Rencontre avec Maryl

Maryl Leberre, artiste peintre et photographe

Maryl Leberre, artiste peintre et photographe

Je m’appelle Maryl Leberre, je suis née en 1948. Je suis artiste peintre…et photographe. On me dit souvent que “peinture et photographie” c’est incompatible. Bon ! C’est comme ça ! J’ai fait l’École des Beaux Arts de Quimper. Je suis partie aux États-Unis où j’y ai vécu 20 ans. J’ai intégré “Parsons School of Design” ou j’ai eu le bonheur d’étudier la photographie avec Larry Fink à New-York puis “The International Center of Photography”, toujours à New-York.
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Ma peinture est le reflet de mes émotions elle m’aide à me connaitre. C’est une écriture très expressionniste. Sans cette émotion, cette reconstruction des corps à travers la matière n’existerait pas. L’anatomie me sert de prétexte pour faire jaillir ce que je sens de plus profond en moi. C’est une peinture difficile, sans concession, qui heurte. J’expose régulièrement, tant en France, qu’en Belgique, aux U.S.A, aussi bien mes peintures que mes photos. Je participe également à des expositions collectives.Mais tous les 2 ans, je fais une expo personnelle dans ma galerie-mère, la galerie Marie Vitoux dans le Marais à Paris. Là, il me faut environ une quarantaine de nouvelles toiles parmi lesquelles choisir pour l’accrochage. C’est un gros boulot. Mes parents ne m’ont jamais encouragé à me diriger vers cette activité. Par contre, ils ne m’en ont jamais empêché non plus. Ce qui est plutôt bien ! Je pense que ce goût pour l’art me vient principalement de ma mère plus que de mon père. Bien que ce dernier ait eu quelque talent vocal. Ma mère, dans sa jeunesse brodait des costumes traditionnels bretons. J’ai dû hériter de sa passion pour la couleur, la matière et son énergie pour créer. ssj-maryl-02Et si c’était à refaire… je referais pareil à cette nuance près que je me lâcherais davantage. C’est vrai, en vieillissant, on se rend compte de tout ce vécu que l’on a accumulé. Et c’est si difficile d’en profiter, de le faire ressortir. Oui ! C’est ça, se lâcher ! J’aimerai aller plus loin en peinture, tenter plus. Mais ça demande un effort énorme. Sortir de ses habitudes c’est si important. Je ne veux pas me contenter de refaire ce que j’ai déjà fait et que je réussis “que je suis sûre de réussir” à tout coup. Parfois j’ai des amis qui me disent à propos d’un détail sur mes peintures, “tiens, ça c’est bien, tu devrais refaire comme ça !”. Mais, ça ne m’intéresse pas de capitaliser sur ce que j’ai déjà fait et qui est réussi. C’est si facile de s’enfermer dans un systématisme. J’ai envie d’aller au delà, de profiter même de certaines erreurs pour prendre des chemins que je n’ai pas explorés. Si j’étais maître du monde… ce que je ferais ? Franchement, je ne sais pas. Je n’ai pas de réponse ! Il faudrait éduquer les gens, pour qu’ils apprennent à se connaitre, …que les enfants puissent donner vie à l’art qu’ils portent déjà en eux car après l’école maternelle ils doivent l’étouffer.
Merci Maryl

http://maryl.net
http://marylleberre.blogspot.com

Exposition en cours

PASSEURS DE L’ART CONTEMPORAIN
Nouvelle Génération
peintures – sculptures
du 13 décembre 2012 au 12 janvier 2013
vernissage le jeudi 13 décembre à partir de 18h
Galerie Marie Vitoux 3, rue d’Ormesson
Place Sainte-Catherine
75004 Paris

Les ombres du passé

Un petit village dans les Alpes de Haute Provence. Presque une ruine. Quelques maisons se donnent le coude par solidarité pour ne pas s’effondrer ensemble. 

La place du village avec sa fontaine à l’eau fraîche

La ville la plus proche est à dix kilomètres à travers une petite route de montagne sinueuse. Largement ouverte sur une vallée lumineuse, une modeste place s’orne de deux marronniers et d’une fontaine à l’écoulement aléatoire.Trois vieux sont là. Ils constituent l’âme du village. Ce village, ils en connaissent chaque caillou, chaque courant d’air, chaque craquement. Ils y sont nés !  Depuis près de 85 ans, leurs galoches ont lustré le pas de toutes les portes des maisons. Les visiteurs sont rares ici. Parfois quelques touristes fourvoyés par leur carte IGN ou en mal d’exotisme aterrissent sur la place. C’est un événement. Le village doit compter en tout et pour tout six ou sept résidents permanents. Pas facile de croiser les conversations.

Albert et son frère Pierre, célibataires, ainsi que Roger veuf depuis peu.

Albert est le plus jeune des trois petits vieux, le plus facétieux aussi.

Alors, les vieux se réunissent sur le seul banc exposé au soleil et soignent tout autant leur mélancolie que leurs rhumatismes. On fait remonter les souvenirs des entrailles du passé. On parle du temps d’avant, du temps ou les moutons envahissaient le village. Du temps ou près de 150 personnes vivaient là. On parle de son mal, aujourd’hui plus supportable que la veille, de l’avenir qui va aller forcément beaucoup moins bien. En un mot, on soigne sa misère en faisant passer le temps bon an, mal an. Car de la misère il y en a. Celle de la solitude, pour ceux qui n’ont pas pu trouver de compagne acceptant de vivre “là-haut”. De la tristesse, de celui qui perd brutalement son épouse – laquelle savait prendre sa part de travail comme un homme – et ne peut plus par invalidité assumer sa propre existence. De la douleur physique pour une hanche qui coince, une jambe qui ne tourne plus rond et oblige à se déplacer de guingois.

Albert dans sa grange cherche le grain pour ses lapins.

Quelques moutons survivants du troupeau d’antan hantent une vielle bergerie.

Avec des petites retraites de 400€ par mois, ils ne se plaignent pas. Ceux qui ne possèdent rien, n’ont plus grand chose à dépenser. On se concentre sur le strict nécessaire et se nourrir fait partie des nécessités quotidiennes. Bien sûr me direz vous, il y a bien quelques lapins dans la grange qui seront vendus à un ami ou à une connaissance, quelques légumes goûteux au jardin, mais tout celà se paie de beaucoup d’efforts. La télévision constitue la seule fenêtre encore ouverte sur le monde. On chasse un peu, à l’affût, car se déplacer dans les ravines, grimper, descendre, courrir après la bête n’est plus trop possible. Lorsque les ombres s’allongent et avant que la faîcheur ne transperce les vénérables tricots de laine, les vieux, sans se promettre un hypothétique lendemain, se lèvent en s’aidant de leurs mains sèches et tremblantes. Dans la cuisine, unique pièce à vivre, le poêle à bois ronfle et crépite. L’éclair bleu de la télévision s’entrelace avec la lueur chaleureuse d’une antique ampoule électrique. Dans le silence de la nuit provençale, comme en écho aux paroles des trois vieux, les ombres du passé se manifestent, nostalgiques squelettes rescapés d’outre tombe.

Quand les lumières dansent ensemble.

Les résurgences du passé jouent au théâtre des ombres.

Vieilles tôles

Il ne fait pas bon se promener sur les plages Landaises cette nuit du 2 au 3 décembre 1976. La tempête sur l’océan fait rage. À l’intérieur des terres, les pins craquent et se couchent sans combattre, entièrement soumis aux vents déments venus du large. Deux navires (le cargo à vapeur Virgo, le pétrolier Apolonian Wave) s’échouent l’un à côté de l’autre sur les plages de Mimizan.

L’Apolonian Wave brisé en deux sur les plages landaises.

L’Apolonian Wave comme un sous-marin surgi de la mer.

Parti de Bayonne en direction du Portugal, le Virgo, cargo de 109 mètres battant pavillon Grec est en vilaine posture au large de Bilbao. Le capitaine met cap au nord pour fuir la tempête.
Dans des creux de 14 mètres, au large de Mimizan le Virgo est à la dérive et vient s’échouer sur la plage de Lespecier à quelques kilomètres de la petite ville balnéaire.
Grâce à l’organisation rapide des secours, le naufrage ne fera aucune victime. L’équipage quitte le navire au petit matin.
Accessible à marée basse, la cargaison du navire attire vite les convoitises. Quelques téméraires, renouant avec l’instinct de piratage de leurs ancêtres, se hissent à bord et s’emparent de quelques marchandises. Le compas du Virgo fait partie des pièces dérobées.
Le Virgo est démantelé sur place dès avril 1977. Les tronçons d’acier découpés sont expédiés en Galice pour la récupération. Un violent incendie en juillet ravage les restes de l’épave. Le vieux cargo est entièrement démonté à la fin de l’été 1977, les fonds du navire disparaissant avec le temps sous les sables.
L’Apolonian Wave est un pétrolier grec de 207 mètres en fin de vie. Il se dirige vers les chantiers de démolition Espagnols avec le minimum de carburant pour arriver à destination. C’est sans compter sur la tempête qui l’oblige à consommer plus de combustible que d’habitude. C’est la panne de machines. Le pétrolier est en perdition. L’équipage est hélitreuillé dans la journée du 2 décembre. Le navire dérive sans équipage, entrainé par les courants et finit par s’échouer lui aussi sur la plage de Mimizan à 700 mètres du Virgo.

Il était possible d’atteindre le navire à marée basse.

Après de longs mois de discussions et d’hésitations, une tentative de remise à l’océan de l’épave échoue et brise le navire en 2 parties. C’est fini pour l’Apolonian Wave, il ne quittera plus la plage et est lui aussi soumis au chalumeau pour être démoli in situ.
Des parties du Virgo resteront de nombreuses années sur le sable blanc de la plage, se consumant lentement au gré des marées, des vents salins, et des intempéries.

Les restes du Virgo hantent la plage

Les vieilles tôles, source d’inspiration pour les photographes.

J’ai retrouvé et scanné quelques diapositives que j’avais réalisées à l’époque de l’Apolonian Wave déjà brisé en deux. J’ai eu l’occasion de visiter plusieurs années de suite ce site et de saisir la lente agonie d’une partie de la structure abandonnée sur la plage. Ce sont ces histoires et ces documents qui m’ont inspiré pour réaliser les deux toiles ci-dessous qui forment un diptyque.

(Aux même dates, le Rubben, cargo panaméen est lui aussi en perdition et finit par s’échouer sur les plages Landaises à Seignosse, 60 km plus au sud.)

Vaison-la-Romaine

Vaison-la-Romaine est une localité du Vaucluse, située à quelques kilomètres d’Orange, des Dentelles de Montmirail et en vue du Mont Ventoux. Vaison s’enorgueillit de la présence de ruines romaines dans la partie basse de la ville et d’une cité médiévale sur un piton rocheux qui domine la ville.

Pas d’inquiétude, je ne vais pas vous faire un cours d’histoire, mais simplement revenir en quelques lignes sur un drame dont on a du mal à mesurer l’ampleur lorsque l’on considère les évènements à distance.

L’Ouvèze en amont de Vaison-la-Romaine

Le 22 septembre 1992, les crues d’automne gonflent de façon exceptionnelle le cours de l’Ouvèze, charmant petit torrent, qui semble bien inoffensif comme le montre mes images. Certains se souviendront sans doute des images vidéo de ce pont romain qui résiste face à l’assaut des flots emportant des tonnes de déchets, dont des caravanes. Le flux dément franchit le tablier de pierre. Les eaux atteignent alors 17 m de haut au goulet d’étranglement du pont. C’est à dire 15 m de plus par rapport au lit mineur de l’Ouvèze. Une plaque rappelle le niveau atteint par la crue, soit 2 m au dessus du tablier du pont romain. Quand on examine les lieux, il est difficile de croire qu’un tel désastre ait pu se produire. Et pourtant…La crue meurtrière de l’Ouvèze

Plaque indiquant le niveau atteint par l’Ouvèze

La flèche rouge indique le niveau atteint par la crue

La décrue apporte les premières constatations des dégâts. Une centaine de maisons et de commerces proches du pont romain sont partiellement détruits. Le camping est dévasté, les constructions situées dans le lit majeur du cours d’eau sont sinistrées voire ont disparu. Certains sites sont enfouis sous 3 m de boue. On compte 37 morts, 4 disparus et des pertes matérielles qui s’élèveront à environ 76 millions d’euros.

Le Toulourenc, petit torrent tranquille qui alimente l'Ouvèze

Le Toulourenc, petit torrent tranquille qui alimente l’Ouvèze

L’Ouvèze est alimenté en amont par des petits torrents de montagne qui ont joué aussi leur rôle dans cette crue meurtrière. Ce sont des petits cours d’eau que j’affectionne pour leur tranquillité, pour les effets de lumière qui percent leurs sombres gorges. Il y a cependant une règle que je respecte toujours, c’est celle qui incite à la prudence en cas de fortes pluies ou de violents orages. L’histoire montre que le filet d’eau au murmure apaisant peut vite se transformer en symphonie tumultueuse.

Attention à ne pas se faire prendre dans les gorges par temps d'orage

Attention à ne pas se faire prendre dans les gorges par temps d’orage

Un site tranquille ou niche le cingle plongeur

Un site tranquille ou niche le cingle plongeur

Conflans Sainte Honorine

L’hiver a ceci de particulier, c’est que les conditions météo si différentes d’un jour à l’autre, créent des ambiances lumineuses et colorées qui sont un vrai régal pour les yeux.

Conflans Sainte Honorine est une ville construite au confluent de la Seine et de l’Oise. Grâce à l’avènement industriel du 19 ème siècle, la ville connait un formidable essor. Une chaîne de touage est mise en place entre Conflans et Paris en 1855. Cela permet la remontée des péniches sur la capitale alors en plein développement urbain. Le touage sur la Seine entre Conflans et Paris, fonctionnera jusqu’en 1931. Les péniches céderont peu à peu leur place aux remorqueurs.
L’activité batelière est aujourd’hui moins dense. La ville n’en est pas moins la capitale de la batellerie et célèbre tous les ans au mois de juin la fête du “Pardon national de la batellerie”.

Chaîne de touage : une chaîne métallique, fixée à ses deux extrémités, est immergée dans le cours d’eau. Le bateau-treuil, le toueur, équipé d’un moteur à vapeur, s’agrippe à cette chaîne et peut tracter un train d’une quinzaine de péniches : les péniches vides sont placées près du toueur, tandis que celles qui sont chargées restent à l’arrière pour rigidifier l’ensemble.

Cirque Zavatta.

Le mercredi, c’est le jour des enfants. Pour moi, c’est aussi le jour ou je m’occupe de ma petite fille “of course”. C’est le jour des promenades en forêt, de la visite aux canards de l’étang du coin, de la pâte à modeler, des déguisements et tant d’autres activités que seuls les enfants nous permettent de revivre.

Les animaux campent sous les fenêtres des caravanes.


Mais aujourd’hui, ça sera le “Cirque”. J’ai toujours eu un sentiment mitigé envers le cirque. Combien de cirques se sont installés sur les places des petites villes à grand renfort de publicité diffusée par hauts parleurs. Combien de fois avons nous vu des animaux malheureux, crottés, apathiques reliés à une chaîne qu’ils semblent avoir du mal à traîner derrière eux. Deux ou trois chevaux, quelques chèvres, des lamas sont plantés là, presque oubliés sur le bitume d’un parking ou sur un bout de pelouse au milieu d’une cité grisâtre. Il est très difficile de reconnaître les bons cirques des mauvais. Beaucoup se réclament de telle ou telle enseigne au grand nom, sans en garantir réellement la qualité.

Le rouge et le jaune des couleurs du cirque Lydia Zavatta.

L’immense chapiteau pointe ses oreilles.

Malgré mes réticences, je me suis donc laissé embarquer pour le cirque Lydia Zavatta (c’est la fille du célèbre Achille Zavatta). De nombreux cirques portent le nom de Zavatta. Ce ne sont semble t-il que des loueurs d’enseignes. Le cirque Lydia Zavatta est par filiation directe le cirque à l’ancienne – le vrai –, avec grands fauves, cavalerie, numéros aériens, clowns etc…

Posez vous la question, chameau ou dromadaire?

Un œil affectueux qui ne voulait pas me lâcher.

La ménagerie est ouverte à tous, et j’ai pu constater combien les animaux paraissent sains et bien entretenus. Les animaux qui ont subi des violences, fuient l’homme. Ici, point de maltraitance ils sont calmes et sont venus vers moi, pour se faire caresser. Les cages des fauves sont dans un état de très grande propreté. Nickel chrome ! Ça ne sent pas mauvais, tout semble parfaitement organisé. Les camions semis remorques sont gigantesques et je ne vous parle même pas des luxueuses semis caravanes.

Watusi, en quelque sorte notre vache en Afrique subsaharienne.

Les cages sont nettoyées tous les jours.

Le tigre blanc

Le tigre blanc

Des camions beaux…comme des camions!

Le chapiteau était presque plein. Beaucoup d’enfants. Peu d’adultes, mais 2 ou 3 classes avec des accompagnants. J’ai beaucoup regretté l’ambiance côté spectateurs. Monsieur Loyal faisait tout pour dynamiser un public plutôt éteint. Le clown s’agitait comme un ressort pour déclencher quelques rires. Le spectacle était de qualité, bien rythmé. Les artistes enchaînaient leurs numéros avec talent et gaieté, mais les spectateurs étaient amorphes. Les petits enfants ne sont pas habitués à applaudir. Ils ne savant pas souvent comment se comporter…surtout si le cirque est pour eux une découverte. Il faut leur apprendre à apprécier, les iniitier.
Alors, que “foutaient” ces accompagnants qui avaient placé les petits en rang d’oignons dans les gradins et discutaient entre eux. Ne pouvaient-ils pas stimuler les enfants, applaudir pour leur montrer l’exemple. J’ai cru être en présence d’un public soit “blasé”, soit “lobotomisé”. À moins que surpris par le spectacle, ils en demeuraient bouche-bée. Parfois, quand c’est trop beau on en reste “baba”. C’est ce malaise qui m’a un peu chagriné. J’en étais géné pourles artistes sur la piste. J’avais beau applaudir deux fois plus fort pour montrer mon admiration, je n’entraînais pas grand monde. Monsieur Loyal non plus ne s’y est pas trompé. Entre 2 numéros, il a lâché : “Allez, les Parisiens, il va falloir être un peu plus dynamiques. Nous venons du Nord de la France, et il y avait une ambiance formidable !”

En introduisant les plus jeunes de la troupe Zavatta, ça  s’est mis à bouillonner, à crier, à danser et à chanter sur la piste. Les spectateurs ont suivi, sutout les enfants sur les gradins. C’était enfin gagné. Mais j’ai trouvé que le public était difficile ce jour là !

J’ai été particulièrement surpris par le fait que les photos du spectacle n’étaient pas interdites (sauf photos au flash toujours gênantes pour les artistes et les animaux). Hélas, je n’avais pas le mien. C’est bien connu…on n’a jamais le bon outil au bon moment ! C’est rare de pourvoir photographier un spectacle. Il faut donc signaler cette bonne initiative. Celà m’a incité à revisiter la ménagerie le lendemain pour faire quelques prises de vues.

Les chats acrobates au repos, s’amusent comme n’importe quels chats.

Steeve Caplot, plus à l’aise avec les fauves qu’avec les radiateurs.

J’ai apprécié particulièrement la disponibilité de Steeve Caplot (le dompteur) avec lequel j’ai pu discuter un peu du cirque (entre la réparation de son radiateur et la vérification des cages des tigres). J’ai goûté à la liberté de circulation dans tout l’espace du cirque.

À l’heure des jeux vidéos ou les héros renaissent après chaque partie et réussissent toutes leurs missions, au cirque, il existe des gens qui travaillent dur pour pérenniser leur art, tombent et se font mal s’ils faiblissent car contrairement aux héros ils ne sont pas d’acier inoxydable. Pour que se perpétue cette magie, il convient de bien accueillir ces hommes ces femmes et ces enfants qui forment la maison du cirque qui telle un vaisseau intergalactique au couleurs flamboyantes, se pose parfois en une nuit dans nos villes, nos campagnes pour notre plus grand plaisir.

J’espère que cette première approche en images, ne sera pas la dernière, le cirque est trop riche en symboles pour s’en contenter.
(Une dernière chose, si vous visitez la ménagerie, méfiez-vous des oies…elles sont pires que les fauves. Elles attaquent tout ce qui les approche.)

Défense de s’indigner ?

Il fait froid en ce vendredi sur le parvis de la Défense. Le temps est gris, l’air humide. L’esplanade est un espace ouvert ou les courants d’air, lorsqu’ils viennent de Paris, de Puteaux ou de Courbevoie, n’ont rien de sympathique. Depuis 15 jours les Indignés occupent la dalle entre le marché de Noël qui vient de s’installer et la Grande Arche qui domine les débats permanents. Quelques dizaines d’activistes, parfois une centaine dénoncent sans violence, par le dialogue une société aujourd’hui faite d’injustice.

Informer sans déformer les propos.

 

 

Les CRS ont volé les tentes et détruit le campement dans la nuit.

 

L’entrée du campement. La liste des courses côtoie la devise des Indignés.


Sur nous souffle le vent du capitalisme.
Pourquoi nous occupons la Défense depuis le 4 novembre!

  • Nous entendons dénoncer symboliquement le pouvoir financier en réinvestissant l’espace public pour en faire un lieu d’expression  démocratique.
  • Nous ne sommes ni un parti politique, ni un syndicat, ni une association.
  • Nous avons des idées et des positions potentiellement différentes et travaillons pour nous accorder par consensus sur un projet de société.
  • Nous appelons chacun et chacune à rejeter ce système qui nous opprime tous et à constituer ensemble une société plus juste.
  • Nous organisons des groupes de travail permettant de rédiger des propositions qui sont soumises en assemblée générale.
Les slogans sont écrits parfois maladroitement sur des cartons et s’étalent autour de leur campement. Certains sont adressés directement aux  public qui s’arrête et s’interroge.

Ne nous regardez pas comme ça, rejoignez-nous.
Les banques vous mentent, votre argent n’existe pas.
Dette publique, richesse privée…

Les échanges s’enchaînent sans discontinuer.

Pa rapport aux concentrations des Indignés Espagnols ou Américains, le mouvement peine à rassembler. Les Français ne sont pas encore au plus profond de la misère. Ils ont le menton hors de l’eau…pour combien de temps encore. Les politiciens nous annoncent des plans d’austérité en nous promettant qu’on va s’en sortir. Mais ce sont toujours les mêmes qui s’en sortent et nous payons sans cesse pour eux. 

Liberté, Égalité, Fraternité est la devise de la République Française, il devient nécessaire que ces mots qui sonnent de plus en plus faux, redeviennent des mots forts, vrais et de nouveau chargés de sens.

Vêtements, nourriture, parapharmacie, tout sera trié et rangé dans des cartons pour une utilisation quotidienne.

Après une nuit mouvementée et froide, c’est le réconfort d’un petit déjeuner chaud.

On passe en faisant ses courses, on s’informe ou on participe.

Il n’y a pas d’âge pour être solidaire.

La lecture des nouvelles d’autres Indignés, ailleurs, ensemble.

Indignée et costume cravate. Le contraste n’est peut-être que visuel.

Le bonheur d’être ensemble reste toujours aussi fort.

La jeunesse ouvre ses bras à l’avenir.

Aincourt.

Aincourt est un petit village tranquille du Val d’Oise juché sur une colline, adossé à une forêt et entouré de terres cultivées. Rien ne saurait le distinguer d’un autre village du Vexin Français, si ce n’est la présence de l’ancien centre hospitalier de la Bucaille.

Dans les années 20, la tuberculose pulmonaire est en recrudescence. En France, 10 000 tuberculeux en meurent chaque année et en 1929, 700 000 personnes en sont atteintes. En 1930 sur l’initiative conjuguée du conseil général de la Seine et Oise (aujourd’hui le Val d’Oise), et du préfet, un vaste complexe hospitalier est envisagé.
Édouard Crevel et Paul-Jean Decaux architectes, remportent le concours en proposant un projet innovant et ambitieux.

La “Maison de la Cure” sur la colline de la Bucaille est lancée.

Commencés en avril 1931, les travaux s’achèvent en juillet 1933. L’ensemble voit le jour en un temps record et s’impose comme l’un des plus grands et des plus remarquables sanatoriums du XXe siècle.


Trois pavillons sont construits, celui des hommes, celui des femmes et celui des enfants au sein d’un parc de 73 hectares. Pour améliorer la qualité de l’air une forêt de pins des Vosges est plantée afin de recréer les conditions climatiques de la moyenne montagne. Par leur implantation et leurs proportions grandioses, les 3 pavillons semblent voguer tels des paquebots sur une mer de feuillages. Les meilleurs ouvriers et spécialistes sont appelés sur le site. L’ensemble des bâtiments est réalisé en béton armé, crépi à l’extérieur. L’orientation sud-est apporte à chaque pavillon des conditions lumineuses et d’ensoleillement jamais atteintes à cette époque pour des sanatoriums.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En 1934, 150 hommes, 141 femmes et 127 enfants sont hospitalisés.
En 1936, le centre hospitalier compte 430 patients.
En 1939, le pavillon des enfants est définitivement fermé.

En pleine zone de conflit, le sanatorium d’Aincourt est contraint en juin 1940 d’évacuer ses malades et de fermer ses portes. Disséminés dans différentes régions, de nombreux patients trouvent notamment refuge dans des centres de cure en Bretagne.

Aincourt devient un camp d’internement

En octobre 1940, le pavillon Bonnefoy-Sibour (pavillon des hommes) est réquisitionné par les autorités militaires d’occupation. Le centre hospitalier d’Aincourt devient dès lors le premier Camp d’Internement Administratif de la Zone Nord.

La transformation du centre hospitalier en camp de concentration de transit, est le résultat zélé de la collaboration du gouvernement de Vichy avec l’Allemagne nazie. Aincourt emprisonnera plus de 1500 personnes pendant 2 ans à peine (du 5 octobre 1940 au 15 septembre 1942). Résistants, suspects de tous ordres, juifs, communistes considérés comme “dangereux pour la sécurité publique”, seront pour la plupart soit fusillés, soit déportés dans les camps de concentration nazis.
Après la seconde guerre mondiale, Aincourt redeviendra un sanatorium puis “Centre Hospitalier Départemental du Vexin”. Mais les normes hospitalières et les considérations économiques ont bien évoluées. Deux des trois bâtiments (le pavillon Edmond Vian et Adrien Bonnefoy Sibour) sont respectivment fermés en 1988 et 2001.

Un seul bâtiment, celui des enfants sera agrandi, rénové et maintenu en activité.

Le site et ses bâtiments aujourd’hui

Mon intention est avant tout de rendre compte en images de l’état actuel du site d’Aincourt. Il est profondément désolant de découvrir ces grands “vaisseaux” de béton dresser encore fièrement leur silhouette et offrir leur ossature à toutes sortes d’outrages.
Le pillage des lieux à été fait depuis bien longtemps et il ne reste plus rien aujourd’hui qui puisse susciter la convoitise ou offrir le moindre intérêt.
Le vandalisme a pris la relève et c’est sans doute là que se manifeste le plus visiblement la disparition des “paquebots”.


Sur les images on peut apprécier la frénésie qui anime les casseurs. Rien ne saurait survivre à leur passage. Ce qui est déjà détruit doit être réduit en poussière de plus belle manière, encore et encore, avec une rare violence.


Tags, parfois réalisés avec talent, séances de paintball, incendies (les pompiers ont utilisé le bâtiment Edmond Vian pour des exercices), il semble que tout soit fait pour effacer la mémoire des lieux.

Le scandale d’Aincourt résulte d’un “non-choix”. Destruction totale des bâtiments, réhabilitation, musée souvenir…avis et partis-pris ne manquent pas de s’exprimer sur le sujet et de parfois de façon bien animée.

Certains prétendront qu’une simple plaque commémorative suffit (une stèle fut érigée sur le site en 1994). En tout état de cause, on ne peut qu’avoir le cœur serré en découvrant ces bâtiments qui n’en finissent pas d’agoniser. Ceux qui ont souffert dans leurs murs ne tenteraient t-ils pas, à travers ce long crépuscule, de vouloir retenir encore un peu notre attention.