Matières & matériaux

Un jeu de spatules carrossier est parfaitement adapté pour créer des matières.

Allez, aujourd’hui c’est bleu de travail, truelles et spatules. Je vais vous parler de ma façon de réaliser de l’épaisseur pour certains de mes sujets, de créer des effets dans les fonds. Pour cela, on va jouer un peu au peintre en bâtiment et tout d’abord oublier les matériaux dits pour “artistes”.

Pour l’acrylique, il existe de nombreux produits qui permettent de réaliser des effets plus ou moins prononcés. Des pâtes de modelage, des gels de texture sont à notre disposition dans différentes marques. Ces matériaux conviennent bien à la préparation des fonds tant pour l’acrylique que pour l’huile. Cependant de par leur nature, ils ne permettent pas un mélange avec les couleurs à l’huile.
Pour l’huile, les solutions d’empâtement sont moins nombreuses. Lefranc, Sennelier et quelques autres marques proposent différents médiums d’empâtements. Ce sont souvent des gels translucides qui tendent à donner du volume et de la transparence à la couleur sortie du tube. En utilisant ces produits, je n’ai jamais eu le sentiment de travailler avec de la “vraie” matière. J’ai toujours trouvé un manque de “présence” à la texture.
Ma solution est beaucoup plus simple, moins honéreuse aussi et consiste tout simplement à utiliser un enduit gras que l’on trouve dans tous les bons magasins de bricolage (comme on dit).

Les détails qui suivent ne sont pas tous extraits de cette toile.

Après différents essais, j’ai choisi l’enduit gras extra fin Gérard. C’est un enduit glycérophtalique pour un usage au couteau. La pâte est onctueuse et une boîte de 500 gr permet de réaliser bien des effets.
Bien qu’il me soit arrivé d’utiliser l’enduit gras sur toile, il faut reconnaître qu’un support rigide comme du contreplaqué, de l’isorel ou du latté préparé au Gesso est fortement conseillé.

L’enduit gras Gérard. Il ne faut pas hésiter à mettre de l’eau sur la pâte pour le conserver longtemps une fois ouvert..

La pâte est onctueuse, n’est pas très blanche. Il faut en tenir compte.

On peut utiliser l’enduit de 2 façons différentes.

L’appliquer directement au pinceau, au couteau sur le fond du panneau en créant des effets de matières. Il est possible de sculpter dans le frais ou après séchage du produit, de le poncer à sec ou à l’eau afin d’obtenir un fond très lisse. Il est possible aussi de rayer le fond avec une brosse métallique, de creuser, d’attaquer l’enduit avec toutes sortes de grattoirs ou d’outils improvisés. Attention, une fois bien sec, l’enduit gras Gérard devient très dur.
Il ne reste plus qu’à peindre à l’huile sur ce fond préparé, de jouer du pinceau intelligemment pour remplir les creux, travailler au chiffon en frottant, en déposant ou enlevant de la couleur ici ou là. Cette méthode demande une bonne appréhension du sujet que l’on va peindre. Elle demande une certaine anticipation.

Ici le fond a été gratté dans le frais avec une brosse métallique. Une teinte est posée puis frottée avec un chiffon afin de conserver la couleur foncée dans les creux.

Différents effets sont possibles. La couleur ici est posée après séchage de l’enduit.

La seconde façon d’utiliser cet enduit gras, méthode plus instinctive, c’est de mélanger sa couleur directement à la pâte. Il faut tenir compte du fait que la couleur est mixée avec une pâte plus ou moins blanche. D’où une perte de puissance de la couleur. La teinte obtenue prend une valeur proche des tons pastels. Il faut dans ce cas après séchage, revenir par des glacis sur les teintes qui manquent de vivacité. Pour conserver une certaine puissance à la couleur il faut dans ce cas rester modeste en terme d’épaisseur d’enduit et travailler en couches plus fines superposées.

la couleur est mixée à l’enduit et posé avec des spatules.

Enduit posé sur une couche de peinture encore fraîche.

Enduit posé sur une couche de peinture fraîche pour obtenir des effets de mélange vers une teinte claire.

Il est possible bien sûr de combiner les deux méthodes, commencer par travailler une partie du fond en posant l’enduit directement puis de continuer par l’application de couches colorées.

Derniers détails, l’emploi de l’enduit gras n’empèche pas d’utiliser les médiums à peindre pour obtenir une pâte plus onctueuse. Les instruments se nettoient à l’essence de térébenthine, au white spirit sans problème. Pour conserver dans les meilleures conditions le pot d’enduit, il suffit de mettre de l’eau sur la pâte avant de remettre le couvercle plastique.

Vaison-la-Romaine

Vaison-la-Romaine est une localité du Vaucluse, située à quelques kilomètres d’Orange, des Dentelles de Montmirail et en vue du Mont Ventoux. Vaison s’enorgueillit de la présence de ruines romaines dans la partie basse de la ville et d’une cité médiévale sur un piton rocheux qui domine la ville.

Pas d’inquiétude, je ne vais pas vous faire un cours d’histoire, mais simplement revenir en quelques lignes sur un drame dont on a du mal à mesurer l’ampleur lorsque l’on considère les évènements à distance.

L’Ouvèze en amont de Vaison-la-Romaine

Le 22 septembre 1992, les crues d’automne gonflent de façon exceptionnelle le cours de l’Ouvèze, charmant petit torrent, qui semble bien inoffensif comme le montre mes images. Certains se souviendront sans doute des images vidéo de ce pont romain qui résiste face à l’assaut des flots emportant des tonnes de déchets, dont des caravanes. Le flux dément franchit le tablier de pierre. Les eaux atteignent alors 17 m de haut au goulet d’étranglement du pont. C’est à dire 15 m de plus par rapport au lit mineur de l’Ouvèze. Une plaque rappelle le niveau atteint par la crue, soit 2 m au dessus du tablier du pont romain. Quand on examine les lieux, il est difficile de croire qu’un tel désastre ait pu se produire. Et pourtant…La crue meurtrière de l’Ouvèze

Plaque indiquant le niveau atteint par l’Ouvèze

La flèche rouge indique le niveau atteint par la crue

La décrue apporte les premières constatations des dégâts. Une centaine de maisons et de commerces proches du pont romain sont partiellement détruits. Le camping est dévasté, les constructions situées dans le lit majeur du cours d’eau sont sinistrées voire ont disparu. Certains sites sont enfouis sous 3 m de boue. On compte 37 morts, 4 disparus et des pertes matérielles qui s’élèveront à environ 76 millions d’euros.

Le Toulourenc, petit torrent tranquille qui alimente l'Ouvèze

Le Toulourenc, petit torrent tranquille qui alimente l’Ouvèze

L’Ouvèze est alimenté en amont par des petits torrents de montagne qui ont joué aussi leur rôle dans cette crue meurtrière. Ce sont des petits cours d’eau que j’affectionne pour leur tranquillité, pour les effets de lumière qui percent leurs sombres gorges. Il y a cependant une règle que je respecte toujours, c’est celle qui incite à la prudence en cas de fortes pluies ou de violents orages. L’histoire montre que le filet d’eau au murmure apaisant peut vite se transformer en symphonie tumultueuse.

Attention à ne pas se faire prendre dans les gorges par temps d'orage

Attention à ne pas se faire prendre dans les gorges par temps d’orage

Un site tranquille ou niche le cingle plongeur

Un site tranquille ou niche le cingle plongeur

L’atelier de nu.

Je vous ai déjà parlé de l’atelier de modèle vivant que je suis une fois par mois. Aujourd’hui, nous avons ouvert notre première session de l’année. À cette occasion je ne peux résister à l’envie de vous présenter le petit groupe que nous formons.
Il faut que vous sachiez surtout que sur 7 participants, il y a 6 femmes et un seul homme. Et par évidence, le seul homme, c’est moi! J’entends déjà les réflexions de ceux qui vont me plaindre et de ceux qui vont m’envier. Pour ma part je me sens en excellente compagnie. C’est un réel plaisir que de crayonner dans cette ambiance toute féminine. J’apprécie beaucoup la capacité des femmes à rester concentrées sur leur sujet, et aussi cette facilité qu’elles ont à exprimer leurs émotions sans arrière pensée. C’est dans une très bonne ambiance, ou chacun et chacune s’encourage sur des poses aux raccourcis dificiles, que sont vécues les 3 heures de dessin. Et ce n’est pas la pose café avec les petits gâteaux qui perturbe l’intensité de la matinée. De toute façon, notre intervenante Élysabeth Ribéra est là pour aiguillonner la créativité du groupe. Élysabeth, se reconnait facilement, à ses mains. Des doigts, la plupart du temps plein de peinture. Je la soupçonne, comme les enfants de tripatouiller la couleur sur la toile avec ses “petites” mains.



 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour en venir au dessin et aux résultats.

En reprenant quelques esquisses très rapides, j’ai combiné plusieurs poses sur un même support papier. L’idée n’était pas d’en faire une représentation très figurative et figée, mais plutôt d’en exprimer le mouvement en jouant avec des transparences. Sur le papier, j’ai superposé des jus très liquides de peinture acrylique. À certains stades, je suis revenu avec du blanc de titane pour recouvrir ou estomper des parties de couleur qui ne me plaisaient pas ou qui devenaient trop présentes. Pour finir, avec des spatules métalliques semblables à celles qu’utilisent les carrossiers, j’ai déposé de fines couches ici et là de Gesso afin de créer de la matière et des zones presque opaques.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En “live” et dans un esprit plus léger, quelques essais à l’aquarelle.

L’inconvénient de l’aquarelle, lors d’une séance de poses courtes, est son temps de séchage. Bien que l’aquarelle impose de fait, de jouer avec le blanc du papier, j’ai constaté combien il fallait ici ne pas trop surcharger en couleur son travail. Le “timing” ne permet pas une absorption suffisante de l’eau pour diriger la couleur là ou on le souhaite. Il faut accepter une grande part de hasard… s’en accomoder et même plus, utiliser l’apparition de “l’aléatoire”. La magie de l’eau en quelque sorte!



Les esquisses à l’encre de chine et au pinceau, du fait de lavis réalisés à partir d’un seule couleur (le noir), ne posent pas les mêmes problèmes. Il suffit de faire attention aux zones très humides qui peuvent attirer des coups de pinceaux trop chargés en encre. Au pire, on obtiendra à certains endroits une valeur de gris trop foncée mais pas un mélange disharmonieux comme en aquarelle. Le crayon gras aquarellable “Swan Stabilotone” est un médium intéressant et facile à mixer avec de l’aquarelle ou de l’encre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je terminerai mon “blabla” par 2 ou 3 dessins au fusain. Un autoportrait (il n’y a pas grand chose à dire), un nu féminin que j’ai réalisé avec fusain en bâton et fusain en poudre…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

… et un portrait au fusain que je n’ai pas pu finir à l’atelier. Le temps m’a manqué pour travailler la ressemblance. Et bien sincèrement, le modèle ne ressemble pas à mon dessin. Sans modèle, ne pouvant inventer ce que je n’avais plus sous les yeux, je me suis attaché à rendre ce portrait le plus crédible possible. Mon intention était d’en faire non pas un personnage inventé mais un personnage réellement vivant. Je laisse le résultat à votre entière appréciation.

Conflans Sainte Honorine

L’hiver a ceci de particulier, c’est que les conditions météo si différentes d’un jour à l’autre, créent des ambiances lumineuses et colorées qui sont un vrai régal pour les yeux.

Conflans Sainte Honorine est une ville construite au confluent de la Seine et de l’Oise. Grâce à l’avènement industriel du 19 ème siècle, la ville connait un formidable essor. Une chaîne de touage est mise en place entre Conflans et Paris en 1855. Cela permet la remontée des péniches sur la capitale alors en plein développement urbain. Le touage sur la Seine entre Conflans et Paris, fonctionnera jusqu’en 1931. Les péniches céderont peu à peu leur place aux remorqueurs.
L’activité batelière est aujourd’hui moins dense. La ville n’en est pas moins la capitale de la batellerie et célèbre tous les ans au mois de juin la fête du “Pardon national de la batellerie”.

Chaîne de touage : une chaîne métallique, fixée à ses deux extrémités, est immergée dans le cours d’eau. Le bateau-treuil, le toueur, équipé d’un moteur à vapeur, s’agrippe à cette chaîne et peut tracter un train d’une quinzaine de péniches : les péniches vides sont placées près du toueur, tandis que celles qui sont chargées restent à l’arrière pour rigidifier l’ensemble.

Bonne Année 2012

En ce moment, vous l’avez remarqué il existe des “maîtres” du monde qui donnent des notes aux bons et au mauvais élèves. La loi du triple A fait fureur en récompensant les meilleurs éléments de la “grande classe”.

Pour cette Nouvelle Année j’ai décidé moi aussi d’être à la mode.
Je vous souhaite façon “triple A”, les meilleures choses que vous puissiez espérer pour cette année 2012.

AAA. Abondance
BBB. Bonheur
CCC. Création
DDD. Douceur
EEE. Émotion
FFF. Fantaisie
GGG. Générosité
HHH. Humour
III. Intensité
JJJ. Jouissance
KKK. Karma
LLL. Liberté
MMM. Magie
NNN. Nature
OOO. Optimisme
PPP. Passion
QQQ. Quiétude
RRR. Rêves
SSS. Santé
TTT. Tolérance
UUU. Unicité
VVV. Volupté
(Oui je sais, il en manque…mais essayez donc de souhaiter quelque chose de sympa avec WXYZ.)

Conte de Noël.

Noël approche. Nous avons acheté un sapin et agrémenté la crèche avec les santons et les petites lumières (ma petite fille adore). Le soir devant la télé, j’apprécie cette ambiance de fête qui se prépare tout en visionnant un bon match. Généralement je dis à ma femme “ce soir j’ai rugby”! C’est juste après le dîner que je m’installe dans le mœlleux du canapé pour encourager des grands gaillards se vautrant sur une pelouse, qui tient d’avantage du champ de manœvres que du terrain de sport.

Je ne sais pas si vous avez remarqué mais dans tous les matchs, il y a des temps forts et des temps faibles. Des momenst ou il ne se passe pas grand chose, des moments ou les organismes se refont une santé. Et pour ma part, pire que des temps faibles, j’ai des temps morts. Mais carrément!
Devant la télé, il arrive un moment ou je vois des joueurs de 120 kilos voltiger comme des cabris en se donnant la main, d’autres plâner harmonieusement dans un pas de deux. C’est là que j’entends la douce voix de ma femme “- tu dors!!!!” Ma femme n’aime pas vraiment le rugby. Je crois surtout qu’elle n’y comprend pas grand chose. Déjà que moi j’ai du mal à en assimiler les règles…
Bref, il faut que je vous parle deux minutes de ma femme pour comprendre la suite de l’histoire. Comme vous le savez déjà (enfin pour ceux qui ont lu mon papier sur Théophraste), ma femme “adoooore” les orchidées. Mais pas seulement, elle aime aussi les figurines de personnages célèbres. Non pas les hommes illustres ou les femmes célèbres comme les politiques, les acteurs, les comédiennes, les aviatrices comme Jacqueline Auriol ou Marie Curie… et je ne sais qui encore. Elle voue un amour particulier à Bécassine et Pinocchio.

bécassine

Bécassine a été créée par Émile Pinchon en 1905. Et apparut le 2 février 1905 dans le premier N° de la Semaine de Suzette. À partir de 1913 Bécassine devient l’héroïne d’histoires bien structurées.

Pinocchio bibliothèque

Pinocchio est né en 1881 de l’imagination du journaliste et écrivain Toscan Carlo Collodi (1826-1890). En 1991 les 100 ans de Pinocchio ont été fêtés par tous les admirateurs du petit pantin..

C’est comme ça que j’ai dans ma bibliothèque sur des étagères distantes, entre les “oiseaux du Morbihan” et “mes photographes préférés”, une Bécassine en résine et un Pinocchio en bois.
Et l’autre soir vers la fin du match, dans la pénombre, alors que ma femme était partie se coucher (elle n’aime vraiment pas le rugby), j’entends cogner faiblement du côté de ma bibiothèque. Quelques coups répétés mais timides, très atténués. Intrigué et maugréant un peu, je m’approche de la bibliothèque tout en jetant un œil du côté de la télé pour ne pas râter le cours du jeu. J’écoute…Rien! Et puis j’entends comme un murmure suivi de petits coups contre la vitre d’une des portes de la bibliothèque. Je m’approche…et là, je découvre Pinocchio qui agite ses petits bras de bois pour attirer mon attention. Depuis le temps que je raconte des histoires “abracadabrantes” à ma petite fille, il fallait bien que tôt ou tard, je finisse par passer du côté de l’invraisemblable. J’ouvre la bibliothèque tout étonné et curieux.
Le pantin articule alors sa bouche rouge tracée d’un fin trait de pinceau.
J’ai bien cru que tu n’ouvrirais jamais la porte. Je commençais à étouffer coincé entre tous tes livres.
Ben, excuse moi! Mais je n’ai pas l’habitude de voir des pantins de bois qui bougent et qui parlent.
Pourtant, tu sais bien que Gepetto m’a donné la vie et la parole.
Oui, c’est vrai, mais de là croire tout ce que l’on raconte…
J’ai tout de suite senti que je l’avais vexé.
Si tu ne crois en rien, ta vie doit être bien triste.
Je n’allais pas laisser un pantin me donner une leçon de vie…tout de même!
Mais je crois aux gens, à l’amour, à l’intelligence, aux fleurs, aux oiseaux enfin à plein de choses de la vie.
D’un geste il me fit comprendre que ce que j’aimais était insignifiant.
La vie excitante, c’est celle des personnages qui habitent dans les livres, qui naissent dans les histoires. Une fois créés, ces personnages envahissent l’immagination des petits et des grands et t’accompagnent tout au long de l’existence. Les humains dépensent une énergie folle à découvrir qui est le gentil et qui est le méchant parmi ceux qu’ils rencontrent. Et souvent les rôles changent. Avec les héros des contes, tu sais à quoi t’en tenir. Le méchant est toujours méchant. Et le gentil est toujours gentil. Je connais presque tout le monde dans ta bibliothèque.
Il commençait à m’agacer avec ses sous-entendus.
Et comment se fait-il que tu te manifestes à moi si tu es si bien en compagnie des personnages de ma bibliothèque.
Et bien voilà, j’ai un rendez-vous important à honorer et tu dois m’aider!
C’est alors que Bécassine sur l’étagère supérieure se fit entendre d’une voix aigrelette :
– C’est bien ça, nous avons rendez-vous Pinocchio et moi et ça presse!
Baissant les yeux comme peut le faire un pantin embarassé, Pinocchio me confie :
C’est un rendez-vous que nous avons prévu depuis longtemps!
Et voilà que ma bibliothèque devait servir depuis un bon moment aux ébats amoureux d’un bout de bois et d’une poupée en résine…à des marmousets d’un siècle passé. Mon visage dût exprimer une profonde contrariété car le pantin enchaîna :
Non! Non, ce n’est pas ce que tu crois. Bécassine, c’est ma “cousine” et nos intentions sont strictement amicales et tout à fait chastes. Ce que nous te demandons pour ce soir, c’est de laisser la porte de la bibliothèque légèrement entrouverte pour que nous puissions nous organiser. Je compte sur toi. Tu nous dois bien ça.

Ce furent ces derniers mots. Je jettai un coup œil à Bécassine sur l’autre étagère. Puis sur Pinocchio. Rien, pas un mouvement, le silence complet. Je me dis intérieurement :
Mon pauvre ami, il va falloir que tu te réveilles. Les temps morts te jouent des tours.
Je suis resté un petit moment encore pour voir la fin de mon match. J’ai éteint l’écran plat, les lumières du sapin, celles de la crèche…et j’ai entrouvert en souriant la porte de la bibliothèque. Qu’est-ce que je peux être ridicule tout de même!
Le lendemain matin en me levant, j’ai repensé à ma conversation avec Pinocchio. J’ai dit à ma femme :
Tu ne me croiras pas, mais hier soir, j’ai discuté avec Pinocchio.
Arrête de dire des bêtises, tu t’es endormi devant ton match. Je t’ai entendu ronfler!

Oui, c’est sans doute vrai que je me suis endormi comme d’habitude devant la télé, mais quand je suis allé dans le salon, la porte de la bibliothèque était largement ouverte et devant la crêche j’ai trouvé Pinocchio et Bécassine en totale adoration devant le Petit Jésus…

Les orchidées et Théophraste.

Aujourd’hui en préambule, je dois vous dire deux mots sur Théophraste. Oui, le philosophe Grec celui-là même. Il fut le fondateur de la botanique en tant qu’étude des plantes et considéré comme un grand naturaliste. C’est à Théophraste que l’on attribue la dénomination suivante : “Orchidée, du grec orchis, qui signifie testicule, en référence à la forme des tubercules souterrains de certaines orchidées terrestres des régions tempérées”.
Si je dois vous parler maintenant de ma femme, ce n’est pas par rapport à la définition de Théophraste (je pense qu’elle ne connait pas cette définition)…mais tout simplement parce que ma femme adore les orchidées et que chez moi, il n’y a que ça. Il devenait donc évident que ces fleurs avaient tout pour servir tôt ou tard de sujet de dessin.

Pas facile de travailler sur des orchidées blanches sur un fond blanc. Soit on reste très clair et on ne voit rien, soit on force trop les valeurs et on aboutit à des morceaux de charbons accrochés à des tiges.
Le dessin exact, voire documentaire de l’orchidée n’est pas ma priorité. Je laisse aux artistes botanistes toute latitude pour nous épater par la précision de leur travail. C’est surtout le rythme et l’enchaînement d’une succession de valeurs qui m’ont le plus intéressé. C’est l’exercice que je me suis imposé ici. Le rendu au fusain sur papier, me fait penser à l’aspect de la peinture sur de la porcelaine. C’est une ambiance douce et légère, la valeur du gris s’évaporant progressivement dans le fond blanc.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’essai au pinceau et encre de chine (ci-dessous) donne un dessin plus noir, plus fort, plus contrasté. Le papier en ma possession n’étant pas bien adapté à cette technique du lavis, j’ai eu du mal à trouver la bonne gestuelle. Trop lisse et trop absorbant, ce papier sèche très vite et ne permet aucun travail dans l’humide. Le coup de pinceau et la densité du mélange encre/eau doivent être parfaits du premier coup…aucune reprise, aucun repentir ne sont possibles sitôt la touche posée.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sans rapport avec les orchidées “testiculaires” (bien que…) me revoilà avec mes dessins de nus. Dans le cas présent, au lieu de coloriser mes croquis au fusain, j’ai attaqué  le dessin directement à l’aquarelle afin de ne pas avoir le tracé noir en sous-couche. J’ai fortement détrempé à l’éponge le papier au R° et au V°. Posé sur une planche, que j’ai peinte d’une couche de peinture acrylique, le papier bien mouillé conserve très longtemps son humidité. Dans le très humide, j’ai tracé un vague contour de la forme qui s’est très rapidement dilué. C’est ce qui crée cette sorte d’irisation. Sur un papier moins humide, je suis revenu peu à peu pour préciser le tracé. J’ai posé également les principales masses indiquant les ombres qui créent le relief. Le visage, les cheveux et quelques points forts ont été placés aussi sur le papier sec.

Cirque Zavatta.

Le mercredi, c’est le jour des enfants. Pour moi, c’est aussi le jour ou je m’occupe de ma petite fille “of course”. C’est le jour des promenades en forêt, de la visite aux canards de l’étang du coin, de la pâte à modeler, des déguisements et tant d’autres activités que seuls les enfants nous permettent de revivre.

Les animaux campent sous les fenêtres des caravanes.


Mais aujourd’hui, ça sera le “Cirque”. J’ai toujours eu un sentiment mitigé envers le cirque. Combien de cirques se sont installés sur les places des petites villes à grand renfort de publicité diffusée par hauts parleurs. Combien de fois avons nous vu des animaux malheureux, crottés, apathiques reliés à une chaîne qu’ils semblent avoir du mal à traîner derrière eux. Deux ou trois chevaux, quelques chèvres, des lamas sont plantés là, presque oubliés sur le bitume d’un parking ou sur un bout de pelouse au milieu d’une cité grisâtre. Il est très difficile de reconnaître les bons cirques des mauvais. Beaucoup se réclament de telle ou telle enseigne au grand nom, sans en garantir réellement la qualité.

Le rouge et le jaune des couleurs du cirque Lydia Zavatta.

L’immense chapiteau pointe ses oreilles.

Malgré mes réticences, je me suis donc laissé embarquer pour le cirque Lydia Zavatta (c’est la fille du célèbre Achille Zavatta). De nombreux cirques portent le nom de Zavatta. Ce ne sont semble t-il que des loueurs d’enseignes. Le cirque Lydia Zavatta est par filiation directe le cirque à l’ancienne – le vrai –, avec grands fauves, cavalerie, numéros aériens, clowns etc…

Posez vous la question, chameau ou dromadaire?

Un œil affectueux qui ne voulait pas me lâcher.

La ménagerie est ouverte à tous, et j’ai pu constater combien les animaux paraissent sains et bien entretenus. Les animaux qui ont subi des violences, fuient l’homme. Ici, point de maltraitance ils sont calmes et sont venus vers moi, pour se faire caresser. Les cages des fauves sont dans un état de très grande propreté. Nickel chrome ! Ça ne sent pas mauvais, tout semble parfaitement organisé. Les camions semis remorques sont gigantesques et je ne vous parle même pas des luxueuses semis caravanes.

Watusi, en quelque sorte notre vache en Afrique subsaharienne.

Les cages sont nettoyées tous les jours.

Le tigre blanc

Le tigre blanc

Des camions beaux…comme des camions!

Le chapiteau était presque plein. Beaucoup d’enfants. Peu d’adultes, mais 2 ou 3 classes avec des accompagnants. J’ai beaucoup regretté l’ambiance côté spectateurs. Monsieur Loyal faisait tout pour dynamiser un public plutôt éteint. Le clown s’agitait comme un ressort pour déclencher quelques rires. Le spectacle était de qualité, bien rythmé. Les artistes enchaînaient leurs numéros avec talent et gaieté, mais les spectateurs étaient amorphes. Les petits enfants ne sont pas habitués à applaudir. Ils ne savant pas souvent comment se comporter…surtout si le cirque est pour eux une découverte. Il faut leur apprendre à apprécier, les iniitier.
Alors, que “foutaient” ces accompagnants qui avaient placé les petits en rang d’oignons dans les gradins et discutaient entre eux. Ne pouvaient-ils pas stimuler les enfants, applaudir pour leur montrer l’exemple. J’ai cru être en présence d’un public soit “blasé”, soit “lobotomisé”. À moins que surpris par le spectacle, ils en demeuraient bouche-bée. Parfois, quand c’est trop beau on en reste “baba”. C’est ce malaise qui m’a un peu chagriné. J’en étais géné pourles artistes sur la piste. J’avais beau applaudir deux fois plus fort pour montrer mon admiration, je n’entraînais pas grand monde. Monsieur Loyal non plus ne s’y est pas trompé. Entre 2 numéros, il a lâché : “Allez, les Parisiens, il va falloir être un peu plus dynamiques. Nous venons du Nord de la France, et il y avait une ambiance formidable !”

En introduisant les plus jeunes de la troupe Zavatta, ça  s’est mis à bouillonner, à crier, à danser et à chanter sur la piste. Les spectateurs ont suivi, sutout les enfants sur les gradins. C’était enfin gagné. Mais j’ai trouvé que le public était difficile ce jour là !

J’ai été particulièrement surpris par le fait que les photos du spectacle n’étaient pas interdites (sauf photos au flash toujours gênantes pour les artistes et les animaux). Hélas, je n’avais pas le mien. C’est bien connu…on n’a jamais le bon outil au bon moment ! C’est rare de pourvoir photographier un spectacle. Il faut donc signaler cette bonne initiative. Celà m’a incité à revisiter la ménagerie le lendemain pour faire quelques prises de vues.

Les chats acrobates au repos, s’amusent comme n’importe quels chats.

Steeve Caplot, plus à l’aise avec les fauves qu’avec les radiateurs.

J’ai apprécié particulièrement la disponibilité de Steeve Caplot (le dompteur) avec lequel j’ai pu discuter un peu du cirque (entre la réparation de son radiateur et la vérification des cages des tigres). J’ai goûté à la liberté de circulation dans tout l’espace du cirque.

À l’heure des jeux vidéos ou les héros renaissent après chaque partie et réussissent toutes leurs missions, au cirque, il existe des gens qui travaillent dur pour pérenniser leur art, tombent et se font mal s’ils faiblissent car contrairement aux héros ils ne sont pas d’acier inoxydable. Pour que se perpétue cette magie, il convient de bien accueillir ces hommes ces femmes et ces enfants qui forment la maison du cirque qui telle un vaisseau intergalactique au couleurs flamboyantes, se pose parfois en une nuit dans nos villes, nos campagnes pour notre plus grand plaisir.

J’espère que cette première approche en images, ne sera pas la dernière, le cirque est trop riche en symboles pour s’en contenter.
(Une dernière chose, si vous visitez la ménagerie, méfiez-vous des oies…elles sont pires que les fauves. Elles attaquent tout ce qui les approche.)

Défense de s’indigner ?

Il fait froid en ce vendredi sur le parvis de la Défense. Le temps est gris, l’air humide. L’esplanade est un espace ouvert ou les courants d’air, lorsqu’ils viennent de Paris, de Puteaux ou de Courbevoie, n’ont rien de sympathique. Depuis 15 jours les Indignés occupent la dalle entre le marché de Noël qui vient de s’installer et la Grande Arche qui domine les débats permanents. Quelques dizaines d’activistes, parfois une centaine dénoncent sans violence, par le dialogue une société aujourd’hui faite d’injustice.

Informer sans déformer les propos.

 

 

Les CRS ont volé les tentes et détruit le campement dans la nuit.

 

L’entrée du campement. La liste des courses côtoie la devise des Indignés.


Sur nous souffle le vent du capitalisme.
Pourquoi nous occupons la Défense depuis le 4 novembre!

  • Nous entendons dénoncer symboliquement le pouvoir financier en réinvestissant l’espace public pour en faire un lieu d’expression  démocratique.
  • Nous ne sommes ni un parti politique, ni un syndicat, ni une association.
  • Nous avons des idées et des positions potentiellement différentes et travaillons pour nous accorder par consensus sur un projet de société.
  • Nous appelons chacun et chacune à rejeter ce système qui nous opprime tous et à constituer ensemble une société plus juste.
  • Nous organisons des groupes de travail permettant de rédiger des propositions qui sont soumises en assemblée générale.
Les slogans sont écrits parfois maladroitement sur des cartons et s’étalent autour de leur campement. Certains sont adressés directement aux  public qui s’arrête et s’interroge.

Ne nous regardez pas comme ça, rejoignez-nous.
Les banques vous mentent, votre argent n’existe pas.
Dette publique, richesse privée…

Les échanges s’enchaînent sans discontinuer.

Pa rapport aux concentrations des Indignés Espagnols ou Américains, le mouvement peine à rassembler. Les Français ne sont pas encore au plus profond de la misère. Ils ont le menton hors de l’eau…pour combien de temps encore. Les politiciens nous annoncent des plans d’austérité en nous promettant qu’on va s’en sortir. Mais ce sont toujours les mêmes qui s’en sortent et nous payons sans cesse pour eux. 

Liberté, Égalité, Fraternité est la devise de la République Française, il devient nécessaire que ces mots qui sonnent de plus en plus faux, redeviennent des mots forts, vrais et de nouveau chargés de sens.

Vêtements, nourriture, parapharmacie, tout sera trié et rangé dans des cartons pour une utilisation quotidienne.

Après une nuit mouvementée et froide, c’est le réconfort d’un petit déjeuner chaud.

On passe en faisant ses courses, on s’informe ou on participe.

Il n’y a pas d’âge pour être solidaire.

La lecture des nouvelles d’autres Indignés, ailleurs, ensemble.

Indignée et costume cravate. Le contraste n’est peut-être que visuel.

Le bonheur d’être ensemble reste toujours aussi fort.

La jeunesse ouvre ses bras à l’avenir.

Adam et Ève.

Depuis quelques temps, je me suis remis au croquis de nus.  Le jeudi matin c’est une session libre ou les progrès se font en se “dépatouillant” entre amis assidus. Une fois par mois, le samedi avec Élisabeth Ribera (c’est notre intervenante, bien-sûr vous ne la connaissez pas! Mais je dois rendre compte de l’énergie qu’elle dépense pour bousculer nos habitudes), notre petit groupe se retrouve dans l’effervescence de l’atelier. J’aime cette ambiance intense et cependant décontractée ou l’on entend le fusain caresser, s’effriter ou craquer parfois brusquement sur le grain prononcé du papier Ingres.

Le croquis par essence doit être réalisé dans un temps relativement court. Les poses du modèle ne dépassant jamais 20 minutes pour les poses les plus longues et 5 minutes, voire quelques secondes pour les poses les plus courtes. Il arrive parfois que le temps de choisir son fusain ou de tailler son crayon gras, le “ding” du minuteur retentit indiquant le changement de pose. Le croquis restant inachevé, j’ai toujours l’impression d’être passé à côté du chef d’œuvre de la matinée. On peut toujours rêver!

L’idée m’est venue de mettre un peu de couleur sur certains croquis. Je vous livre mes différentes expériences et mes conclusions en quelques mots.

De l’eau qui mouille trop.
La colorisation est faite ci-dessus directement à l’aquarelle sur le croquis original. La difficulté de poser l’aquarelle sur le dessin, est que toute technique humide dilue le fusain ou la craie noire. Il faut donc faire vite et ne pas trop revenir sur les zones mouillées. Cet inconvénient est minoré dès lors que l’on fixe suffisamment le croquis. Et encore…..

La main lourde de l’éléphant.

Ici, je montre l’état de 2 originaux. Le croquis original fait sur place et la reprise au fusainde ce même croquis avec l’ajout d’aquarelle. En fait la reprise d’un croquis n’est jamais idéale. Sur la dynamique du trait, de la spontanéité du geste, j’ai beaucoup perdu. De plus, sur le plan de la colorisation, l’aquarelle rehaussée de gouache blanche a alourdit l’ensemble. Un croquis doit rester un croquis ou alors, il faut aller plus loin, vers un travail plus précis, plus proche d’un dessin académique, d’une étude des lumières et des ombres.

De l’illusion avec Painter.
Sur ce portrait rapidement croqué, j’ai appliqué une autre technique de colorisation. Après la reproduction numérique du dessin, je l’ai importé et travaillé dans Painter (célèbre logiciel de peinture virtuelle). Nous sommes loin de la sensualité du papier, de la gestuelle ample de la main dans l’espace. Mais je dois dire que l’effet est tout à fait “bluffant”. D’ailleurs beaucoup d’artistes (illustrateurs principalement) utilisent ce logiciel pour leurs travaux.

Pour le plaisir de la découverte je suis allé plus loin avec quelques essais réalisés dans Painter. Qui n’essaie pas n’aboutit à rien.

Sur le détail ci-dessus, on peut voir que la “couleur virtuelle” se fond bien avec le croquis original tout en générant des nuances très subtiles.