
Cette année, septembre dans le Vaucluse n’aura pas été une saison peinture prolifique. Un seul et unique sujet à l’huile et trois ou quatre dessins. L’ambiance n’y était pas. Et en peinture, lorsque certaines circonstances ne s’accordent pas l’envie de sortir ses couleurs n’existe pas.
Heureusement, l’enchantement s’est présenté dans le Morbihan pendant trois semaines avec une bonne quinzaine de jours consacrés à peindre et à dessiner. La mer et ses abords toujours en perpétuels changements ont toujours un aspect magique. Loin des clichés d’une Bretagne grise toujours dans les frimas pluvieux, j’ai vécu chaque journée sous un soleil radieux et ce ne sont pas quelques heures “pluvioteuses”, justes bonnes à essuyer la sueur des feuilles qui pouvaient entamer mon ardeur retrouvée.
J’ai comme d’habitude peint sur le vif en une ou deux séances rapides selon le sujet. J’ai pour principe, de prendre une photo du sujet après l’avoir mis en place en quelques touches sur mon support. J’actualise la prise de vue en fin de séance. Cela me permet de conserver du paysage deux moment de lumière très différents. En deux heures, l’ambiance chromatique (température de couleur) change énormément. Entre 8 et 11 heures du matin, la couleur se modifie énormément. Au plus tôt, juste avant que le soleil ne perce, l’ambiance est froide, propice aux bleus et teintes sourdes. À son apparition ce sont les jaunes d’or et les ombres violettes qui émergent. Le jeu des complémentaires est optimum. En s’approchant de midi l’ambiance devient plus dure. Les teintes blanchissent, perdent leur couleur. Travailler en noir et blanc est une bonne option. Dans l’après midi, le soleil restant à une certaine hauteur plus longtemps, l’ambiance couleur évolue peu. C’est l’heure des contrastes. Lumières et ombres vont s’affronter le plus fortement au détriment d’une atmosphère colorée plus stable. La température couleur se modifie très significativement en fin d’après midi lorsque le soleil entame sa descente à l’horizon.
Les deux photos réalisées à des moment différents de la matinée sont donc une sorte de mémoire condensée de l’ambiance. Cette technique a l’avantage de me permettre de poursuivre ma peinture à l’intérieur. Je peux, soit la préciser, soit supprimer ou rajouter des éléments ou même en réaliser une nouvelle version.

Peinture originale. La découpe de l’estran en double forme arrondie n’est ni très harmonieuse ni bien répartie et complique la lecture. Le bateau n’est pas dans les bonnes proportions. Je ne sais plus où est le sujet.

Nouvelle peinture sur le même sujet. Pour ne pas couper ma peinture en deux zones distinctes (eau et estran), j’ai supprimé l’eau et redonné la priorité au sujet (bateau) après l’avoir remis dans de bonnes proportions.

Ce bassin ostréicole abandonné est tout de “guingois” et cette descente en béton construite dans un plan bizarre, heurte la compréhension de la perspective.

Reprise de la peinture originale par une correction partielle du sujet. Suppression de la descente bétonnée et recréation d’un motif nature et estran.
Après avoir exploré les parcs à huîtres avec mon chevalet, j’ai découvert un chantier ostréicole abandonné avec un environnement très intéressant. Cabane en partie ruinée, palettes, poches à naissains (sacs plastiques alvéolés pour les huîtres), bassins et épaves en cours de dislocation, m’ont apporté de nombreux sujets sur un espace très restreint.
Pour la peinture à l’huile en extérieur, je suis fidèle à la technique du papier toilé (Figueras de Canson) enduit d’une ou deux couches de Gesse, tendu à l’adhésif papier sur planche de contreplaqué. Esquisse à l’essence de térébenthine, ou Liquin + essence (ou médium 084 Talens) et poursuite du travail avec ce même mélange ou couleur directe. L’avantage est un séchage rapide et la possibilité de retravailler le même sujet le lendemain ou parfois quelques heures après.
Conjointement à la peinture à l’huile pour laquelle je plantais le chevalet le matin, j’ai aussi consacré quelques après-midi à l’encre couleur. D’une mise en route moins contraignante, avec un matériel plus léger j’ai abordé entre autre les rochers qui forment la côte sauvage de Quiberon. Exercice toujours très lié aux horaires des marées et aux conditions météo. En l’occurence plein soleil, équilibre précaire sur les rochers, souvent du vent assez fort etc…Il faut se battre avec une nature pour le moins “rustique”.
Quelques dessins à la plume et encre noire (toujours sur le motif) viennent compléter la production de cette fin d’été. À défaut de peinture, la plus grande partie de la série à la plume a été réalisée dans le Vaucluse.

Ici, les croquis sont réalisés au pinceau d’un seul jet. Contrairement à l’aquarelle qui reste pour une partie en surface et autorise des corrections ou atténuations, l’encre pénètre tout de suite le papier compte tenu de sa fluidité. Le rendu est éclatant, plutôt dense et saturé comparé aux résultats obtenus avec l’aquarelle. Avantage ou inconvénient pour certains sujets, l’encre sèche assez vite et fonctionne plutôt bien par glacis. La densité de la couleur réclame beaucoup d’eau et nettoyer son pinceau et passer d’un bleu foncé à un jaune clair sans polluer la teinte la plus claire est d’une grande difficulté.






























































À l’origine, j’avais l’intention de rendre une petite visite au Musée d’Orsay, sans doute mon musée préféré, autant par son contenu que par son architecture que je trouve particulièrement réussie pour une sympathique déambulation. Orsay a toujours évoqué pour moi le plaisir de flâner d’une salle à l’autre au milieu de peintures qui font plus partie de mon intimité que les magistrales œuvres du Louvre. Une exposition consacrée aux dessins de danse de Degas me faisait un clin d’œil depuis quelque temps à Orsay. Et puis, influence du climat ou inconséquence de l’esprit humain, c’est vers le petit Palais que j’ai orienté mon choix compte tenu d’une affiche alléchante “L’art du pastel de Degas à Redon”. Finalement des dessins de Degas aux pastels du même Degas, il n’y avait pas forfaiture à se désavouer. 
Il fallait ce jour là une bonne dose de courage mais surtout d’épais vêtements pour démarrer une file d’attente au pied des marches du petit Palais. L’air y gelait même la lumière et le vent sibérien sans pitié ne laissait aucun répit aux pauvres SDF emballés tels des momies dans leurs duvets poussiéreux.







































Je n’ai pas grand chose à dire sur cette galerie dont certaines réalisations ont été publiées sur Facebook. Il m’arrive de ne plus savoir exactement ce qui a déjà fait l’occasion d’une publication. Les dessins et peintures, s’accrochent sur mes murs, s’entassent dans des cartons pendant un certain temps et partent comme un vin vieillir dans ma cave sur quelques étagères. Le temps bonifie t’il les peintures ? J’en doute. En tout cas ce que je sais c’est que l’absence de lumière agit sur l’huile de lin contenue dans les couleurs. Cette action assombrit les “œuvres” et il faudra une exposition à la lumière pour leur redonner leur éclat. Comme quoi, en peinture il faut aussi posséder un savoir de “petit chimiste”.



















L’hiver a ceci de positif, c’est que dans la plupart des cas, la météo étant peu favorable, il est difficile de sortir et c’est un bon prétexte pour rester peindre bien au chaud. C’est le temps privilégié pour s’essayer à la nature morte, à dénicher chez soi ce que l’on pourra bien représenter. Une pomme fripée, un morceau de pain, une sardine fraîche dans une assiette ou même une cafetière cabossée peuvent faire l’affaire. L’important étant moins le sujet que la façon de le peindre (avis tout à fait personnel). 







Une amie m’a demandé récemment ce qui m’avait amené à peindre des dépouilles d’animaux. Mon premier réflexe a été de penser “tiens, quelle drôle de question ?” comme si cette série allait de soi pour tout le monde et que le sujet ne susciterait aucune réflexion particulière.
































Quatre semaines dans le Vaucluse où j’ai retrouvé mes endroits familiers au pied du Mont Ventoux. Comme toujours, j’ai apprécié cette facilité de me déplacer d’un endroit à un autre en toute tranquillité. Peu de voitures, à part sur la route principale montant au sommet, où des hordes de cyclistes s’époumonent dès le virage de Saint-Estèphe. Le moindre chemin roulant de pierres blanches, mène tout de suite à un endroit inconnu, préservé, où il est possible de se retirer du monde. Cette année, la canicule ne m’aura pas trop affecté en ce mois de septembre. Seul le Mistral m’est apparu plus présent et les jours sans vent se sont comptés sur les doigts de la main. Contre la lumière, j’ai pu expérimenter mon petit parapluie “Best Brella” orientable en tout sens, prompt immédiatement à suivre la course du soleil. Il a su résister aussi à un vent modéré, mais j’ai vite compris qu’il était impossible de lui faire braver le moindre souffle du Mistral. De toute manière je n’ai jamais réussi à peindre lorsque ce vent est levé. Tout dans la nature n’est qu’un bruissement incessant de feuilles, de branches, de gémissements. La toile s’envole, entraînant le chevalet et ce n’est pas la grosse pierre ficelée entre les pieds de ce dernier qui le retiendra au sol. Les coups de vent surviennent en rafale, avec des coups terribles, à tel point que la main chargée du pinceau ne parvient pas à poser à l’endroit voulu la touche de peinture. Malgré tout, en me protégeant et en alternant peinture et dessin, j’ai pu travailler sur un certain nombre de sujets qui auront contribué une fois encore à me faire pénétrer un peu plus dans la peinture.










































































