Rememorare.

Pour tous ceux qui s’intéressent à mes dessins, je viens d’éditer sur Blurb un album de croquis et dessins de nus.

Je crois que la tâche la plus difficile qu’il m’ait été donnée de réaliser, consiste en la confection de cet album qui reprend une partie des dessins et croquis que j’ai pu éxécuter ces trois dernières années. Photographier, scanner, traiter, sélectionner, ordonner, voilà des actions qui réclament attention et minutie. Que garder, que mettre de côté ? Certains croquis sont pour moi, malgré les imperfections, des documents qui m’inspirent. Parfois trois traits à peine jetés, esquissés dans le mouvement, soumis à mon regard, me replongent dans l’acte même de la création.

Rememorare, comme s’il y avait une mémoire du geste et du plaisir. Enfin, le résultat de tout ce travail, est pour une bonne part rassemblé ici. Cet album ne contiendra pas les derniers dessins qui continuent d’abreuver mes carnets et mes cartons. Mais, trop point n’en faut. La mesure entre le juste et le trop est évidemment difficile à déterminer. J’espère avoir réussi par mes choix à susciter au moins un regard enthousiaste.

L’album comporte 114 pages couleur au format 13 x 20 cm. Si vous souhaitez l’acheter, Il est vendu 26€ par Blurb (prix coûtant, je ne prends aucune marge dessus). Mais vous pouvez me faire un grand plaisir en vous contentant de le consulter tout simplement.

06_rememorareEn cliquant sur l’illustration ci-contre, vous pourrez accéder directement à l’album. Pour visualiser toutes les pages, cliquez ensuite sur “Aperçu” puis faites défiler.
Les plus téméraires, trouveront le bouton pour agrandir l’album au format plein écran.

Bonne visite à mon exposition virtuelle.

 

 

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Nus d’automne.

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Ça faisait un petit moment déjà que je pensais mettre à jour ma galerie “croquis de nus”. En septembre, c’est la réouverture de l’atelier, le moment de retrouver tout le monde et surtout de reprendre le maniement du crayon avec ardeur. En quelques semaines, les croquis s’amoncellent vite. Il me fallait le temps de faire une petite sélection, puis d’en organiser la reproduction. Voilà, c’est chose faite. La mise en ligne ci-dessous présente différentes techniques, fusain, mine graphite, pastel à l’huile, pierre noire etc…

Le pastel à huile est traité sur un support papier très lisse (papier pour feutre) et dilué à l’essence pour obtenir des tons transparents. Certains croquis sont exécutés très rapidement avec des Néocolor solubles à l’eau.

À quoi, aquarelles.

Bon, l’aquarelle c’est pas de la tarte ! Ça, je le savais déjà…avant. Avant…de partir cinq semaines au soleil du Vaucluse.

Le Clos Saint Louis. Bedoin, Vaucluse.

Le Clos Saint Louis. Bedoin, Vaucluse.


C’est sûr, l’aquarelle vous vous dites, c’est un peu comme de la peinture à l’eau pour les gamins. Mais ça, c’est pas de l’aquarelle, c’est de la “barbouille” qu’on étale aussi bien au pinceau, qu’au rouleau et souvent avec les mains. Non, là je vous parle de la fine couche colorée et transparente qui épouse onctueusement le grain profond et cependant lumineux du beau papier “torchon”. Non, “torchon”, c’est pas un mot vulgaire. C’est tout simplement la qualité du grain du papier.

Le Clos Saint Louis. Bedoin, Vaucluse.

Le Clos Saint Louis. Bedoin, Vaucluse.

Comment, vous ne savez pas ce qu’est le grain du papier ? Passez donc vos doigts sur du papier de soie et ensuite sur du papier de verre, vous comprendrez ce que je veux dire. Déjà, il faut savoir choisir son papier. Car en fonction du papier, on n’obtient pas tout à fait le même résultat. C’est comme peindre sur un mur bien lisse ou rempli de défauts. Un papier torchon, au grain profond, retient la couleur, un autre plus lisse donnera plus de douceur. Mais, pour compliquer tout ça, il faut savoir qu’il y a plusieurs fabricants de papier aquarelle. Que chacun a sa norme et ses appellations. Un torchon de tel grammage chez untel ne sera pas le même torchon de chez tel autre. Et puis…et puis…les qualités ne sont pas identiques. Un beau papier qui promet beaucoup, peut à l’usage se montrer désastreux. Vous êtes toujours là ? Vous allez me dire :
— ça mon gars, c’est ton problème !

Le Clos Saint Louis. Bedoin, Vaucluse.

Le Clos Saint Louis. Bedoin, Vaucluse.

C’est un peu vrai. Mais, en parlant de mes préoccupations j’espère bien vous faire ressentir le “dur labeur de l’artiste”. En ce monde ou tout n’est plus qu’industriel et fabriqué à la chaine, agissons “pour la défense de l’art et de l’authentique”.
Pour l’instant, me voilà au pied du mur (façon de parler) avec ma boîte chevalet à bretelles sur le dos, mon bloc papier grand format sous le bras gauche et le sac rempli de bouteilles d’eau à la main droite. Les pots à eau découpés dans des bidons plastiques sont accrochés par des élastiques au chevalet. Ils s’entrechoquent à chacun de mes pas et ponctuent mon avancée. Je passe finalement totalement inaperçu d’autant que sur les chemins blancs de soleil, je suis seul à errer à la recherche, d’une part d’un coin d’ombre et d’autre part d’un point de vue avantageux. Je dois reconnaître que c’est le plus souvent le coin d’ombre qui décide de mon point de vue.

Village de Sainte Colombe et Ventoux. Vaucluse.

Village de Sainte Colombe et Ventoux. Vaucluse.

Les Colombets. Bedoin, Vaucluse.

Les Colombets. Bedoin, Vaucluse.

Bon, là, ça me parait bien ! Je jette tout mon harnachement au sol et règle en priorité les 3 jambes en bois de la boîte chevalet. Tout est de travers, il faut régler un peu mieux les pieds. Il fait chaud. Très chaud. J’installe une feuille. je croque (oui, dessiner). Les gestes sont pénibles.

Les Demoiselles Coiffées. Bedoin, Vaucluse

Les Demoiselles Coiffées. Bedoin, Vaucluse

J’ai l’impression d’avoir des enclumes dans les bras. Je me sens moite, collant dès que je gesticule un peu. Je prépare les grands godets porcelaine Winsor & Newton pour les gros pinceaux. Ça y est, les mouches s’invitent et voltigent autour de mes oreilles. Comme le papier sèche bien trop vite, je mouille au maximum la feuille. Celle-ci gondole et forme des réserves d’eau qui finissent pas attirer des guêpes à la recherche de boisson fraîche. Il ne manquait plus que ça. Ah, peindre en pleine nature quel bonheur ! Je les ai vus de loin, baguenaudant au milieu des vignes…les touristes ! Allemands de surcroît. Non pas qu’ils me soient antipathiques, mais allez donc expliquer à des spectateurs admiratifs vos problèmes d’aquarelle lorsque personne ne parle la même langue.
— Oui, trop mouillé…trop chaud…yes, wet…Noooo, too hot !!!
— Really beautiful…schön !!!

Le Clos Saint Louis. Bedoin, Vaucluse.

Le Clos Saint Louis. Bedoin, Vaucluse.

Avec trois mots d’anglais et deux adjectifs familiers, connus de tout le monde, nous nous sommes compris. Quoi échanger de plus sinon quelques sourires bienveillants en guise d’au revoir. Le silence est revenu. Les mouches aussi. L’église sonne l’heure du pastis et moi je remets de l’eau propre dans mon pot. Le soleil commence à tourner. Mon refuge ombragé prend la lumière de toutes parts et les couleurs de ma palette m’apparaissent de plus en plus pâles sous la violente luminosité. Il est temps de conclure rapidement l’affaire d’autant que le soleil a bouleversé l’ambiance du paysage. Trop de clarté, trop de blancheur, ombres noires, à la verticale. Plus rien à en tirer. Demain, c’est sûr, je fais de la photo !

Les Couguious. Bedoin, Vaucluse.

Les Couguious. Bedoin, Vaucluse.

Ateliers du Mesnil

Après le mois d’avril où l’on ne doit pas se découvrir d’un fil, voici le joli mois de mai durant lequel on peut faire ce qu’il nous plait.

Ouf il était temps ! C’est toujours au mois de mai aussi que fleurissent non seulement les petites fleurs qui n’en peuvent plus de retenue, mais également de nombreuses expositions de peinture en région. Je trouve dommage que ces événements artistiques se déroulant tous en même temps, nous empêchent d’être présents à plusieurs endroits à la fois. Ceux qui ont une production importante se sentiront à l’aise pour exposer ici et là et répartir au mieux le résultat de leur travail. Pour ma part, à l’occasion de la semaine artistique des “Ateliers de Mesnil Le Roi”, je me contenterai de présenter 3 aquarelles croquées sur le vif lors des séances de modèle vivant ainsi qu’une toile en technique mixte, réalisée à partir d’un croquis à l’encre.

Les Ateliers du Mesnil, du 25 mai au 2 juin 2013.
Du mardi au vendredi de 15h à 18h30.
Samedi et dimanche de 10h à 18h30 sans interruption.

Centre georges Brassens
(Salle d’exposition du bas).
100, rue Jules Rein
Mesnil Le Roi 78600.
Tel. : 01 34 93 49 15

Aquarelle 01

Aquarelle 01

Aquarelle 02

Aquarelle 02

Aquarelle 03

Aquarelle 03

Technique mixte

Technique mixte

Atelier en panne

Bon je sais, vous allez vous dire “tiens le revoilà”.
Ça faisait longtemps ! Et oui, ça faisait un petit bout de temps que ma souris se morfondait dans son coin, sans un petit bout de texte à grignoter. Quelques vacances, une lombalgie, aussi un peu de fainéantise avouée et un printemps qui tardait à venir ne m’ont pas incité à mettre à jour ce blog.

Mauvaise nouvelle pour l’atelier de “nus” du samedi. Notre dynamique intervenante, pour des raisons personnelles quitte la région Parisienne et s’installe désormais dans le Morbihan. Nous perdons une animatrice et du même coup, les séances de “croquis” vont disparaître. Le groupe sympathique que nous formions va se dissoudre. Hélas !

Pour cette avant dernière séance, comme à l’habitude, nous avons tout d’abord travaillé en croquis très rapides de 1 ou 2 minutes. Faute de modèle nu, nous avons posé chacun notre tour… Bien fait pour nous ! Nous avons pu ressentir combien poser sans bouger quelques minutes peut-être pénible, tant nous sommes habitués dans notre quotidien à remuer sans nous en rendre compte.

Les 3 planches de croquis qui suivent, sont réalisées dans l’odre chronologique de l’échauffement de l’œil. On peut voir que le couple œil/main s’améliore, devient plus précis. Pour des poses de même durée, le croquis est plus détaillé, plus présent. Fonctionnant comme un appareil photo, l’œil capte l’essentiel du modèle, et la main accélère pour retranscrire le maximum de signes dans un instant donné.01_elysabeth_03_13 02_elysabeth_03_1303_elysabeth_03_13

Pour finir la séance, nous nous sommes adonnés au “portrait” rapide de 10 à 15 minutes. L’essentiel étant non pas d’obtenir des “figures” ressemblantes, mais de saisir l’expression principale, les traits essentiels qui peuvent caractériser chaque personne. Anne, Nathalie et Nathalie se sont prêtées au jeu de la pose. Merci à elles.06_portrait_03_1305_portrait_03_13 04_portrait_03_13

Dibond®, support magique

Le Dibond est un support rigide, développé par 3A Composite. C’est un matériau composite. Deux plaques d’aluminium sont “thermoliées” à une plaque centrale constituée de “polyéthylène”. Chaque surface du panneau est recouverte d’un film de protection. Les faces avant et arrière, sont thermolaquées en blanc ou en couleur, en mat, en brillant etc.

Plaque de Dibond

Le Dibond est extrêmement rigide, parfaitement plan, résistant aux températures. Il est souvent utilisé pour les stands, comme support d’affichage, le contrecollage de photos, l’impression numérique etc. Le Dibond est fabriqué en diverses épaisseurs, de 2 à 6 mm et selon le format (plaques de 100 à 405 cm). On trouve ce support chez Géant des Beaux Arts à un format maximum de 80 x 120 cm.

Plusieurs épaisseurs existent, de 2 à 6 mm

Un film protège chaque face du panneau

Mon idée était à l’origine de peindre sur un support lisse, de faire glisser la peinture afin d’obtenir des effets de pinceau. Un premier essai sur KapaPlast (couche de polyuréthane entre 2 surfaces de carton plastifié) avait donné d’assez bon résultats. Mais le support s’était avéré assez fragile à la manipulation.

Voici une petite démonstration sur un autoportrait qui montre assez simplement ce que je voulais obtenir.

Le dessin peut se réaliser au crayon gras (graphite genre mine “Cyclop” 6B). Le trait doit être un peu gras pour accrocher sur le support laqué très lisse. Les craies Néocolor ou les crayons StabiloTone de chez Swan sont excellents pour celles et ceux qui veulent esquisser leur tableau. Il n’est pas utile ni même recommandé de gommer une erreur. Mieux vaut essuyer le trait avec un chiffon ou une éponge humide si l’on veut tout effacer et recommencer. Le dessin achevé, je ne fixe pas le trait sous peine de modifier par un léger grain, l’aspect lisse du Dibond.

L’esquisse et le premier jus à l’essence. Format du panneau 50 x 60 cm

Je pose la base avec un peu de couleur et beaucoup d’essence. Je travaille avec la térébenthine, en ajoutant ou retirant de la couleur. Il faut savoir profiter des effets inattendus que provoquent les “coulures” ou les “retraits”. Tout le temps que dure la séance, c’est un va et vient de “construction et de déconstruction” de la matière et de la couleur. La peinture sèche lentement et peut se travailler presque indéfiniment, il est tentant de ne plus s’arrêter. Ne pas trop empâter pour la première séance. Conserver cet aspect “jeté” de jus de couleur est important pour préparer la phase suivante.
Bien laisser sécher avant de reprendre le tableau.

Premier aspect de l’autoportrait

Pour la deuxième séance la couleur peut être agrémentée de “médium” afin de coller sur les jus précédents. Pour ma part  j’utilise du “Painting Medium Quick-Drying” de chez Talens mélangé à une bonne proportion d’essence. Il suffit à chacun, soit de vouloir conserver cet aspect “coups de pinceaux” en travaillant par ajout de couleurs transparentes, soit de charger en matière en perdant l’aspect” esquisse peinte”.

L’aspect que l’on peut obtenir

Une vue rapprochée de l’autoportrait

Il est possible à tout moment, en utilisant de l’acétone (attention aux vapeurs très nocives) de faire fondre, de diluer, de trouer, la peinture à l’huile et de retrouver le support original. Si vous n’êtes pas satisfait du résultat, dans le frais, un chiffon, de l’essence de térébenthine et un peu d’huile de coude, enverra votre chef-d’œuvre aux oubliettes. Vous avez sous la main un support à usage presque perpétuel. Une sorte d’ardoise magique.

Toutes les tentatives sont permises et au moins, ça décomplexe.

On ferme!

Voilà, c’est fini.
Pendant 2 mois la France va rentrer dans sa coquille pour vivre au ralenti.

Il n’y aura d’intérêt que pour la météo des plages, les places incontournables des meilleurs festivals…ceux du jazz, du théatre, de la danse, du cinéma ou du boudin blanc aux pommes. Les radios ressortent leurs émissions musicales qui tirent en longueur. Un animateur en stage avec une pile de disques, c’est plus facile à programmer que des invités autour d’un sujet sérieux. Les chaînes de télévision recherchent dans les stocks la énième saison des “Experts” ou “NCIS” qui ne soit pas déjà passée 3 fois sur les ondes. Après tout, les français s’en foutent des sujets sérieux. Ils sont en vacances! Ils veulent de la détente! Du “cool”! De la culture prémâchée. Pas des “trucs” qui vont leur casser les “c…….”! Exxxxcusez-moi je m’emporte! À trop regarder l’Euro de foot, je finis par parler comme un footballeur. Bref, pour la plupart, les “stressés” seront bientôt sur les côtes, côte à côte, en train de griller comme des merguez.

Noter atelier de “modèle vivant” ferme aussi. C’est fini jusqu’en septembre. Les chevalets ont été remisés, les tables retournées, les rideaux tirés.

Une partie des “croqueurs” en pleine action gourmande.


C’est autour d’un petit repas que quelques fidèles “croqueurs” se sont réunis pour la “der”. Les verres ont trinqué, les assiettes n’ont pas désempli et le soleil aidant…(et peut-être aussi quelque divin nectar…) il a fait chaud sous les chapeaux.

André et son chapeau de cardinal.

Ça laisse dubitatif. N’est-il pas?

Il faisait chaud sous les chapeaux…

Je concluerai ce petit article en glissant quelques croquis de la “dernière séance” comme signe de remerciement envers tous nos modèles. Un sincère message de reconnaissance aussi pour la “responsable” de cet atelier qui ne perdurerait pas sans son excellente organisation.
Bonnes vacances à tous ceux qui partent, et à bientot ici même pour ceux qui me suivent.

Portraits

Dans les croquis de nus, les visages ne sont souvent signifiés que par un ovale, et quelques traits pour indiquer le nez, les yeux, la bouche. Corps parfois sans les mains, sans les pieds, sans les visages, car ces parties anatomiques demandent un temps d’observation et de réalisation que le croquis rapide ne permet pas toujours.
Pour cette fois, le temps du croquis,  j’ai essayé de focaliser mon observation sur quelques visages afin de donner une personnalité à tous ces corps que je vous propose au fil du temps.

Matières & matériaux

Un jeu de spatules carrossier est parfaitement adapté pour créer des matières.

Allez, aujourd’hui c’est bleu de travail, truelles et spatules. Je vais vous parler de ma façon de réaliser de l’épaisseur pour certains de mes sujets, de créer des effets dans les fonds. Pour cela, on va jouer un peu au peintre en bâtiment et tout d’abord oublier les matériaux dits pour “artistes”.

Pour l’acrylique, il existe de nombreux produits qui permettent de réaliser des effets plus ou moins prononcés. Des pâtes de modelage, des gels de texture sont à notre disposition dans différentes marques. Ces matériaux conviennent bien à la préparation des fonds tant pour l’acrylique que pour l’huile. Cependant de par leur nature, ils ne permettent pas un mélange avec les couleurs à l’huile.
Pour l’huile, les solutions d’empâtement sont moins nombreuses. Lefranc, Sennelier et quelques autres marques proposent différents médiums d’empâtements. Ce sont souvent des gels translucides qui tendent à donner du volume et de la transparence à la couleur sortie du tube. En utilisant ces produits, je n’ai jamais eu le sentiment de travailler avec de la “vraie” matière. J’ai toujours trouvé un manque de “présence” à la texture.
Ma solution est beaucoup plus simple, moins honéreuse aussi et consiste tout simplement à utiliser un enduit gras que l’on trouve dans tous les bons magasins de bricolage (comme on dit).

Les détails qui suivent ne sont pas tous extraits de cette toile.

Après différents essais, j’ai choisi l’enduit gras extra fin Gérard. C’est un enduit glycérophtalique pour un usage au couteau. La pâte est onctueuse et une boîte de 500 gr permet de réaliser bien des effets.
Bien qu’il me soit arrivé d’utiliser l’enduit gras sur toile, il faut reconnaître qu’un support rigide comme du contreplaqué, de l’isorel ou du latté préparé au Gesso est fortement conseillé.

L’enduit gras Gérard. Il ne faut pas hésiter à mettre de l’eau sur la pâte pour le conserver longtemps une fois ouvert..

La pâte est onctueuse, n’est pas très blanche. Il faut en tenir compte.

On peut utiliser l’enduit de 2 façons différentes.

L’appliquer directement au pinceau, au couteau sur le fond du panneau en créant des effets de matières. Il est possible de sculpter dans le frais ou après séchage du produit, de le poncer à sec ou à l’eau afin d’obtenir un fond très lisse. Il est possible aussi de rayer le fond avec une brosse métallique, de creuser, d’attaquer l’enduit avec toutes sortes de grattoirs ou d’outils improvisés. Attention, une fois bien sec, l’enduit gras Gérard devient très dur.
Il ne reste plus qu’à peindre à l’huile sur ce fond préparé, de jouer du pinceau intelligemment pour remplir les creux, travailler au chiffon en frottant, en déposant ou enlevant de la couleur ici ou là. Cette méthode demande une bonne appréhension du sujet que l’on va peindre. Elle demande une certaine anticipation.

Ici le fond a été gratté dans le frais avec une brosse métallique. Une teinte est posée puis frottée avec un chiffon afin de conserver la couleur foncée dans les creux.

Différents effets sont possibles. La couleur ici est posée après séchage de l’enduit.

La seconde façon d’utiliser cet enduit gras, méthode plus instinctive, c’est de mélanger sa couleur directement à la pâte. Il faut tenir compte du fait que la couleur est mixée avec une pâte plus ou moins blanche. D’où une perte de puissance de la couleur. La teinte obtenue prend une valeur proche des tons pastels. Il faut dans ce cas après séchage, revenir par des glacis sur les teintes qui manquent de vivacité. Pour conserver une certaine puissance à la couleur il faut dans ce cas rester modeste en terme d’épaisseur d’enduit et travailler en couches plus fines superposées.

la couleur est mixée à l’enduit et posé avec des spatules.

Enduit posé sur une couche de peinture encore fraîche.

Enduit posé sur une couche de peinture fraîche pour obtenir des effets de mélange vers une teinte claire.

Il est possible bien sûr de combiner les deux méthodes, commencer par travailler une partie du fond en posant l’enduit directement puis de continuer par l’application de couches colorées.

Derniers détails, l’emploi de l’enduit gras n’empèche pas d’utiliser les médiums à peindre pour obtenir une pâte plus onctueuse. Les instruments se nettoient à l’essence de térébenthine, au white spirit sans problème. Pour conserver dans les meilleures conditions le pot d’enduit, il suffit de mettre de l’eau sur la pâte avant de remettre le couvercle plastique.

L’atelier de nu.

Je vous ai déjà parlé de l’atelier de modèle vivant que je suis une fois par mois. Aujourd’hui, nous avons ouvert notre première session de l’année. À cette occasion je ne peux résister à l’envie de vous présenter le petit groupe que nous formons.
Il faut que vous sachiez surtout que sur 7 participants, il y a 6 femmes et un seul homme. Et par évidence, le seul homme, c’est moi! J’entends déjà les réflexions de ceux qui vont me plaindre et de ceux qui vont m’envier. Pour ma part je me sens en excellente compagnie. C’est un réel plaisir que de crayonner dans cette ambiance toute féminine. J’apprécie beaucoup la capacité des femmes à rester concentrées sur leur sujet, et aussi cette facilité qu’elles ont à exprimer leurs émotions sans arrière pensée. C’est dans une très bonne ambiance, ou chacun et chacune s’encourage sur des poses aux raccourcis dificiles, que sont vécues les 3 heures de dessin. Et ce n’est pas la pose café avec les petits gâteaux qui perturbe l’intensité de la matinée. De toute façon, notre intervenante Élysabeth Ribéra est là pour aiguillonner la créativité du groupe. Élysabeth, se reconnait facilement, à ses mains. Des doigts, la plupart du temps plein de peinture. Je la soupçonne, comme les enfants de tripatouiller la couleur sur la toile avec ses “petites” mains.



 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour en venir au dessin et aux résultats.

En reprenant quelques esquisses très rapides, j’ai combiné plusieurs poses sur un même support papier. L’idée n’était pas d’en faire une représentation très figurative et figée, mais plutôt d’en exprimer le mouvement en jouant avec des transparences. Sur le papier, j’ai superposé des jus très liquides de peinture acrylique. À certains stades, je suis revenu avec du blanc de titane pour recouvrir ou estomper des parties de couleur qui ne me plaisaient pas ou qui devenaient trop présentes. Pour finir, avec des spatules métalliques semblables à celles qu’utilisent les carrossiers, j’ai déposé de fines couches ici et là de Gesso afin de créer de la matière et des zones presque opaques.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En “live” et dans un esprit plus léger, quelques essais à l’aquarelle.

L’inconvénient de l’aquarelle, lors d’une séance de poses courtes, est son temps de séchage. Bien que l’aquarelle impose de fait, de jouer avec le blanc du papier, j’ai constaté combien il fallait ici ne pas trop surcharger en couleur son travail. Le “timing” ne permet pas une absorption suffisante de l’eau pour diriger la couleur là ou on le souhaite. Il faut accepter une grande part de hasard… s’en accomoder et même plus, utiliser l’apparition de “l’aléatoire”. La magie de l’eau en quelque sorte!



Les esquisses à l’encre de chine et au pinceau, du fait de lavis réalisés à partir d’un seule couleur (le noir), ne posent pas les mêmes problèmes. Il suffit de faire attention aux zones très humides qui peuvent attirer des coups de pinceaux trop chargés en encre. Au pire, on obtiendra à certains endroits une valeur de gris trop foncée mais pas un mélange disharmonieux comme en aquarelle. Le crayon gras aquarellable “Swan Stabilotone” est un médium intéressant et facile à mixer avec de l’aquarelle ou de l’encre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je terminerai mon “blabla” par 2 ou 3 dessins au fusain. Un autoportrait (il n’y a pas grand chose à dire), un nu féminin que j’ai réalisé avec fusain en bâton et fusain en poudre…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

… et un portrait au fusain que je n’ai pas pu finir à l’atelier. Le temps m’a manqué pour travailler la ressemblance. Et bien sincèrement, le modèle ne ressemble pas à mon dessin. Sans modèle, ne pouvant inventer ce que je n’avais plus sous les yeux, je me suis attaché à rendre ce portrait le plus crédible possible. Mon intention était d’en faire non pas un personnage inventé mais un personnage réellement vivant. Je laisse le résultat à votre entière appréciation.