Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais j’ai toujours un sentiment partagé lors de la disparition ou de la rénovation des vieux quartiers dans une ville en pleine urbanisation.

Quelques maisons au pied des grandes tours.
La présence de quelques vieilles maisons nichées au pied de tours m’évoquent toujours ces batailles épiques que mènent certains petits résidents face aux grands promoteurs. Connaissez-vous le dessin animé “Là-haut”. Un petit pavillon de banlieue, cerné de toutes parts de tours en construction. Un grand-père bougon, solitaire et malheureux finit par s’envoler avec un enfant en accrochant sa maison à une multitude de ballons multicolores. Les histoires du “petit” contre “le géant”, de “l’ancien” contre “le moderne” font sans doute partie des conventions que l’on aime se raconter à tout âge. Ici, on sent le combat perdu d’avance. Inexorablement, les tours aux grands pieds avancent. Avec leurs façades de verre aux reflets gris acier, elles surplombent de leur superbe la misérable masure qui ose encore profiter de leur ombre. Demandez à un enfant de vous dessiner une maison. Il la dessinera comme l’une de celles-ci. Avec deux fenêtres, et une porte placée bien entre les deux fenêtres. Il tracera un toit à deux pentes en tuiles orange. Rien ne ressemble plus à un visage que le dessin d’une maison réalisé par un enfant. Les fenêtres sont des yeux, la porte est un nez et le toit forme la coiffure. Examinez la couleur des façades. Elles ont les teintes infinies et subtiles de la peau des hommes. Parfois blanches, parfois légèrement ambrées, ou jaunes, ou bien cuivrées, tachées, dépigmentées. Les fissures sont autant de rides concédées au temps. Autant de maisons, autant de personnalités.

On fait encore ses courses dasns les magasins du centre ville.
Dans leur immuable stature, les tours toutes proches font bloc, masse, tant elles se ressemblent dans leur uniformité. Ces phallus géants, symboles de la puissance d’une société virile et surexcitée, rejettent dans les ruelles alentour les petits hommes, aux petites jambes, aux petits bras, aux petits moyens. Deux mondes cohabitent parfois sans se reconnaître. L’un ne baisse jamais les yeux, l’autre ne les lève plus vers le ciel.
















































