Filles, les mal aimées !

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Dans certains pays et certaines régions, le poids de la tradition plus qu’il ne préserve de la folie dévastatrice de notre société, ne compte plus les méfaits dont il est responsable. Au Rajasthan, les filles sont tuées à la naissance, parce qu’elles coûtent trop cher. Les hommes ne supportent pas qu’une femme s’instruisent tout simplement parce que ces soi-disant descendants de guerriers, perdraient toute leur autorité. Les motifs pour légitimer les infanticides sont nombreux et ne semblent pas prêts d’être remis en cause. Choqué par ces pratiques, je mets ici pour information et partage, un article paru dans le Canard Enchaîné du mercredi 27 novembre 2013. Cet article concerne le reportage “Le pays qui n’aimait pas les femmes”, qui a été diffusé sur Arte  le 3 décembre 2013.
(Rediffusions Arte : mardi 17 décembre à 6h50 – dimanche 22 décembre à 5h00)
Clic ici pour l’extrait.

Quatre femmes puissantes.

Il y a onze ans, la mère de Saroj a refusé de tuer son bébé. Elle s’est rebellée contre sa belle-famille et les guerriers rajput qui maintiennent leur domination sur son village. Aidée de son mari, elle s’est enfuie vers la ville avec l’enfant.
La mère de Saroj était jeune lorsque sa première fille est née. « Ma belle-mère m’a demandé de la tuer, raconte la femme. – Et vous l’avez fait ? » Elle a un léger mouvement de tête : « Je l’ai étouffée avec du sable. » Quand on lui demande pourquoi elle a obéi, elle répond que c’est la tradition. Pour les hommes de sa région, une fille est une bouche inutile. Elle ne peut travailler, ne rapporte pas d’argent et coûte cher en noces. Quelque 8 000 euros offerts à la belle-famille lors des fiançailles, puis 15 000 le jour du mariage, pour être acceptée dans la maison de son mari. Alors, à la naissance de sa deuxième fille, sa belle-mère est revenue tuer. Elle a placé la nouveau-née dans une boîte, vivante, nue. Et puis l’a enterrée.
Mais Saroj, troisième fille du couple, a une fée penchée sur son berceau. Elle s’appelle Gadjendra, une autre femme du village, écoutée par les mères. Depuis des années, elle va de famille en famille pour tenter de sauver leurs filles. Elle explique que ce rituel sanglant n’a pas valeur de loi. Que l’infanticide est interdit en Inde. Que ceux qui se soumettent à la coutume sont des assassins. Convaincue par Gadjendra, la mère de Saroj s’est brusquement révoltée, abandonnant ce village du Rajasthan où tous les enfants sont des garçons.
A Delhi, Sunita est retournée chez sa mère, avec son fils. Son mari la battait. Elle saignait du nez, des oreilles, de la bouche, et sa belle-famille détournait le regard. Sunita, aussi, s’est rebellée. Police, plainte, tribunal. En attendant la décision de justice, sa propre famille l’exhorte à repartir. Sa présence est une charge, la honte des siens et leur déshonneur. « Tous les époux frappent leur épouse », explique sa mère. Elle lui dit qu’il faut accepter ce destin.
A Calcutta, Suzette a été la première victime indienne à porter plainte contre ses violeurs. Et à témoigner à visage découvert. Elle était seule, fréquentait les cafés. C’est pour cela qu’un groupe d’hommes l’a martyrisée à l’arrière d’une voiture. « Plus que le viol, leurs morsures et leurs coups, ce sont leurs rires qui me hantent aujourd’hui », dit-elle, des larmes plein les yeux.
A Vrindavan, au sud-est de Delhi, ce sont les larmes de Gulab Bai qui perlent. A 84 ans, cette femme est veuve, c’est-à-dire moins que rien. Réfugiée dans la ville de Krishna avec des milliers d’autres, elle s’est rasé les cheveux et s’est enveloppée d’un sari blanc, signe de son abandon. Fille, elle était inutile. Femme, elle était un fardeau. Veuve, elle est devenue pécheresse. Survivre à son mari est une calamité. Il y a des siècles, une veuve était jetée vive sur le bûcher de son homme. Aujourd’hui, elle est chassée de l’existence. Elle porte malheur, dort dans la rue, mendie sa poignée de riz. Gulab Bai a été mariée à 9 ans. De sa vie d’avant elle n’a pas de souvenirs. Et se bat aujourd’hui pour survivre.

Au bord du fleuve, quatre hommes portent l’une de ses sœurs, morte dans la nuit. Assis sur leurs talons, ils regardent le fagot qui la recouvre puis le feu qui la dévore.

Sorj Chalandon

Fin d’automne

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C’est l’heure exquise et matinale
Que rougit un soleil soudain.
A travers la brume automnale
Tombent les feuilles du jardin.

Leur chute est lente. On peut les suivre
Du regard en reconnaissant
Le chêne à sa feuille de cuivre,
L’érable à sa feuille de sang.

Les dernières, les plus rouillées,
Tombent des branches dépouillées ;
Mais ce n’est pas l’hiver encore.

Une blonde lumière arrose
La nature, et, dans l’air tout rose,
On croirait qu’il neige de l’or.

François COPPÉE (1842-1908) Le Cahier rouge

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La pauvreté si proche

Ce matin à la radio, j’ai entendu un journaliste qui annonçait qu’on avait découvert à Strasbourg une famille de “roms” qui vivait depuis 2 ans dans leur voiture. Comble de stupeur !!! Effrayant ce que l’on vit dans notre si belle France. J’ai cru un moment que le journaliste allait approfondir la dépêche, embrayer sur la misère qui se fait de plus en plus pressante en notre pays.

J’ai cru un moment – oh, un moment seulement – qu’en donnant la parole à la misère, un peu d’honneur allait être rendu aux milliers d’anonymes qui la vivent. Et bien non, vite fait bien fait, la dépêche suivante a avalé tout de go la précédente. Circulez, il n’y a plus rien à entendre. De temps en temps, les médias se focalisent sur un fait misérable qui sort de l’ordinaire. Car il faut du croustillant, du scoop pour attirer l’attention. C’est vrai, la pauvreté quotidienne, banale, c’est ennuyeux, c’est compliqué. Il vaut mieux ne pas trop en parler, ça donnerait le vertige à tout le monde. En parlant d’une famille de “roms” dans une voiture, l’exceptionnel éloigne le spectre de la misère quotidienne dans nos bonnes familles gauloises. Car celle qui progresse comme un cancer dans nos rues, dans nos villages et nos villes, la misère qu’on découvrait autrefois bien loin de nous, habite désormais souvent la maison d’à côté.pauvrete_02_281113

Les pauvres, l’Observatoire des Inégalités leur a consacré une étude dont les chiffres, sans concession, parlent d’eux-mêmes. En France, un individu peut-être considéré comme pauvre quand ses revenus mensuels sont inférieurs à 814 euros ou 977 euros selon la définition adoptée (1). En 2011 on comptait 14,4% de pauvres si l’on fixe le seuil de pauvreté à 60% du niveau de vie médian. Dans cette hypothèse la pauvreté touche près de 9 millions de Français. Ces chiffres ne tiennent pas compte des années 2012, 2013 où les inégalités n’ont pu que croître compte tenu de la forte accentuation du chômage. Le chiffre des chômeurs de longue durée, venu grossir le rang des pauvres a dépassé 2,1 millions de personnes en septembre 2013. Soit, une progression de 14% en 1 an.pauvrete_03_281113

Alors, parmi toutes les personnes que l’on croise, inconnues ou connaissances, combien font partie de cette masse silencieuse, de cette frange d’exclus. Retraités, ouvriers, agriculteurs, étudiants qui glanent sur les marchés comme certains petits vieux… aujourd’hui, la précarité peut toucher tout le monde. Il ne suffit plus de travailler pour échapper à la misère. Elle est le plus souvent vécue comme une honte par ceux qui la supportent. En plus de leur dénuement matériel et de leur détresse morale, certains ne se privent pas de les accabler de tous les maux possibles et de dénoncer le “cancer de l’assistanat”.

“Les pauvres font tout pour profiter au maximum des aides !”
Un grand nombre de personnes éligibles aux aides, n’en fait pas la demande. 50% pour le RSA, 68% pour le tarif de première nécessité d’EDF, 50 à 70% pour les transports urbains. Le montant des aides sociales non réclamées par ceux qui y ont droit, atteint un montant de 11 milliards d’euros par an. Significatif.

“Les pauvres sont des fraudeurs !”
Faux. Pour 60 millions d’euros de fraude au RSA détectés en 2009, on comptait plus de 200 millions d’euros de travail non déclarés par les entreprises, 370 millions d’euros de fraude douanière et  2,5 milliards d’euros de fraude fiscale. Où sont donc les tricheurs !!!

Lieux communs et idées reçues s’enchaînent :
S’ils sont pauvres, c’est de leur faute. S’ils sont à la rue, c’est qu’ils l’ont choisi. S’ils font des enfants, c’est pour les allocations familiales. Ce sont des assistés qui coûtent cher à la société. D’ailleurs, s’ils voulaient vraiment chercher du travail, ils en trouveraient. De toute manière, on gagne plus au RSA qu’avec le SMIC. Ils perçoivent des allocations alors qu’ils élèvent mal leurs enfants…etc.

ATD Quart Monde a publié un livret qui répond point par point à un grand nombre de ces idées reçues (la plupart calomnieuses) sur la pauvreté. “En finir avec les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté”.
Le livre.

Le 10 octobre dernier, lors de l’émission “Des paroles et des actes” de France 2, une chômeuse mulhousienne, Isabelle Maurer apostrophe Jean-François Copé. Elle raconte cinquante ans de galères, de précarité, de rage de s’en sortir avec les 470 euros par mois du RSA et de maigres petits boulots. Elle fit entendre avec dignité la voix des “pauvres”, contre tous ceux qui les accusent de vivre en assistés, aux crochets des aides publiques.
La vidéo.

Lorsque l’on est confronté de loin à la pauvreté des autres, celle-ci reste indolore, inodore.  Il faut l’approcher de près pour en reconnaître la monstruosité :  l’isolement par la perte des amis, du manque d’accès à l’information, d’une situation géographique excentrée, de la pénurie des biens de première nécessité, du manque de respect et de l’absence de perspective d’avenir car bien souvent les enfants héritent de la précarité de leurs parents.

J’aurai une profonde pensée pour un vieil ami éleveur de moutons, malade, isolé dans sa montagne et enfermé dans la solitude du chagrin. Demain matin il fera trois pas vers la fenêtre pour faire son café. Il s’émerveillera sûrement un instant sur la beauté du ciel puis se retournant, se dirigera vers la cuisinière en sombrant dans l’apathie. Comment vivre heureux avec 420 euros de retraite par mois.

(1) La définition de la pauvreté :
Depuis 2008, l’Insee utilise la définition européenne de la pauvreté. Auparavant, le seuil de pauvreté le plus souvent utilisé était équivalent à la moitié du revenu médian, revenu qui partage en deux la population, autant gagne davantage, autant gagne moins. Mais dans les comparaisons européennes, le seuil le plus souvent pratiqué se situe à 60 % du revenu médian. Ce saut de 50 à 60 % change tout : il fait augmenter le seuil de 814 à 977 euros (pour une personne seule), le nombre de personnes concernées de 4,9 à 8,8 millions et le taux de 7,9 à 14,3 %.
Le seuil de pauvreté désormais utilisé est équivalent à 60 % du revenu médian. Ce revenu est de 1 628 euros pour un célibataire. Le seuil est donc de 977 euros pour une personne seule (60 % de 1 628 euros). Selon les conventions de l’Insee, ce même seuil est de 1 466 euros pour un couple sans enfants et 2 052 euros pour un couple avec deux enfants de moins de 14 ans. A ces niveaux de vie, on se situe au double du revenu de solidarité active : 492 euros pour une personne seule, 739 euros pour un couple sans enfant, 1 035 euros avec deux enfants. Le seuil de pauvreté à 60 % prend en compte des situations sociales très diversifiées, qui vont de ce que l’on appelait il y a quelques années le « quart monde », aux milieux sociaux très modestes.

 

 

 

Tout est dans tout.

Une balade est comme un film qui se déroule en situation réelle. Sur le parcours on accumule un certain nombre de détails qui paraissent dissociés, sans lien entre eux. La ballade, c’est une bonne occasion pour faire quelques images. Saisir un bout de paysage ici, un morceau de route là. On peut se demander quelle relation ces images perçues et enregistrées, peuvent avoir avec un monde qui est en même temps passé et d’avenir. Quelles questions peuvent-elles éveiller en nous ? Et quelles réponses sous forme de légendes pourrions nous appliquer sous chacune des images ? Chacun apportera ses propres réponses, selon sa culture, son sentiment, ses connaissances. En tout cas aucune image n’est réellement silencieuse.

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Grande banlieue.
En semaine, les Franciliens consacrent en moyenne 82 minutes par jour à se déplacer
Sur l’ensemble des déplacements effectués quotidiennement par les Franciliens, 19 % le sont par des Parisiens, 37 % par des habitants de la petite couronne et 44 % par des habitants de la grande couronne. Les déplacements consacrés au travail représentent 40 % du temps que les Franciliens passent à se déplacer. Cumulés avec les études, c’est environ la moitié du temps de déplacement quotidien qui est absorbé par des déplacements contraints en termes d’horaire et de fréquence.

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Gros Moulu.
Je conserverai un mauvais souvenir de la campagne autour de Gros Moulu. Chemins défoncés, remplis d’eau, boue glissante et pentes abruptes. Pas âme qui vive en ce vendredi de novembre gris et froid. Dans le village, même pas un voilage qui se soulève pour dévisager un étranger qui cherche son chemin. Rien, même pas un chien. Le seul sur pattes encore dehors…c’était moi !

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Grosse tension.
La consommation d’énergie finale dans le monde en 2009 est de près de 8,4 milliards de tonnes d’équivalent pétrole Elle a augmenté de plus de 40% entre 1990 et 2008. Les autres estimations placent la consommation mondiale d’énergie à 12,2 milliards de tonnes équivalent pétrole. La consommation énergétique mondiale va exploser : on estime que les besoins énergétiques mondiaux vont représenter plus de 14 milliards de “tep” par an en 2020.

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Le grand chemin.
Un chemin d’exploitation est un chemin privé. Les propriétaires peuvent l’interdire au public. Dans ce cas, il leur est nécessaire de mettre à l’entrée du chemin un panneau “Interdit à tous véhicules sauf riverains”. Il peut être ouvert à la circulation publique sous réserve du consentement de tous les propriétaires desservis. Dans ce cas, les règles de la circulation publique s’appliquent. Les propriétaires dont les biens sont desservis par le chemin doivent contribuer aux travaux nécessaires à leur entretien et leur mise en état de viabilité. Leur responsabilité conjointe et solidaire peut être engagée en cas d’accident provoqué par un mauvais entretien du chemin.

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Gros dégueulasse.
Chaque année en France, un habitant produit 354 kg d’ordures ménagères. Les calculs sont réalisés par l’Ademe à partir des tonnages des poubelles des ménages (hors déchets verts) collectées par les collectivités locales. On peut aussi, comme le fait Eurostat afin d’effectuer des comparaisons internationales, évaluer la quantité de déchets municipaux par habitant. La quantité produite monte alors à 536 kg par an, et intègre en plus des déchets des ménages, ceux des collectivités et également une partie des déchets d’activités économiques.

Salon de la photo 2013

Voilà, c’est une première.
Non, pas la première du Salon de la Photo, qui existe lui depuis très longtemps. Mais tout simplement ma première vidéo. C’est pas le top, mais filmer avec un compact sans pouvoir accéder au moindre réglage manuel, c’est pas de la tarte et ça tourne vite à la prise de tête. Flous de mise au point automatique, flous de bouger, balance des blancs capricieuse. Le salon de la Photo était l’endroit idéal pour capter un peu de matière vidéo. Il m’aura fallu dépenser un peu de sueur sur le clavier pour assimiler rapidement les principes de base du montage. Bref, une soixantaine de plans plus loin j’accouche douloureusement de ce clip modeste qui, aussi court soit-il, m’aura appris beaucoup en deux jours de manipulation. Allez, un petit tour au Salon en 1minute 20.

“Double Clic” pour lancer la vidéo ou “Download Vidéo”.

 

 

la Tour 13 infernale.

La Tour 13 en bordure de Seine, face au ministère des finances.

La Tour 13 en bordure de Seine, face au Ministère des Finances à Bercy.

La fameuse Tour 13 rue Fulton ferme au public à partir du 1er novembre en vue de sa démolition.
Pendant presque un an, cette tour aura connu nuit et jour une incroyable effervescence créative. Sur 9 étages, (36 appartements de 4 à 5 pièces pour une surface de 4500 m2), une centaine d’artistes venus du monde entier avaient investi le lieu. Développée dans le plus grand secret sur l’initiative de la galerie parisienne “Itinerrance”, cette opération de “street-art” était dès l’origine vouée à l’éphémère. Rien à vendre, c’est un peu ce que l’on retiendra avec regret de cette exposition hors norme. C’est un véritable musée à ciel ouvert qui permet d’initier le public aux pratiques artistiques actuelles. L’évènement est qualifié de “projet street-art”, je trouve pour ma part cette appellation trompeuse et limitative. Ici, pas de grafs, de lettres chromées ou de “logos” torchés à l’abri des lueurs de la nuit. C’est un vrai travail d’artistes d’intérieurs. Les appartements se cotoient avec des expressions originales selon les appartenances culturelles et géographiques (au moins 16 nationalités). Les réalisations sont des œuvres pensées, très travaillées, qui ont demandé un réel investissement en terme de temps, de matériaux et d’outils. On peut apprécier de la peinture, de l’illustration, de la sclupture, des installations. L’espace des appartements est réaménagé pour certains, détruit sous forme de gravats pour d’autres, comme si l’avenir posait déjà son empreinte fatale. Durant un mois, la visite de la Tour 13 a attiré plus de 15 000 passionnés et de curieux. Une file d’attente de 6 à 8 heures s’est constituée tous les jours au pied du bâtiment. Vidéos, photos, albums, suite interactive sur internet, le musée éphémère ne survivra que virtuellement ou dans la seule mémoire des artistes et des visiteurs. En tant que visiteur privilégié (entrée directe le jour de fermeture) j’ai pu apprécier dans le calme et avec recul la créativité de tous ces “globe-trotteurs” du graphisme. Ce petit tour (en photo) dans les étages est un résumé très synthétique de ce qui pouvait se découvrir et s’apprécier tout au long du mois d’octobre.

Visiter et sauver la Tour 13 sont deux choses désormais impossible, mais il est encore temps de vous propulser sur le site pour une dernière découverte virtuelle. Le site “Tour Paris 13”.


 

 

Cul Froid

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Le petit matin est gris, poisseux, de cette humidité lourde qui pénètre lentement jusqu’au plus profond des os. J’espère une lumière qui finalement n’arrivera jamais.
Près de la ferme et tout le long du chemin qui borde la bergerie et les prairies, le sol exhale des odeurs animales. Je saute d’une zone herbeuse à une autre. J’évite les flaques jaunâtres colorées de purin et les mottes de boue grasse que les tracteurs ont propulsé sur les bas-côtés. Les “salers” intriguées m’observent comme un étranger “paumé” dans cette brume matinale. Leur robe rouge bouclée, est recouverte d’une fine couche de gouttelettes. Je leur parle. Les vaches semblent m’écouter. Semblent seulement ! Insensible à l’humidité ambiante, d’un mouvement coordonné, elles se retournent lentement vers le râtelier débordant du foin du matin. Leur gros cul dirigé vers moi m’apparaît comme le signe d’une profonde indifférence. villarceaux_04_10_2013Tant pis, nous n’aurons désormais plus rien à nous dire. La campagne est muette, rase, figée. Chaque son est étouffé, paraît joué derrière l’horizon. Des formes spectrales émergent de temps à autre au détour d’un chemin gras, au sortir d’un bosquet moite. Une pauvre libellule agrippée à une tige de chardon, tente de survivre au-delà du raisonnable. Une enveloppe de cristal liquide, momifie son corps grêle et ses ailes démesurées. Les arbres jouent au théâtre des ombres chinoises quand ils ne s’inclinent pas pour un baiser vers la terre maternelle. Les rus improvisent dans les chemins creux des escapades en suivant des voies libertaires. C’est l’époque ou la nature ne sait plus ou est sa véritable place. C’est l’entre saison. L’espace temps semble parti à la dérive. Est-il possible de rejoindre “Cul Froid” par ces chemins défoncés et ces routes noires qui semblent se diriger vers l’enfer ? villarceaux_15_10_2013“Haute Souris”, ne serait-il pas un village né de l’absurde où tous les habitants portent grandes oreilles et museau pointu ? De frêles barrières tentent parfois de circonscrire quelques espaces privés. De hauts murs, une grille en fer s’efforcent de protéger les vivants de l’incursion des morts. Sur cette campagne désolée nul être pourtant ne semble à même de recevoir leur visite. Une chapelle aux moellons disloqués, accablée d’un lierre dévorant, laisse filer dans ses plaies béantes les frissons humides de la plaine.

Nus d’automne.

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Ça faisait un petit moment déjà que je pensais mettre à jour ma galerie “croquis de nus”. En septembre, c’est la réouverture de l’atelier, le moment de retrouver tout le monde et surtout de reprendre le maniement du crayon avec ardeur. En quelques semaines, les croquis s’amoncellent vite. Il me fallait le temps de faire une petite sélection, puis d’en organiser la reproduction. Voilà, c’est chose faite. La mise en ligne ci-dessous présente différentes techniques, fusain, mine graphite, pastel à l’huile, pierre noire etc…

Le pastel à huile est traité sur un support papier très lisse (papier pour feutre) et dilué à l’essence pour obtenir des tons transparents. Certains croquis sont exécutés très rapidement avec des Néocolor solubles à l’eau.

La Mesniloise

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À l’approche de la forêt, il fait encore bien frais et bien sombre. Pourtant, ils sont tous là, ceux qui vont suer sang et eau (pour leur plus grand plaisir) en parcourant durant 3h30 les 7 km que leur ont tracé en plein bois les “gentils oragnisateurs”.
Alors que certains troquent leur habit de ville pour une tenue bariolée aux inscriptions commerciales, d’autres sont déjà en train de fixer leur plaque de cadre. Avant le départ, il faut vérifier une dernière fois le bon passage des vitesses, regonfler un pneu trop mou, vite filer aux toilettes car après…après…on ne rigolera plus. Pour l’instant, l’ambiance est bon enfant, on se charrie un peu, on salue chaleureusement le copain d’un autre club. On se tape sur l’épaule avant de se mesurer sur le terrain. vtt_02_06_10_13À force de fréquenter les circuits et de se côtoyer, on fini par connaître les plus forts. Les pronostics sur les chances de gagner s’amenuisent avec la présence d’untel ou de tel autre. Mais qui sait ! Un problème technique, une chaîne qui casse, une crevaison, un dérailleur qui se bloque, peut laisser espérer une place sur le podium ou tout au moins une place pas trop loin des marches. La course se déroule par équipe de 2 participants. Le premier groupe se dirige vers le point de départ. C’est un peu la cohue, tout le monde veut être devant pour aborder en tête le premier virage et la première difficulté. Bien sûr, les “cadors” sont bien placés. Il y a là le champion de France de la spécialité et quelques grosses pointures. vtt_03_06_10_13Déjà en pôle position au départ, ce sont les mêmes qui brigueront les meilleures places sur le podium. La course est presque déjà jouée. Pour la majorité des participants, le plaisir n’est pas dans le classement, mais dans la solidarité et le goût de l’effort partagés avec son club ou son co-équipier. La course est ouverte à tous dès 10 ans et les plus jeunes font l’admiration des plus anciens. C’est une course conviviale malgré tout. 8h30, les coureurs sont lachés. Un cliquetis de chaîne suivi des premières expressions d’effort se dissipent sitôt la troupe passée. Plus loin, au parc à vélo, la sono du commentateur constitue un point de repère comme une véritable balise. Pour apprécier la course, il faut éviter les portions de parcours trop roulant. vtt_06_06_10_13vtt_07_06_10_13Quelques bosses ou chemins creux descendants, sont les meilleurs endroits pour apprécier soit la dextérité des uns, soit la puissance des autres. Je regrette toujours que quelques uns se prenant pour des “vedettes”, admonestent les plus jeunes qui ne s’effacent pas assez vite devant leur passage. Quand on est très fort ce ne sont pas les 2 ou 3 secondes perdues pour doubler un gamin qui changeront la face du monde. vtt_11_06_10_13vtt_10_06_10_13Être bon, c’est être fort physiquement, mais aussi mentalement et les champions, les vrais…ont souvent un comportement exemplaire vis à vis des plus jeunes. La fête n’en sera pas gâchée pour autant. La fin de course est proche. On s’active du côté des organisateurs. Les coupes sont sorties, nombreuses, rutilantes. Des cadeaux sont prévus, des bons d’achat, des bouquets de roses n’attendent plus que les meilleurs. Plus loin, un stand avec des plateaux repas et des boissons sont réservés à tous les “morts de faim” du parcours. Comme prévu l’équipage du champion de France numéro 20 (Cédric Chartier et Jérôme Grevin) montent sur la plus haute marche du podium. Ils se prêtent de façon bien sympathique à cette remise de prix en compagnie d’amateurs de tous bords. Le club de Bonnières VTT, bien présent avec un grand nombre de participants, monte plusieurs fois sur les marches selon les différentes catégories. Maintenant il faut effacer toutes traces du parcours, retirer la rubalise, démonter les stands, ranger les barrières métalliques. Demain, la forêt sera rendue par son silence aux promeneurs et aux quelques animaux qui se seront cachés le temps d’une matinée agitée.vtt_12_06_10_13

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À quoi, aquarelles.

Bon, l’aquarelle c’est pas de la tarte ! Ça, je le savais déjà…avant. Avant…de partir cinq semaines au soleil du Vaucluse.

Le Clos Saint Louis. Bedoin, Vaucluse.

Le Clos Saint Louis. Bedoin, Vaucluse.


C’est sûr, l’aquarelle vous vous dites, c’est un peu comme de la peinture à l’eau pour les gamins. Mais ça, c’est pas de l’aquarelle, c’est de la “barbouille” qu’on étale aussi bien au pinceau, qu’au rouleau et souvent avec les mains. Non, là je vous parle de la fine couche colorée et transparente qui épouse onctueusement le grain profond et cependant lumineux du beau papier “torchon”. Non, “torchon”, c’est pas un mot vulgaire. C’est tout simplement la qualité du grain du papier.

Le Clos Saint Louis. Bedoin, Vaucluse.

Le Clos Saint Louis. Bedoin, Vaucluse.

Comment, vous ne savez pas ce qu’est le grain du papier ? Passez donc vos doigts sur du papier de soie et ensuite sur du papier de verre, vous comprendrez ce que je veux dire. Déjà, il faut savoir choisir son papier. Car en fonction du papier, on n’obtient pas tout à fait le même résultat. C’est comme peindre sur un mur bien lisse ou rempli de défauts. Un papier torchon, au grain profond, retient la couleur, un autre plus lisse donnera plus de douceur. Mais, pour compliquer tout ça, il faut savoir qu’il y a plusieurs fabricants de papier aquarelle. Que chacun a sa norme et ses appellations. Un torchon de tel grammage chez untel ne sera pas le même torchon de chez tel autre. Et puis…et puis…les qualités ne sont pas identiques. Un beau papier qui promet beaucoup, peut à l’usage se montrer désastreux. Vous êtes toujours là ? Vous allez me dire :
— ça mon gars, c’est ton problème !

Le Clos Saint Louis. Bedoin, Vaucluse.

Le Clos Saint Louis. Bedoin, Vaucluse.

C’est un peu vrai. Mais, en parlant de mes préoccupations j’espère bien vous faire ressentir le “dur labeur de l’artiste”. En ce monde ou tout n’est plus qu’industriel et fabriqué à la chaine, agissons “pour la défense de l’art et de l’authentique”.
Pour l’instant, me voilà au pied du mur (façon de parler) avec ma boîte chevalet à bretelles sur le dos, mon bloc papier grand format sous le bras gauche et le sac rempli de bouteilles d’eau à la main droite. Les pots à eau découpés dans des bidons plastiques sont accrochés par des élastiques au chevalet. Ils s’entrechoquent à chacun de mes pas et ponctuent mon avancée. Je passe finalement totalement inaperçu d’autant que sur les chemins blancs de soleil, je suis seul à errer à la recherche, d’une part d’un coin d’ombre et d’autre part d’un point de vue avantageux. Je dois reconnaître que c’est le plus souvent le coin d’ombre qui décide de mon point de vue.

Village de Sainte Colombe et Ventoux. Vaucluse.

Village de Sainte Colombe et Ventoux. Vaucluse.

Les Colombets. Bedoin, Vaucluse.

Les Colombets. Bedoin, Vaucluse.

Bon, là, ça me parait bien ! Je jette tout mon harnachement au sol et règle en priorité les 3 jambes en bois de la boîte chevalet. Tout est de travers, il faut régler un peu mieux les pieds. Il fait chaud. Très chaud. J’installe une feuille. je croque (oui, dessiner). Les gestes sont pénibles.

Les Demoiselles Coiffées. Bedoin, Vaucluse

Les Demoiselles Coiffées. Bedoin, Vaucluse

J’ai l’impression d’avoir des enclumes dans les bras. Je me sens moite, collant dès que je gesticule un peu. Je prépare les grands godets porcelaine Winsor & Newton pour les gros pinceaux. Ça y est, les mouches s’invitent et voltigent autour de mes oreilles. Comme le papier sèche bien trop vite, je mouille au maximum la feuille. Celle-ci gondole et forme des réserves d’eau qui finissent pas attirer des guêpes à la recherche de boisson fraîche. Il ne manquait plus que ça. Ah, peindre en pleine nature quel bonheur ! Je les ai vus de loin, baguenaudant au milieu des vignes…les touristes ! Allemands de surcroît. Non pas qu’ils me soient antipathiques, mais allez donc expliquer à des spectateurs admiratifs vos problèmes d’aquarelle lorsque personne ne parle la même langue.
— Oui, trop mouillé…trop chaud…yes, wet…Noooo, too hot !!!
— Really beautiful…schön !!!

Le Clos Saint Louis. Bedoin, Vaucluse.

Le Clos Saint Louis. Bedoin, Vaucluse.

Avec trois mots d’anglais et deux adjectifs familiers, connus de tout le monde, nous nous sommes compris. Quoi échanger de plus sinon quelques sourires bienveillants en guise d’au revoir. Le silence est revenu. Les mouches aussi. L’église sonne l’heure du pastis et moi je remets de l’eau propre dans mon pot. Le soleil commence à tourner. Mon refuge ombragé prend la lumière de toutes parts et les couleurs de ma palette m’apparaissent de plus en plus pâles sous la violente luminosité. Il est temps de conclure rapidement l’affaire d’autant que le soleil a bouleversé l’ambiance du paysage. Trop de clarté, trop de blancheur, ombres noires, à la verticale. Plus rien à en tirer. Demain, c’est sûr, je fais de la photo !

Les Couguious. Bedoin, Vaucluse.

Les Couguious. Bedoin, Vaucluse.