Moleskine à l’épreuve.

Mon matériel de plein air.

Mon matériel de plein air.

Les carnets Moleskine sont connus dans le monde entier et immédiatement reconnaissables. Un simple rectangle noir aux angles arrondis, un élastique qui retient les pages, une pochette interne qui collecte tout ce qui mérite d’être conservé. Ce carnet Moleskine est aujourd’hui le riche héritier et le successeur de carnet des artistes et intellectuels des deux siècles derniers : de Vincent van Gogh à Pablo Picasso, de Ernest Emingway à Bruce Chatwin.

Justement ce carnet était le préféré de Bruce Chatwin et c’est lui qui lui donna le nom de “moleskine” (toile de coton recouverte d’un enduit, mat ou verni, qui lui donne l’aspect du cuir qu’elle imite). Au milieu des années 1980, ces carnets deviennent extrêmement rares. En 1986, le fabriquant, une petite entreprise familiale de Tours, ferme ses portes. “Le “moleskine” n’est plus. En 1997, un petit éditeur Milanais fait renaître ce carnet légendaire et choisit ce nom littéraire “Moleskine” pour créer la marque et renouveler une tradition extraordinaire.

Vaucluse - Bedoin, chez Françoise et Pierre.

Vaucluse – Bedoin, chez Françoise et Pierre.

Ces carnets sont très agréables à utiliser, tant pour les pochades à l’aquarelle que pour les croquis sur le vif. Je les utilise surtout à l’extérieur lorsque je circule et que je ne veux pas passer trop de temps au même endroit. J’ai organisé mon équipement de façon à être opérationnel rapidement et n’importe où. Dans un sac à dos léger, j’y ai fourré un carnet A4 pour l’aquarelle et un autre pour le croquis. Un siège tripode repliable, super léger, côtoie une boîte d’aquarelle basique. Dans un autre compartiment du sac, j’emporte une bouteille d’eau de 50 cl avec un pot rétractable. Une trousse avec crayons, feutres, deux pinceaux de voyage et une pince, complète mon matériel. Sans oublier une planchette en contreplaqué que je pose sur les genoux et qui me sert de table à dessin…en quelque sorte.

J’ai retenu de ces séances en plein air, qui ne dépassent pas une heure d’activité pour un “spot”, qu’il convient de bien se vêtir même si le temps paraît clément. L’immobilité dans le courant d’air d’une rue finit tôt ou tard par devenir gênant et à affaiblir la concentration. Et, si j’ai un conseil à donner à ceux qui peignent dehors, surtout en milieu urbain, c’est de s’installer dos contre un mur ou au meilleur endroit possible qui permette de voir immédiatement qui que ce soit qui vienne vers eux. Ne pas être surpris est un gage de sécurité. Enfin, ne laissez rien d’important (papiers, portefeuille…) dans votre sac à dos qui traîne à vos pieds. En cas de vol à l’arraché vous seriez bien empruntés pour réagir rapidement avec tout votre matériel sur les genoux. Après tout ça, enjoy !!!

Work in Vaucluse.

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Vaucluse - Bedoin - Maison de Bernadette et Georges aux Colombets.

Vaucluse – Bedoin – Maison de Bernadette et Georges aux Colombets.

Je ne ferai pas trop de commentaires sur mon travail d’aquarelle effectué dans le Vaucluse au mois de septembre. Une partie du résultat est là, présenté sous forme de reproductions. Je m’attendais à un paysage desséché par la chaleur cumulée des mois de juillet et d’août. Étonnement de ma part. Tout y était très vert, beaucoup de vert, trop de vert à mon goût, puisque le vert est une couleur pour laquelle j’ai peu d’affinités. C’est un comble pour quelqu’un qui passe son temps à peindre à l’extérieur et le plus souvent dans des paysages noyés de verdure…et qui considère les arbres avec la meilleure intention.

J’ai entamé la réalisation de grands dessins au fusain “on live” dans lesquels je me suis jeté et régalé, en essayant de leur donner un petit aspect “fantastique”. C’est au moins ma meilleure satisfaction picturale de ce séjour dans le Vaucluse.

En parallèle à cette galerie aquarelles/dessins, j’ai pas moins réalisé une vingtaine de pochades couleur et une quinzaine de croquis sur mes carnets “Moleskine”, que je présenterai sur le blog la prochaine fois.

Peintures août 2015

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J’avais un peu délaissé l’actualisation de ce blog au profit de publications plus quotidiennes sur Facebook. Voilà une mise à jour des principales réalisations produites ces dernières semaines. Ceux qui me suivent sur Facebook y trouveront pêle-mêle des nouveautés et des choses déjà publiées. Pour  vaincre ma hantise des perspectives et des paysages urbains, j’ai fait une approche “minimale” en aquarelle sur les avenues de New-York. Tentative à demi-réussie pour ma part. Pour me changer la main (tout comme on fait un “trou normand” avant de poursuivre avec entrain un bon repas), le dessin de portrait en frand format et de manière “réaliste” est un travail dans lequel je me sens plus à l’aise. Enfin, et pour finir en diaporama, mes habituels paysages à travers quelques aquarelles dont certaines sont réalisées dans un format “miniature”.

Ceux qui sont sur Facebook, peuvent me retrouver sous “Serge San Juan” et aussi sur le groupe “Art entre Amis”. Un groupe que je suis en train de constituer réunissant des artistes peintres professionnels, amateurs ou débutants.

Fusain sur papier Ingres - format 50x65 cm

Fusain sur papier Ingres – format 50×65 cm

Fusain sur papier Ingres - format 50x65 cm

Fusain sur papier Ingres – format 50×65 cm

Aquarelle papier Arches - format 36x48 cm

Aquarelle papier Arches – format 36×48 cm

Aquarelle papier Arches - format 36x48 cm

Aquarelle papier Arches – format 36×48 cm

Aquarelle papier Arches - format 36x48 cm

Aquarelle papier Arches – format 36×48 cm

Femmes artistes

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Suzanne Valadon
(1865-1938)
1-valadon

Fille naturelle d’une blanchisseuse, Suzanne Valadon devient acrobate de cirque en 1880, jusqu’à ce qu’une chute mette fin prématurément à cette activité. Dans le quartier de Montmartre où elle est établie avec sa mère elle a la possibilité de s’initier à l’art.
Elle devient le modèle de nombreux peintres, les observant en posant et apprenant ainsi leurs techniques. Elle est le modèle de Pierre Puvis de Chavannes, Pierre-Auguste Renoir, ou encore Henri de Toulouse-Lautrec, nouant des relations avec certains.1-valadon art
Edgar Degas remarque les lignes vives de ses dessins et peintures et encourage ses efforts. Elle connaît de son vivant le succès et réussit à se mettre à l’abri des difficultés financières de sa jeunesse, pourvoyant aux besoins de son fils, qui prendra plus tard le nom d’Utrillo. Suzanne Valadon peint des natures mortes, des bouquets et des paysages remarquables par la force de leur composition et leurs couleurs vibrantes. Elle est aussi connue pour ses nus. Ses premières expositions au début des années 1890 comportent principalement des portraits, parmi lesquels celui d’Erik Satie avec qui elle a une relation en 1893. En 1894, Suzanne Valadon est la première femme admise à la Société nationale des beaux-arts.
Son mariage, en 1896, avec un agent de change, prend fin en 1909. Suzanne quitte son mari pour le peintre André Utter. Cette union, houleuse, dure près de trente ans. À la fin de sa vie, Suzanne Valadon se lie d’amitié avec le peintre Gazi le Tatar et, poussée par cette rencontre, se remet à peindre.
Suzanne Valadon meurt le 7 avril 1938, entourée de ses amis peintres André Derain, Pablo Picasso et Georges Braque, et est enterrée au cimetière parisien de Saint-Ouen.

Marie Laurencin
(1883-1956)
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Marie Laurencin est une peintre française, portraitiste, illustratrice, graveuse et poétesse. Désireuse de devenir peintre sur porcelaine, elle s’inscrit à l’école de Sèvres et à l’académie Humbert où elle suit des cours de dessin et de gravure avec talent, notamment aux côtés de Francis Picabia et de Georges Braque, ce dernier lui faisant rencontrer en 1906 Pierre Roché qui devient alors son amant et mécène.
En 1907, Marie Laurencin réalise sa première exposition et participe au salon des Indépendants. Elle rencontre Picasso qui lui présente Guillaume Apollinaire avec qui elle mène un amour passionné jusqu’en 1912. Elle vit alors en femme libre pour l’époque, entretient de nombreuses relations.
En 1913 ses tableaux se vendent hors de France et elle expose aux côtés de Marcel Duchamp à l’Armory Show de New York. Marie Laurencin se marie en 1914 au baron allemand Otto von Wätjen, mais la Première Guerre mondiale les pousse à s’exiler en Espagne jusqu’en 1919.2-laurencin art
En 1921, le couple revient à Paris et divorce la même année. Malgré un cancer de l’estomac en 1923, elle mène une carrière très prolifique et devient une artiste reconnue, réalisant de nombreuses illustrations pour Gide et Lewis Caroll par exemple, mais aussi des décors pour des ballets comme “Les biches”.
Alors que Marie Laurencin est consacrée en recevant la Légion d’honneur en 1935 et en présentant 16 de ses oeuvres lors de l’exposition universelle de 1937, la Seconde Guerre mondiale éclate. Elle continue toutefois ses portraits durant cette dure période et publie en 1942 “Le carnet des nuits”. Sa santé se fait alors plus fragile.
A partir de 1945, Marie Laurencin s’affaiblit, mais continue de réaliser plusieurs oeuvres entre différentes retraites. Elle décède en 1956 d’une crise cardiaque.

Louise Bourgeois
(1911-2010)
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Ses parents étaient restaurateurs de tapisseries anciennes. Dès l’âge de dix ans, elle commençe à aider ses parents pour les dessins des tapisseries.
En 1982, elle publiera dans le magazine d’art américain Artforum un récit illustré de photographies de son enfance et intitulé “Child’s Abuse”, dont l’esthétique est proche de celle des revues surréalistes des années 1930. Elle évoque dans ce texte un épisode devenu fondateur dans la critique qui se déploie autour de son œuvre. Au cours de son adolescence, sa jeune nounou anglaise est la maîtresse de son père et sa mère ferme les yeux sur cette relation.
Pour exprimer des tensions familiales insupportables, il fallait que son anxiété s’exerce sur des formes qu’elle pouvait changer, détruire et reconstruire. Elle commence des études d’art à Paris, d’abord à l’École des beaux-arts, puis dans de nombreuses académies, ainsi qu’à l’École du Louvre. Elle a comme professeurs des artistes comme Paul Colin, Cassandre ou bien encore Fernand Léger.
En 1937, elle rencontre l’historien d’art américain Robert Goldwater. Elle l’épouse et s’installe avec lui à New York dès l’année suivante. C’est là qu’elle entre en relation avec le milieu des surréalistes, dont la plupart ont quitté la France pour les États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale et présente sa première exposition personnelle en 1945.
Elle meurt le 31 mai 2010, à l’âge de 98 ans.3-bourgeois art
Louise Bourgeois a travaillé particulièrement sur les thèmes de l’universalité, des relations entre les êtres, de l’amour et de la frustration entre des amants ou les membres d’une même famille, ainsi que l’érotisme.
Depuis ses premiers dessins, peintures et gravures, son œuvre se centre sur le sujet de la procréation, de la naissance et de la maternité, sous la forme de “femmes-maisons”, mêlant le corps à l’architecture, l’organique au géométrique, buste en brique, maison à colonnes sur les épaules, cage thoracique en forme d’escaliers et de portes. Le fil rouge de son œuvre est le phallus (le père), qu’elle baptise “fillette” et l’araignée (la mère). L’araignée représente la mère, “parce que ma meilleure amie était ma mère, et qu’elle était aussi intelligente, patiente, propre et utile, raisonnable, indispensable qu’une araignée”. L’araignée est pour elle le symbole des tapisseries que réparait sa mère (toile de l’araignée) et de tout ce qui s’y rapporte,aiguilles, fils…

Tamara de Lempicka 
(1898-1980)
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Tamara de Lempicka est née Maria Gorska le 16 mai 1898, à Varsovie, en Pologne. Elle est la peintre polonaise la plus célèbre de la période Art déco. Brillante, belle et audacieuse, inclassable, mystérieuse et contradictoire, elle a fait de sa vie une succession de mises en scène très élaborées. Fille de Boris Gorski, un juif russe, et d’une mère polonaise, son enfance se passe dans un milieu aisé et cultivé entre Saint-Pétersbourg, Varsovie et Lausanne. En 1914, elle est retenue par la guerre à Saint-Pétersbourg où elle s’inscrit à l’académie des Beaux-Arts. Elle épouse Tadeusz Lempicki, un jeune avocat polonais en 1916. La Révolution d’octobre bouleverse sa vie et après un détour par Copenhague, elle gagne Paris. Tamara commence alors avec beaucoup de ténacité une carrière de peintre. 4-lempicka art
En 1920, à l’Académie Ranson, elle reçoit l’enseignement de Maurice Denis et à l’Académie de la Grande Chaumière celle d’André Lhote. C’est là qu’elle forge petit à petit son style qui, dans une synthèse inattendue de l’art maniériste de la Renaissance et du néo-cubisme, va coller parfaitement à son époque. L’envol de sa carrière coïncide avec sa première exposition personnelle à Milan en 1925.
En 1929, appelée par Rufus Bush, un riche américain qui lui a commandé le portrait de sa fiancée, Tamara fait son premier voyage à New York. Outre le portrait de commande, elle exécutera sur place plusieurs tableaux, dont d’intéressantes études de gratte-ciel. Elle expose simultanément en Pologne, à Paris et aux États-Unis.
Fuyant les menaces de guerre, elle s’installe aux États-Unis en 1939 où elle fait trois expositions à New York et à San Francisco chez Paul Rheinardt et chez Julien Levy. Après-guerre, son œuvre tombe dans un profond oubli jusqu’à ce que la redécouverte de l’Art déco, dans les années 1970, fasse ressurgir son nom.

Frida Kahlo
(1907-1954)
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Frida Khalo est l’une des plus grandes figures de l’art mexicain du XXe siècle. Auteur de plusieurs centaines de tableaux, dont de nombreux autoportraits, elle est célèbre pour ses toiles réalistes, qui sont le reflet de ses passions et sa souffrance, mais aussi du Mexique. Elle entre en école préparatoire en 1922 et souhaite étudier la médecine. Mais, en 1925, un accident de bus la laisse gravement blessée, notamment aux jambes et à la colonne vertébrale. Elle doit rester de longs mois alitée et porter des corsets. Pour pallier ce manque d’activité, Frida commence à peindre et sa mère lui installe un miroir au-dessus de son lit. C’est ainsi qu’elle commence à réaliser ses célèbres autoportraits, notamment l'”Autoportrait à la robe de velours”, en 1926. 5-kahlo art
En 1928, ayant recouvré presque toute sa mobilité, Frida Khalo s’inscrit au Parti communiste. Cette même année, elle rencontre le peintre très connu Diego Rivera et lui montre quelques-uns de ses tableaux. C’est le début d’une histoire d’amour tumultueuse. En 1929, ils se marient et s’installent l’année suivante à San Francisco, où Frida rencontre de nombreux artistes. Mais elle subit deux fausses couches en 1930 et 1932.
En 1938, Frida Khalo rencontre André Breton à Mexico. Grâce à lui, cette même année, elle peut exposer ses oeuvres dans la galerie de Julien Levy, à New York. Elle vend de nombreux tableaux. En 1953, une première exposition de son oeuvre est organisée à Mexico. Mais durant l’été, on doit lui amputer la jambe droite.
Elle meurt en 1954 à 47 ans et laisse des oeuvres importantes telles que “Quelques petites piqûres”(1935), ou encore “La Colonne brisée” (1944).

(Source des textes Internet)

Portraits d’artistes

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Auguste Renoir
(1841-1919)
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Auguste Renoir privilégie les portraits et les nus, influencé notamment par les tableaux d’Eugène Delacroix. Il s’inspire aussi tout au long de sa carrière des oeuvres de Raphaël, de Fragonard, de Courbet et de Manet. Il compte parmi les plus grands représentants du mouvement impressionniste français. Renoir commence comme apprenti dans un atelier de porcelaine. En 1862 à l’école des Beaux-Arts de Paris, il côtoie de grands noms comme Monet, Bazille et Sisley, avec qui il se lie d’amitié. Dès la fin des années 1860, il peint régulièrement en plein air, dans la forêt de Fontainebleau. Cette habitude marque particulièrement son style et ses sujets.
renoir-8-bis C’est en 1877, alors qu’il expose depuis plusieurs années déjà au salon des impressionnistes, qu’il réalise son célèbre tableau “Le Bal du moulin de la Galette”. Après une période de pauvreté, il revient petit à petit vers le portrait et connaît un immense succès en réalisant le “Déjeuner des canotiers”. En 1890, trois ans après les “Grandes Baigneuses”, il épouse Aline Charigot. Il est atteint pour la première fois, en 1898, de rhumatismes aigus, maladie qui sera le calvaire de la fin de sa vie. De 1905 à 1909, sa maladie s’aggrave et il décide de se fixer définitivement dans le Midi. Il poursuit inlassablement son travail, ne pouvant plus peindre qu’en faisant attacher les pinceaux à ses poignets. Il meurt en 1919, reconnu et comblé. Il est le père de cinq enfants, dont Jean Renoir, célèbre réalisateur et scénariste français.

 Henri de Toulouse-Lautrec
(1864-1901)lautrecConsidéré comme l’une des sources du mouvement expressionniste, on ne peut saisir la violence d’expression de l’art de Toulouse-Lautrec sans tenir compte de sa vie, entièrement commandée par son infirmité.
Deux fractures des jambes le laissent infirme, il a quatorze ans, il ne grandira plus. Ce drame fait naître en lui le besoin d’expression d’une violence qui constituera son art. Très doué pour le dessin, il reçoit les conseils du peintre animalier René Princeteau et commence par peindre des scènes hippiques et militaires.lautrec-2-bis
Arrivé à Paris en 1882, il rencontre Émile Bernard et Van Gogh, avec lequel il se lie. Montmartre dont le monde le fascine, le voit des nuits entières au Moulin Rouge, au Moulin de la Galette, au Mirliton (le cabaret d’Aristide Bruant), crayonnant les silhouettes de la Goulue, de Jeanne Avril ou de Valentin le Désossé.
Toulouse-Lautrec ne trouve pas seulement son inspiration au cabaret, mais aussi au champ de course, dans les maisons closes, au palais de Justice et dans les hôpitaux.
L’alcoolisme et la syphilis viennent à bout de sa santé fragile en 1901, date à laquelle il se trouve paralysé. Il meurt le 9 septembre 1901 à l’âge de 37 ans et laisse inachevée sa dernière composition.

Eugène Delacroix
(1798-1863)delacroix

Eugène Delacroix est un peintre français de la première moitié du XIXe siècle, considéré comme l’un des précurseurs du mouvement romantique. Portraitiste, peintre d’Histoire et de natures mortes, paysagiste et animalier, Eugène Delacroix se veut être l’égal des grands maîtres qui firent de la peinture une encyclopédie de l’homme et de la nature. De Pierre Guérin son professeur aux Beaux-Arts, il reçoit un enseignement classique. Pour compléter sa formation, il demande à Rubens, aux vénitiens, à Constable de lui enseigner les principes de l’expression par la richesse de la couleur et de la résonnance des ombres. delacroix-5-bisUn voyage au Maroc lui révèle l’Orient en 1832. dans ses œuvres de jeunesse, la composition tourbillonnante qui traverse le tableau n’obéit à d’autre loi que celle de la vie, et l’intensité dramatique ne recule pas devant l’outrance des moyens. À l’âge mûr cependant il tend à intégrer l’expressionnisme romantique dans l’art réglé des classiques. Ces tendances l’amènent à demander des inspirations à la culture antique dans ses grandes décorations des Bibliothèques du Sénat, de la Chambre des députés et du Louvre. La chapelle des Saints-Anges, peinte à Saint-Sulpice est son testament artistique et philosophique.


Pierre Bonnard

(1867-1947)
bonnard

La personnalité de Bonnard s’est façonnée entre la fin de l’impressionnisme, le mouvement nabi dont il est l’un des principaux artisans, pour ensuite s’affranchir de tout courant artistique et de toute convention développant une image très personnelle. Il se fait remarquer en 1905 au salon d’Automne de Paris, par l’exubérance de sa peinture, à la manière des fauves et dans la lignée de Gauguin. En 1926, il acquiert sa villa au Cannet (Alpes maritimes) et voyage de moins en moins. Sa femme lui sert de modèle ainsi que tous les paysages qui l’entourent. L’entrée en guerre l’affecta, mais il sut garder la peinture en exutoire. Elle acquit une gravité nouvelle, même extrêmement lumineuse.bonnard-6-bis
En 1942, il perd sa femme Marthe, très affecté, il vit alors solitaire. Cet évènement sera un tournant dans son œuvre, elle devient alors empreinte de tristesse. Il décède au Cannet le 23/01/1947 chez lui.
Sa mort aura été comme sa vie, d’une discrétion exemplaire. Le monde peint par Bonnard a quelque chose d’originel, de pur : couleurs chatoyantes et immaculées, beauté primitive des formes, comme si la civilisation et le mal n’avaient pas encore sali le monde. On retiendra de pierre Bonnard des tableaux empreints de vie à l’image de l’Amandier en fleur (1946), son dernier tableau.
Sous une apparence de tranquille simplicité, l’oeuvre de Bonnard se révèle complexe, pleine de nuances et comme détachée du temps.

Auguste Rodin
(1840-1917)
rodin

C’est le sculpteur à l’origine de la sculpture moderne. En 1857, il tente le concours d’entrée pour l’Ecole des Beaux-Arts, soutenu par ses professeurs qui ne tarissent pas d’éloges quant à son talent. Il réussit l’épreuve de dessin, mais échoue à plusieurs reprises pour celle de la sculpture. Afin de pouvoir vivre, il travaille et apporte ses services dans des ateliers de sculpteurs.
Il rencontre en 1864 une jeune ouvrière couturière, Rose Beuret, qui lui sert de modèle. Pendant plus de 50 ans, Auguste Rodin partagera sa vie avec Rose, mais ne l’épousera qu’en 1917, peu de temps avant leur mort à tous les deux. Auguste Rodin a eu plusieurs relations en parallèle, la plus connue étant celle qu’il a entretenue avec Camille Claudel, qu’il rencontre en 1883. Leur relation artistique et amoureuse dure plus de 10 ans. Son amour passionnel pour le sculpteur se termine dans un internat psychiatrique, dans lequel elle meurt en 1943.rodin-4-bis
Rodin illustre les Fleurs du mal de Baudelaire en 1887, est sélectionné pour l’Exposition universelle de Paris en 1889 avec Le Baiser, est fait Commandeur de la Légion d’honneur en 1903. Il devient membre fondateur de la société nationale des Beaux-Arts et réalise le monument en hommage à Victor Hugo pour le Panthéon de Paris. Claude Monet et Paul Cézanne sont ses plus proches amis et collaborateurs. En 1906, l’une de ses plus célèbres œuvres, Le Penseur, est installée devant le Panthéon. En 1910, Rodin est nommé Grand officier de la Légion d’honneur. Malgré un état de santé peu avantageux, le sculpteur reçoit plusieurs commandes, comme celle d’un monument à la mémoire des combattants de Verdun. Il finit ses jours à Meudon, le 17 novembre 1917 dans la Villa des Brillants. Rodin y est enterré auprès de Rose Beuret.

(Source des textes Internet)

Aquarelles en Lozère.

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Quand j’ai annoncé à des amis que je partais faire un petit séjour en Lozère, ils m’ont dit : “mais, il n’y a rien là-bas !”.

La Lozère, est sans doute le département le moins peuplé de France…ce qui n’est pas forcément un désavantage. Les rencontres y sont sans doute plus vraies, plus fortes. Il n’en demeure pas moins que la région entre gorges et causses, possède un attrait touristique évident. Ce département est constitué de quatre régions naturelles qui suivent la division géologique. La Margeride, l’Aubrac, les Cévennes et les Causses formant autant de panoramas avec chacun des caractères très originaux. Pour un premier séjour de peinture et de durée limitée, il m’a été difficile de prendre la bonne mesure des paysages. Un site, est un ensemble de formes, de couleurs, de mouvements qui forment une ambiance particulière qu’il faut rendre par d’autres formes, d’autres couleurs, et du mouvement. On peut dire qu’un paysage a son expression propre. Et la peinture doit pouvoir rendre cette expression singulière. On n’apprivoise pas un paysage, comme ça, au “débotté” par quelques artifices bien placés. Il faut comprendre la nature géologique, l’originalité floristique ainsi que la particularité météorologique d‘un endroit pour en traduire l’ambiance. La Lozère, par ses contrastes paysagers est un régal pour le peintre. Le travail d’apprentissage sur la matière karstique, la conquête des lumières incessamment fuyantes, sont autant de challenges à relever. Le fond des gorges du Tarn et le Causse Méjean ont principalement guidé mes choix d’aquarelles. Le monde minéral et hydraté d’en bas, disputant son royaume de l’ombre à celui d’en haut fait de vallonnements dénudés, survolés d’un ciel à l’étendue infinie.

Un peu d’eau…

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On le sait, la Bretagne n’est pas la région idéale pour trouver du beau temps. Pourtant, dans le Morbihan, au mois de mai/juin, j’y ai souvent vécu de belles journées douces et ensoleillées. Cette année 2015 aura donné raison à tous ceux qui pensent que cette région est d’une beauté exceptionnellle en regrettant qu’elle soit en même temps située sous un immense nuage d’eau. En septembre dans le Vaucluse, pendant quatre semaines, il m’arrive de peindre chaque jour. Je parviens alors à produire une trentaine d’aquarelles. Le nombre n’est certes pas facteur de qualité, mais participe à l’apprentissage.
Cette année, le Morbihan ne m’aura pas favorisé. Journées infiniment pluvieuses, ou averses fréquentes, imprévisibles, auront été mon lot durant un mois. Un comble pour l’aquarelle de ne pas pouvoir profiter de la moindre goutte de pluie. Impossible de sortir une feuille de papier sans qu’elle se gondole sitôt franchi le pas de la porte. Il m’aura fallu jongler avec cette météo capricieuse, jouer au plus rapide en limitant ma présence sur le terrain pour réaliser une douzaine d’aquarelles.

Ce mauvais temps m’aura permis de réaliser quelques interprétations à partir d’aquarelles faites en live. Simplification des détails, travail sur l’ensemble, couleurs fondées davantage sur un ressenti personnel que sur une chromie réaliste.

Au fond d’un étang, dans un recoin inaccessible, j’ai découvert une confusion d’arbres et de branches fusionnant dans une eau noire. Une sorte de forêt vierge inexplorée, complexe. Le refuge de quelques bêtes à la recherche de tranquilité à en croire les traces relevées aux abords de la mare. L’ambiance était “glauque” à souhait, suintant l’humidité de toute part. Bactéries et champignons faisaient leur œuvre. Tout ce qui faisait “bois” se revêtait d’une couche verdâtre de pourriture. Aussi mystérieuse et profonde que la surface d’une laque noire, la mare rejetait de temps à autre un “rôt” à l’aide de quelques bulles venues de ses entrailles. Le motif était complexe, mais c’est avec délectation que j’ai aimé m’y aventurer…picturalement bien entendu.

Les gens pensent souvent qu’un paysage connu pour sa beauté, ou un endroit touristique très visité, donc dignes d’intérêt sont des bons sujets pour un peintre. Personnellement, j’aime la banalité d’un lieu. Et plus cette banalité est forte, plus le challenge m’apparaît excitant. Mettre en évidence les aspérités d’un lieu banal, n’est pas sans déconvenue et le résultat ne fait pas forcément l’unanimité. Après la verdure, j’ai tenté d’exploiter le minéral. L’univers minéral et principalement celui des rochers demeure moins séduisant aux yeux de la majorité des gens. Les principales difficultés que j’ai pu rencontrer, sont celles de la lumière. Contrejours, lumières trop fortes écrasant les relief, tonalités uniformes. Grisailles tantôt froides, tantôt chaudes selon l’heure. Sur le plan de la construction et du dessin, il est facile de se perdre dans les nombreuses fractures de la roche. La multitude de cassures, de saignées finissent par tromper l’œil et il arrive un moment ou il faut suivre son instinct et ne pas trop tenter de coller à la réalité. Résultat un peu âpre à l’image du sujet.

Ayant épuisé mon papier Canson Montval, je me suis dirigé vers un papier Moulin du Coq, 325 gr, grain torchon, 100% cellulose. Pour ma part, je regrette ce choix. C’est un papier au grain très grossier qui absorbe très mal l’eau. La trame de la feuille très marquée dans le sens vertical laisse couler l’aquarelle avec trop de facilité. La couleur ne semble jamais pénétrer au cœur du papier. J’ai fortement peiné sur les sujets que j’ai entrepris sur ce papier qui ne correspond pas à ma façon de travailler.

 

La citadelle de Port-Louis.

Le premier pont et la première porte de la citadelle.

Le premier pont et la première porte de la citadelle.

Après avoir passé deux ponts puis deux portes fortifiées, on pénètre enfin dans l’austère citadelle de Port-Louis. C’est marée basse, mais on comprend vite l’intérêt stratégique de cette défense en bout de presqu’île. Commandant l’entrée de la rade de Lorient, l’ouvrage se présente sous un plan rectangulaire bastionné aux angles. À marée haute, la citadelle est entièrement isolée par la mer qui vient écraser ses vagues contre les hautes murailles. Pendant les guerres de la ligue, catholiques et protestants s’affrontent partout en France. Le gouverneur de Bretagne, le Duc de Mercœur expulse les protestants, partisans du futur Henri IV retranchés dans la ville de Blavet (nommée Port-Louis désormais). En 1590, trois mille Espagnols conduits par Don Juan Del Aguila viennent soutenir le duc,  mettent à sac la ville et massacrent les habitants. Don Juan Del Aguila relève les retranchements de la ville tout en posant la première pierre d’une forteresse qu’il baptise de son nom “fuerte del aguila” (le fort de l’aigle).

Avant de franchir la deuxième porte.

Avant de franchir la deuxième porte.

En 1598, le traité de Vervins met fin à l’occupation espagnole, les Etats de Bretagne demandent alors la démolition de la citadelle. Mais la destruction de celle-ci ne sera jamais complète. Deux bastions, une courtine, les piles du pont, les casernes, deux corps de garde et la chapelle restent érigés.
Après l’assassinat d’Henri IV, quelques insurgés, en juin et juillet 1610 commencent à rétablir le fort. Mais les années suivantes sont l’objet de bien des hésitations sur son édification. La citadelle est reconstruite entre 1618 et 1621, lorsque Louis XIII décide de donner à Port-Louis le statut de ville royale. L’aspect actuel de la citadelle date de cette époque et malgré les apparences, on doit peu de chose à Vauban si ce ne sont les édifices construits dans la basse-cour (arsenal et parc à boulet) à une date plus tardive.

Le plan de la citadelle. Une inspiration des fortifications Vauban.

Le plan de la citadelle. Une inspiration des fortifications Vauban.

En 1666, la Compagnie des Indes Orientales s’implante dans la rade de Port-Louis. La ville de Lorient se crée à cette époque, et la citadelle, comme poste avancé dans la défense de la rade est considérée comme une protection suffisante contre une attaque venue de la mer. Les quelques modifications qu’elle subit pendant cette période lui permettent de soutenir un siège : citernes, puits et jardins potagers sont aménagés au XVIII ème siècle.

Jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale (elle est contrôlée par les Allemands de 1940 à 1945) la citadelle sert à la défense de la rade, puis elle est affectée à la surveillance du trafic maritime. Les derniers militaires quittent les lieux en 2007. Aujourd’hui, la citadelle abrite le musée de la Compagnie des Indes, le musée de la Marine, le musée des Armes, la donation Franck Goddio dédiée aux “Trésors des Océans”, ainsi qu’un important espace dédié au sauvetage en mer.
Le long des murailles, sur les bastions du fort, les goélands ont élu domicile et nichent en toute quiétude, sans se préoccuper des visiteurs. Les voiliers en fin d’après-midi, tirent quelques bords pour rejoindre Lorient, là-bas au fond de la rade, sous la protection superflue des lourds canons de fonte qui se décomposent inexorablement au gré des intempéries.

Le lac de Guerlédan

le barrage de Guerlédan entièrement découvert en mai.

le barrage de Guerlédan entièrement découvert en mai.


Le lac de Guerlédan à la limite du Morbihan et des Côtes d’Armor, allait être vidé afin de procéder à un minutieux examen technique du barrage du même nom. La vidange d’un lac, d’un étang ou de toute autre étendue d’eau maîtrisée par l’homme, est toujours un moment extraordinaire. La pratique attire bien toujours une foule très curieuse.

Aujourd’hui, avec une campagne media d’importance nationale, plaçant l’assec du lac sous le signe d’un événement exceptionnel et rare, il fallait vivre hors du temps pour ignorer la chose. L’idée de barrer le canal de Nantes à Brest au niveau de l’écluse de Guerlédan est imaginée dès 1921. Il faudra près de dix ans pour édifier le barrage et son inauguration se fera le 12 octobre 1930. Ainsi formé le lac stoppe l’activité des carrières de schiste et immerge les abris de carriers, de nombreuses écluses (17) et plusieurs maisons d’éclusiers. Depuis son inauguration, le lac avait été mis à sec par deux fois. En 1975 et 1985, plus deux millions de visiteurs s’étaient pressés pour découvrir la vallée engloutie.

En avril de cette année 2015, l’ouverture des vannes est décidée. L’eau s’écoulera pendant un mois jusqu’à l’assec complet du lac au mois de mai. Le Blavet retrouvera son lit ancestral et la vallée de Guerlédan se découvrira figée par trente ans de silence et d’obscurité.

Avant d'emmener des visiteurs, notre guide inspecte le circuit au fond du lac.

Avant d’emmener des visiteurs, notre guide inspecte le circuit au fond du lac.

L’occasion est trop belle pour visiter le site et prendre quelques immortelles photos. C’est décidé, on ira ce jour à Guerlédan. La météo nous annonçait une belle journée ensoleillée. Ça sera une belle journée bretonne, c’est à dire grisaille et petit crachin. Routes interdites, circulation automobile canalisée par des circuits aux couleurs vives, tout est organisé pour un débarquement en masse. La dimension des parkings, tracés à même les champs avoisinants (qui devaient produire il y a quelques semaines encore patates, artichauts ou céréales), ne me rassure pas plus. En cas de pluie persistante, le terrain risque de se transformer en véritable bourbier, duquel il sera délicat de sortir la voiture. À partir du parking, trouver le point de départ des visites du site est d’une facilité enfantine. Il suffit de suivre, comme un fil d’Ariane, le petit chemin bien marqué par les milliers de pédestres qui nous ont précédé le week-end dernier.

Nous ne serons que six à nous présenter à l'ouverture des visites.

Nous ne serons que six à nous présenter à l’ouverture des visites.

Le propriétaire va pouvoir récupérer son canoë...

Le propriétaire va pouvoir récupérer son canoë…

Attention danger. Les fonds sont encore très liquides et la vase atteint 1,20 mètres à certains endroits.

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La vase commence à sécher.

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Les berges encore très liquides du Blavet semblent si douces.

Des jeunes filles transies dans une cabane cubique attendent les premiers visiteurs et se présentent comme guides. Nous attendrons une petite demi-heure dans le vent, le froid et la bruine qu’un groupe se forme. Loin de la “populace” que je craignais, nous sommes six à enfiler des chasubles orange fluo marquées EDF. Une façon de ne pas perdre un visiteur au fond du lac, mais surtout le moyen de repérer les resquilleurs qui profitent des explications d’un guide sans  concéder la moindre obole. Je m’embrouille un peu avec la chasuble, les sangles du sac à dos, celles de l’appareil photo et la capuche du K-Way. À hauteur du barrage, je suis impressionné par la profondeur du site et par le degré de pente de la vallée découverte. Le niveau du marnage est marqué par une nette différence de couleur de la roche. Quarante mètres plus bas, le Blavet coule paisiblement bordé par des rives molles et brillantes chargées de vase olivâtre. Quelques arbres comme pétrifiés, tendent encore  leurs branches vers l’espace enfin découvert. Il règne un calme impressionnant, étrange.
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On n’entend aucun oiseau et nul d’entre eux ne survole la profonde dépression. La question fuse parmi le groupe : “— Et les poissons où sont-ils ?”. C’est vrai ça ! Que sont-ils devenus ? Le lac contenait 20 à 30 tonnes de poissons dont 4 à 5 tonnes de carnassiers qui ne pouvait pas survivre à cette vidange totale.

Les plus beaux spécimens, surtout les reproducteurs ont été transportés dans les plans d’eau les plus proches. Par ailleurs, plus de 200 kg de poissons de la vidange du lac, ont été vendus au public à Mûr-de-Bretagne. Une fois le site remis en eau, 13 tonnes de poissons sont prévus pour le rempoissonnement. Les pêcheurs devront attendre 2 ans avant de plonger leur ligne dans les eaux de Guerlédan. Notre jeune guide nous abreuve de chiffres. Tant de tonnes de ciment pour le barrage, tant de milliers de kilowattheures gagnés en énergie, et une énumération de dates des “temps anciens”. Autant de précisions que ma mémoire oublie immédiatement puisque tout ce qui ressemble à un chiffre m’est particulièrement indigeste. Moi, ce que je veux, c’est descendre au fond du “puits”. Là-bas, au plus proche de l’humide qui scintille. À pas comptés, nous descendons vers le Blavet en contrebas par un chemin en forte pente. Je félicite la guide pour le tracé du circuit. Celle-ci me réplique que tous les chemins visibles et notamment celui que nous empruntons, datent de l’époque à laquelle les habitants se rendaient dans la vallée. L’eau n’a fait que conserver en l’état tous les sentiers existants.

Le bateau langoustier coulé pendant la guerre par la RAF.

Le bateau langoustier coulé pendant la guerre par la RAF.

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La vase se pare d’une peau reptilienne.

Au plus bas, et sur la droite, à l’entrée d’une entaille profonde dans la gorge rocheuse, une épave se dévoile mi-enfouie dans la vase. Ce bateau langoustier  qui mena une vie tranquille au gré des visites officielles, fut réquisitionné par l’armée allemande pendant la guerre, et servit à la surveillance du barrage. Attaqué par la RAF en 1943, il repose désormais par plus de 40 mètres de fond sur l’ancien lit du ruisseau de Poulham. La visite est terminée. Au “Rond Point du Lac”, nous n’en verrons pas plus.

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Le nettoyage du lac ne s’est pas fait partout avec application.

Les visites sont interdites sous le niveau de marnage du lac en raison d’une part du risque d’enlisement (plus de 1,20 m de vase liquide), et de la dégradation du site par des visiteurs pas toujours là pour profiter des paysages spectaculaires. La saison estivale séchera peu à peu les berges aqueuses du lac. De la vase craquelée, émergera une végétation rase qui s’étendra en un somptueux tapis vert tendre. Pour l’heure, nous sommes déçus et nous restons sur notre faim. Sur les recommandations d’un connaisseur, nous filons à  l’anse de Trégnaton où la vue en surplomb est magnifique. Le regard embrase un vaste panorama. Mon attention est tout de suite captée par les traces de constructions et la présence d’anciennes maisons émergées qui contrastent par leurs formes géométriques dans le paysage sirupeux. Tout est parfaitement conservé, figé dans le temps. Une dénivellation dans le terrain a créé une petite cascade qui entraîne sur quelques mètres la rivière dans une course accélérée. Ce sera le seul mouvement de vie visible et auditif au fond de la vallée. Je descends de quelques mètres pour m’approcher des anciennes exploitations d’ardoises. Les trous béants (70 m de profondeur) sont bien là, comme des bouches voraces, insatisfaites ou à la recherche d’oxygène…ou prêtes à avaler un malheureux visiteur ! D’habitude cachées sous les eaux, elles conservent toute leur mystérieuse noirceur. Et bien fou celui qui tenterait de s’y aventurer. De part et d’autre, des cuvettes retiennent encore un peu d’eau croupie. Sous l’action de la chaleur, les bords de ces petits cratères se fendent dans une géométrie inattendue. La vase étend une palette de couleurs incroyables allant du blanc au rouge comme le témoignage d’une inflammation sur une peau monstrueuse.

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Des cuvettes d’eau croupie, finissent de s’assécher.

Les légendes vont bon train à propos du lac de Guerlédan. Sa forme de dragon a sans doute contribué à enflammer les imaginations. Mais, point de village englouti ou de clocher dont on pourrait entendre parfois, par une nuit sans lune, le sombre tocsin. À propos des temps historiques certains évoqueront Konomor (VIè siècle), effrayant Barbe Bleue breton qui tuait ses épouses successives dès qu’elles accouchaient. Puis de l’horrible Hervé de Kerguézangor seigneur de Ville-Audrain et de Mûr-de-Bretagne qui au XVIè siècle, rançonnait, pillait, violait tout ce qui circulait dans la région. Il s’empoisonnera pour échapper à la justice et sa femme sera décapitée en 1570 à Rennes. Plus proche de nous, on parle aussi d’un crime dans une des maisons du lac. En 1900, un règlement de compte entre carriers de l’époque qui extrayaient le schiste ardoisier provoqua l’émoi dans la région. Un contremaître fut tout simplement saigné comme un porc et dépecé sur une planche.

Une vue générale depuis l'anse de Trégnanton.

Une vue générale depuis l’anse de Trégnanton.

Novembre 2015 marquera le début du remplissage de la retenue d’eau par le débit naturel du Blavet. Il faudra plusieurs mois avant que le lac ne retrouve son niveau habituel. La centrale hydroélectrique sera remise en service début 2016. Une fois rempli, Guerlédan retrouvera sa forme de dragon chinois et les randonneurs continueront de suivre sa berge torturée en ayant parfois l’impression de revenir sur leur pas. La base de loisirs s’animera de nouveau bruyamment. Les travaux effectués sur le barrage permettront désormais à EDF d’inspecter l’édifice en toute sérénité sans procéder à la moindre vidange. 2015 est donc un événement exceptionnel, l’année ultime pour voir une dernière fois le spectacle de la vallée engloutie. Il reste encore quelques mois pour en profiter.

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