Vitrines

Il existe partout en France, dans cette France que l’on appelle “rurale” ou “provinciale” des petits magasins aux vitrines toutes plus belles ou plus sympathiques ou plus austères les unes que les autres. Parfois encore en activité, parfois à l’abandon, les vitrines nous racontent l’histoire de ces villages. Les vitrines que je vous propose ici, ne sont pas des vitrines rénovées, refaites au goût du jour pour satisfaire les touristes en mal de nostalgie. Non, ce sont des vraies. De celles qui vieillissent avec leurs propriétaires. Elles en ont tous les stigmates. Façades toutes de “guingois”, murs aux peintures fanées, enseignes repeintes maladroitement. Bref vous êtes dans l’authentique. Je le sais, la prochaine fois que je repasserai par là, certaines auront troqué les mots “droguerie ou modes” par “sushi ou kebab”.


Comme un dessin d’enfant

Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais j’ai toujours un sentiment partagé lors de la disparition ou de la rénovation des vieux quartiers dans une ville en pleine urbanisation.

Quelques maisons au pied des grandes tours.

Quelques maisons au pied des grandes tours.

La présence de quelques vieilles maisons nichées au pied de tours m’évoquent toujours ces batailles épiques que mènent certains petits résidents face aux grands promoteurs. Connaissez-vous le dessin animé “Là-haut”. Un petit pavillon de banlieue, cerné de toutes parts de tours en construction. Un grand-père bougon, solitaire et malheureux finit par s’envoler avec un enfant en accrochant sa maison à une multitude de ballons multicolores. Les histoires du “petit” contre “le géant”, de “l’ancien” contre “le moderne” font sans doute partie des conventions que l’on aime se raconter à tout âge. Ici, on sent le combat perdu d’avance. Inexorablement, les tours aux grands pieds avancent. Avec leurs façades de verre aux reflets gris acier, elles surplombent de leur superbe la misérable masure qui ose encore profiter de leur ombre. Demandez à un enfant de vous dessiner une maison. Il la dessinera comme l’une de celles-ci. Avec deux fenêtres, et une porte placée bien entre les deux fenêtres. Il tracera un toit à deux pentes en tuiles orange. Rien ne ressemble plus à un visage que le dessin d’une maison réalisé par un enfant. Les fenêtres sont des yeux, la porte est un nez et le toit forme la coiffure. Examinez la couleur des façades. Elles ont les teintes infinies et subtiles de la peau des hommes. Parfois blanches, parfois légèrement ambrées, ou jaunes, ou bien cuivrées, tachées, dépigmentées. Les fissures sont autant de rides concédées au temps. Autant de maisons, autant de personnalités.

On fait encore ses courses dasns les magasins du centre ville.

On fait encore ses courses dasns les magasins du centre ville.

Dans leur immuable stature, les tours toutes proches font bloc, masse, tant elles se ressemblent dans leur uniformité. Ces phallus géants, symboles de la puissance d’une société virile et surexcitée, rejettent dans les ruelles alentour les petits hommes, aux petites jambes, aux petits bras, aux petits moyens. Deux mondes cohabitent parfois sans se reconnaître. L’un ne baisse jamais les yeux, l’autre ne les lève plus vers le ciel.

Une récréation à la campagne

Il faisait bien frais ce matin à 8 heures.
Le temps idéal pour saisir quelques images au ras du sol.

Comme une toile d’araignée, la rosée recouvrait les prés, parsemant ses perles brillantes telles des diamants. Le soleil se levait à peine derrière les grands arbres. En quelques enjambées dans les hautes herbes, mes chaussures ont pris l’eau. “Encore des chaussures made in China !”. Ce qu’il y a de bien quand-même avec la macrophotographie, c’est qu’on peut “tournicoter” dans un petit périmètre et qu’il n’est pas nécessaire de faire des kilomètres pour trouver un sujet. Le problème est … qu’il faut sans cesse se coucher, se relever, s’accroupir, se relever, installer un plastique pour ne pas se mouiller entièrement, replier le plastique, le déplier un mètre plus loin, s’allonger à nouveau etc…bon, vous m’avez compris. Donc, je veux dire par là que c’est quand-même du sport. Même si on ne voit pas bien le résultat sur ma personne. Ne pensez pas que je cherchais un prétexte pour rentrer au chaud, mais au bout d’une heure de cette gymnastique, le soleil étant déjà haut, la lumière devenant sans intérêt pour mes images… j’ai rangé mon matériel. La suite est ci-dessous en cliquant sur les images.

Faux semblant

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Un escalier mystérieux,
aux marches glissantes descendait vers la mer. Vers quelle destination et sur quels esquifs les voyageurs pouvaient-ils donc s’embarquer ! Les vagues dans une agitation obstinée, crachaient leur écume froide, attaquaient le béton avec une humeur noire. Un autre escalier se dressait raide vers le ciel. De grands murs gorgés de lichens humides encadraient cette allée qui s’ouvrait vers une hypothétique lumière. Au faîte de mon escalade, sur une terrasse en balcon, face à la mer, une femme observait l’horizon brouillé. Les flots étaient vides, d’une fade et désespérante couleur.

Derrière moi, un passage pavé débouchait sur un ensemble de ruelles bordées de maisons étranges. J’étais à la périphérie d’une ville fantôme, à la lisière du désenchantement. Des portes donnaient sur le vide. Des fenêtres obstruées d’un panneau peint, voulaient imiter un paradis fleuri. Des bâches noires semblables à des ailes de corneilles battaient mollement au gré du vent. Dans la boutique du poissonnier, sans doute perdu en mer depuis longtemps, les seuls poissons visibles ornaient désormais le tissu agraffé sur la vitrine. Tout tendait vers le mensonge.

Une façade entière avait été peinte sur une toile. L’imitation aurait pu m’abuser si une brusque rafale de vent n’avait subitement plissé le décor. Au détour des ruelles, des figures étranges, parfois cyniques  émergeaient, semblaient me dire “va-t’en d’ici ! Dégage !”. Des signes hermétiques avaient été tracés sur le sol. Par peur d’un maléfice, j’évitais de marcher dessus.

Du monde m’apparut enfin. Ces gens là, ne semblaient pas me voir, ils se déplaçaient rapidement, en bande bruyante. Certains, sans doute par mauvaise conscience se cachaient derrière un masque. Je ne comprenais rien à leur voix déformée. Abruti par tout ce que je découvrais ici, je me réfugiais dans un édifice tout proche. Des coffres, surmontés de hauts reliefs costumés de façon excentrique, gisaient là, posés dans chaque alcôve. Le regard tourné vers la lumière, les êtres de pierre, semblaient dormir d’un sommeil réparateur. Je songeais à un long voyage dans l’au-delà. Les petits faits répétés du quotidien, sans que l’on s’en rende compte, inscrivent aussi leur histoire dans celle des hommes. Un mur devant moi contenait les signes de cette évidence. Hasard ou message codé, un cercle dessinait assez précisément un système planétaire inconnu. En creux, apparaissaient, “c’était certain”, des planètes, une autre terre, un autre soleil, une autre lumière… ailleurs !

Sur une petite table cachée dans l’ombre, dans un cahier d’écolier, des inconnus avaient laissé des messages. Je lus quelques phrases tracées parfois d’une main tremblante. Elles  s’adressaient toutes à un être que je ne connaissais pas. Il y avait de l’espoir dans chaque ligne, et parfois aussi un peu de malheur traversait le papier. Je refermais la porte doucement en sortant pour ne pas déranger le silence. Le soleil s’était levé. Une allée devant moi se dirigeait vers un joli parc. Je m’y engageais discrètement en faisant crisser le gravier blanc.

Banlieue

On est souvent d’une banlieue avant dêtre d’un pays ou d’une région. Quelle que soit son implantation, une banlieue offre tout au long de la journée des visages assez similaires à la banlieue voisine. D’un point à un autre, on traverse ainsi différentes banlieues, parfois sans s’en rendre compte.
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Un dimanche ordinaire

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Mon voisin d’immeuble a éclairé son bureau. Sans doute jette t’il un dernier coup d’œil au dossier qu’il présentera demain lundi en réunion. J’ai toujours le sentient que ce bâtiment au regard borgne me surveille dès que la nuit tombe.
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Laurent Delahousse en ce dimanche soir, a mis de côté les plus mauvaises nouvelles, elles seront pour plus tard. Il n’est pas question de gâcher la fin de week-end d’une bonne partie de la France.
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Pourtant, bien loin de là, en Afrique du Sud un drame terrible vient de se dérouler. Le Maroc, éliminé de la Coupe d’Afrique des Nations de football sombre dans l’apathie. Avec les Lions de l’Atlas, c’est toute une nation qui a le cœur brisé.
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Les enfants et petits enfants ont passé un bon moment à la maison. La journée a été bruyante et mouvementée. Ce soir, un calme reposant a envahi l’appartement. Sur son canapé, ma femme s’endort lentement, en boule comme un chat.
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Personne ne s’est occupé de la vaisselle. Quand même, ils auraient pu laver les quelques tasses et assiettes qui traînaient. Ces jeunes, jamais pressés d’arriver, toujours pressés de partir. Ça attendra donc demain.
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Mon infortune sera totale ce soir. Je me contenterai d’un plateau repas, fait d’un bol de soupe et de trois ou quatre tranches de saucisson. Delahousse…à la tienne mon ami, pour peu que tu veuilles bien partager avec moi un verre d’eau bien fraîche.

L’averse.

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Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais un de mes plaisirs un peu pervers, c’est de subir une bonne vieille tempête avec bourrasqques de vent et de pluie, confortablement installé dans ma voiture. Arrêtez vous. Prenez un peu de temps pour savourer. Ça a dû vous arriver, de sentir la voiture remuer de gauche à droite au gré des rafales. Vous devez les connaître ces grosses gouttes en furie qui tambourinent sur le parebrise, toquent sur le toit du véhicule, et essaient de s’engoufrer par quelque joint un peu fatigué. Non, ne lancez pas les essuie-glaces, laissez l’eau créer librement des paysages fantômatiques semblant sortir tout droit d’une imagination un peu embrumée. Ne contrôlez rien, laissez libre cours au hasard, vous ne le regretterez pas. Le calme revenu reprenez votre route doucement en laissant vos pneus chanter sur la route humide.
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Neige en hiver…et oui !

Fait rare, il a neigé en région parisienne.ssj-neige-01
Toujours espérée par certains, redoutée par beaucoup d’autres, la neige quelle que soit son épaisseur provoque la paralysie de la ville. On le sait, le parisien ne sait rien faire sans sa voiture et encore moins rouler sous la pluie, la neige ou le verglas. Alors, pendant quelques heures, les “caisses” se sont accrochées aux trottoirs ou sont restées couchées dans leurs niches chauffées. Les rideaux de fer sont descendus, les caddies abandonnés au froid de 20 heures, . Quelques voitures portent encore les stigmates du passage des enfants, qui faisant un bonhomme de neige, qui bombardant les passants, ont regagné le nid douillet avant la froidure de la nuit. ssj-neige-02
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Max dans son costume d’indien resplendit de toutes ses couleurs en continuant de faire sa promotion pour des voyageurs qui ont depuis bien longtemps déserté la station.

Saleté de temps

Par le temps qu’il fait, je n’aurais jamais mis un pied dehors sans avoir une bonne raison. Même pour un chien… que je n’ai pas d’ailleurs ! Je l’aurai laissé faire un tour sur la pelouse autour de l’immeuble, puis sifflé pour «me» rentrer rapidement. Alors, quelle idée de sortir avec un appareil photo, tout ça pour vous balancer quelques images de l’humidité ambiante. J’ai fait de grosses flaques sur le parquet en rentrant… alors ma femme comme à chaque fois, m’a lancé d’un air de reproche :
— Mais qu’est-ce que tu faisais dehors sous cette pluie ?
J’ai rien dit. J’ai déguerpi dépouiller mes images dans mon bureau. Ma femme ne comprend rien à la photo !
(Cette série de photos fait partie du travail du Collectif Regard-Perdu sur le thème Dimanche 20 heures.)

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