hommes ces femmes et ces enfants qui forment la maison du cirque qui telle un vaisseau intergalactique au couleurs flamboyantes, se pose parfois en une nuit dans nos villes, nos campagnes pour notre plus grand plaisir.

J’espère que cette première approche en images, ne sera pas la dernière, le cirque est trop riche en symboles pour s’en contenter.
(Une dernière chose, si vous visitez la ménagerie, méfiez-vous des oies…elles sont pires que les fauves. Elles attaquent tout ce qui les approche.)